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Kofi Annan appelle à mobiliser d'importantes ressources au rétablissement de la paix au Libéria

Kofi Annan appelle à mobiliser d'importantes ressources au rétablissement de la paix au Libéria

Kofi Annan
La situation actuelle constitue une occasion unique de régler la question libérienne, de mettre fin à la fois aux souffrances de sa population et à un conflit qui "a été l'épicentre de l'instabilité de la sous-région", souligne le Secrétaire général de l'ONU qui insiste pour que soient mobilisées d'importantes ressources financières, nécessaires au succès de l'ensemble du processus de paix, et passe en revue les mesures à prendre pour assurer la sécurité du personnel de la future mission de l'ONU, compte tenu du récent attentat de Bagdad.

"La passation des pouvoirs du Président Taylor au Vice-Président Blah et la signature, par les parties libériennes, de l'Accord de paix global offrent une occasion unique", souligne Kofi Annan dans son dernier rapport sur le Libéria récemment présenté par son Représentant spécial au Conseil de sécurité et qui vient d'être rendu public.

Avertissant toutefois que "la voie d'une paix durable" dans le pays "reste semée d'embûches", il accorde une large place aux ressources nécessaires pour permettre aux différentes phases du processus de réussir.

En attendant le déploiement de la future mission de maintien de la paix des Nations Unies au Libéria, il estime que, "l'ECOMIL devrait recevoir un soutien logistique supplémentaire pour pouvoir s'acquitter de ses tâches, notamment l'acheminement en toute sécurité de l'aide humanitaire."

Des ressources importantes, ajoute-t-il, doivent être mobilisées, entre autre en organisant une conférence sur la reconstruction "pour aider le gouvernement de transition à exécuter des programmes de secours et de redressement, notamment le retour, le rapatriement et la réinstallation des déplacés et réfugiés."

Des mécanismes de financement prévisibles lui semblent nécessaires à "l'élimination de la culture de violence au Libéria", "condition sine qua non à l'instauration de la paix". Il juge donc "impératif de financer au moyen du budget ordinaire de maintien de la paix non seulement le désarmement et la démobilisation, mais aussi les phases initiales de la réinsertion."

"Si l'on ne s'attaque pas résolument et à temps au problème de la réinsertion, les milliers de jeunes désarmés, qui sont totalement démunis, risquent de reprendre le maquis pour devenir des mercenaires, non seulement à l'intérieur du pays, mais aussi dans une sous-région qui est déjà inondée d'armes légères et de mercenaires", prévient-il à ce propos.

Enfin "La Mission des Nations Unies au Libéria ne pourra réussir que si elle dispose de ressources financières et logistiques suffisantes", affirme Kofi Annan qui "recommande vivement que des crédits importants soient prévus dans le budget de la Mission pour l'exécution de projets à impact rapide" ainsi que "la création d'un fonds d'affectation spéciale pour financer l'application de différents aspects de l'Accord de paix qui pourraient exiger des fonds considérables" et d'un fonds d'affectation spéciale destiné à financer l'équipement et les traitements de la force de police nationale.

Il préconise enfin que l'ONU fournisse, "dans la mesure du possible", à la CEDEAO et à son Représentant spécial pour le Libéria "tout le soutien nécessaire, notamment, éventuellement, sous forme d'aide logistique et de financement des frais de personnel."

Le Secrétaire général recommande par ailleurs de "se préoccuper des interactions entre le conflit au Libéria et l'évolution de la situation en Sierra Leone et en Côte d'Ivoire et demande à tous les États Membres, et en particulier aux pays voisins du Libéria, de mettre un terme à tout appui aux groupes armés du Libéria et de veiller à ce que des groupes armés n'utilisent pas leur territoire national pour déstabiliser le pays".

"Compte tenu de l'attentat récent contre les locaux des Nations Unies à Bagdad, je considère qu'il est d'une importance capitale de soutenir le personnel dans l'exécution de ses tâches tout en limitant le plus possible les risques pour sa sécurité et sa sûreté, conformément à la position adoptée par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1502 (2003) du 26 août 2003", indique également Kofi Annan dans un chapitre consacré à cette question.

Il appuie enfin les évaluations faites par son Représentant spécial pour le Libéria, Jacques Paul Klein, en recommandant d'autoriser le déploiement d'une opération de maintien de la paix des Nations Unies pluridimensionnelle doté d'un effectif maximum de 15 000 hommes ainsi que d'une composante civile "de taille appréciable" et du "personnel d'appui requis."