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L'UNESCO à Belgrade : Le rôle positif potentiel de la presse dans des situations d'après conflit

L'UNESCO à Belgrade : Le rôle positif potentiel de la presse dans des situations d'après conflit

L'agence de l'ONU pour l'éducation, la science et la culture commémore cette année la Journée mondiale de la presse à Belgrade en Serbie et Monténégro où est discuté du « soutien aux médias dans les zones de conflit violent et dans les pays en transition ». Il y sera officiellement remis ce soir le prix décerné à Raul Rivero Castañeda, journaliste cubain condamné à vingt ans de prison alors que 25 autres journalistes, arrêtés avec lui, ont été condamnés à des peines allant de quatorze à vingt-sept ans d'incarcération.

Cette année, la Journée mondiale de la liberté de la presse est célébrée par l'UNESCO, l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, à Belgrade en Serbie et Monténégro et le thème central retenu porte sur «le soutien aux médias dans les zones de conflit violent et dans les pays en transition», indique un communiqué de l'agence.

Dans son message adressé à l'occasion de cette Journée mondiale, Koïchiro Matsuura, directeur général de l'UNESCO, a fait valoir que « des médias indépendants et pluralistes sont particulièrement importants en temps de guerre, et ils restent au moins tout aussi essentiels pendant la phase d'après conflit. »

« Trop souvent, les guerres se perpétuent naturellement : un conflit en suscite un autre, entraînant inévitablement dans son sillage la mort, la pauvreté et la destruction », a-t-il déclaré, soulignant que « des médias indépendants et pluralistes peuvent contribuer de façon significative à rompre ce cercle vicieux en permettant au dialogue de remplacer le conflit armé. »

« De surcroît, a souligné M. Matsuura, la corrélation entre liberté de la presse et développement est chose désormais avérée », un élément à garder présent à l'esprit « à l'heure où la communauté internationale cherche à réaliser le programme ambitieux inscrit dans la Déclaration du Millénaire. »

« Une presse libre n'est pas un luxe que l'on réserve pour des temps meilleurs ; elle fait au contraire partie du processus même par lequel on parvient à ces temps meilleurs », a –t-il souligné.

Il a insisté par voie de conséquence sur l'importance que revêt la formation des journalistes, « essentielle dans les situations d'après conflit, qui affectent plutôt les pays qui n'ont guère l'expérience de la liberté de la presse. »

M. Matsuura a insisté également sur la nécessaire réflexion à mener sur les « moyens de convaincre les gouvernements et autorités partout dans le monde de respecter la contribution essentielle des médias à l'édification d'une démocratie, d'un développement et d'une paix durables. »

Demain 4 mai, une conférence régionale organisée par l'UNESCO et l'OSCE donnera l'occasion à des professionnels des médias des Balkans de discuter de la situation et du rôle des médias dans les pays sortant de conflits et dans ceux en transition.

Dans les pays instables, les médias et le manque de sources d'information parallèles et crédibles peuvent sérieusement augmenter le sentiment d'insécurité des personnes, exacerber la peur et la frustration, et par conséquent intensifier la violence et déclencher un conflit, fait observer le communiqué de l'UNESCO.

Les médias indépendants peuvent agir comme catalyseur de la réconciliation, de la gestion et de la prévention à long terme du conflit en tenant compte des voix alternatives et en procurant aux citoyens les outils nécessaires à une progression vers des démocraties saines et durables et une prévention des conflits.

Le thème n'est pas nouveau pour l'UNESCO puisque, à la suite du génocide du Rwanda et compte tenu de la part qu'y ont pris les médias, l'agence a organisé une réunion d'experts sur la propagande incitative, qui s'est traduite par des recommandations visant à contrecarrer ce type de propagande médiatique.

En 2000, elle organisait une table ronde à Genève sur le rôle des médias en situation de conflits et d'après conflit et en mai 2003, naissait l'idée du thème de cette année, lors d'un séminaire qui s'est déroulé à Stockholm, en partenariat avec SIDA, qui a permis d'élaborer les grandes lignes d'un plan d'action visant à assister les médias se trouvant dans des zones de tension ou de conflits.

C'est également à Belgrade que sera officiellement remis ce soir le Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano 2004, d'un montant de 25 000 dollars, décerné le 24 février 2003 à Raul Rivero Castañeda, journaliste cubain condamné à vingt ans de prison alors que 25 autres journalistes, arrêtés en même temps que lui, ont été condamnés à des peines allant de quatorze à vingt-sept ans d'incarcération. Ces arrestations se sont produites dans le cadre d'une vague de répression dans les milieux dissidents qui s'est traduite par plus de 50 détentions.

« Au fil des années, Raul Rivero a chèrement payé son engagement, et le Prix entend récompenser la lutte permanente des professionnels des médias en faveur de la liberté d'expression, composante indispensable de la démocratie », avait alors déclaré Koïchiro Matsuura en acceptant la recommandation du jury. Il avait ajouté être «très inquiet quant aux conditions de détention de Raul Rivero, que l'on dit malade », et avait lancé un appel aux autorités cubaines pour qu'elle libèrent Raul Rivero et les autres journalistes détenus.

Le Prix qui sera officiellement remis aujourd'hui porte le nom du journaliste colombien Guillermo Cano, assassiné pour avoir dénoncé les activités des puissants barons de la drogue de son pays. Les candidatures sont proposées par des organisations régionales et internationales engagées dans la promotion de la liberté d'expression.

Les précédents lauréats du Prix mondial de la liberté de la presse sont : Amira Hass (Israël) en 2003, Geoffrey Nyarota (Zimbabwe) en 2002, le journaliste actuellement détenu U Win Tin (Myanmar) en 2001, Nizar Nayyouf (Syrie) en 2000, Jesus Blancornelas (Mexique) en 1999, Christina Anyanwu (Nigeria) en 1998, et Gao Yu (Chine) en 1997.