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Journée de la liberté de l'information à l'ONU à New York : informer ou sous informer, qui décide ?

Journée de la liberté de l'information à l'ONU à New York : informer ou sous informer, qui décide ?

Kofi Annan intervenant au Forum sur la presse
A New York, le Comité de l'information de l'ONU marquera cette journée mondiale de liberté par des débats sur le thème « Information et sous-information : qui décide? » ainsi que par la projection d'un film consacré au journaliste haïtien assassiné, Jean Dominique.

A New York, le Comité de l'information de l'ONU a marqué cette journée mondiale de la liberté par des débats sur le thème «Information et sous-information : qui décide?» ainsi que par la projection d'un film consacré au journaliste haïtien assassiné, Jean Dominique.

Au cours de la première partie de cette session spéciale, ce matin, le Secrétaire général de l'ONU, dans son allocution, a attiré l'attention sur les dangers encourus par les journalistes - dangers confirmés par les chiffres fournis par le Comité pour la protection des journalistes. Trente-six journalistes ont été tués en 2003 et au moins 17 l'ont été au cours des trois premiers mois de 2004. 136 autres ont été emprisonnés à la fin de l'année dernière.

Aussi, a-t-il déclaré, « réaffirmons-nous notre engagement en faveur de l'indépendance des médias et des conditions qui leur permettent d'effectuer leur travail en toute sécurité et sans crainte. »

Le Secrétaire général a indiqué que « l'ONU n'était pas toujours d'accord avec l'importance que la presse accordait à certains reportages aux dépens d'autres », ajoutant que cette frustration ne se limitait en aucun cas aux seuls médias, soulignant que parfois « les Etats membres accordaient une attention peu justifiée à certaines questions et une attention insuffisante à d'autres d'importance égale ou supérieure. »

« C'est dans cet esprit que le Département de l'information a publié une liste des 10 sujets dont le monde, de l'avis de l'ONU, n'entend pas assez parler », a ajouté Kofi Annan qui a évoqué le cas du Nord de l'Ouganda, de la République Centrafricaine et du Tadjikistan comme bien peu présents sur l'écran radar des médias.

Bien loin de constituer une critique ou une leçon sur la façon de faire ou ne pas faire les choses, il s'agit simplement d'une « contribution à la compétition frénétique pour des centimètres d'espace ou de temps, ou encore pour gagner les cœurs et les esprits de vous-même et de vos éditeurs », a précisé le Secrétaire général à l'intention des journalistes présents.

« Il ne faudrait pas, par nos actions et nos inactions, envoyer le message, tout spécialement aux pays et personnes dans le besoin et de bonne foi qui se battent au quotidien, que seuls le sang épanché et le dysfonctionnement complet génèrent l'attention et l'aide », a-t-il déclaré.

Le Président du Comité de l'information Iftekhar Ahmed Chowdhury, la directrice du Bureau de liaison de l'UNESCO à New York, Viviane F. Launay, et le Président de l'Association des correspondants de presse de l'ONU (UNCA), M. Tony Jenkins, lui ont ensuite succédé à la tribune.

Au cours de la table ronde qui a suivi et qu'animait Shashi Tharoor, le Secrétaire général adjoint à la communication et à l'information de l'ONU, ont participé le Président du Centre international de justice transitionnelle Alexander Boraine, le Président de l'UNCA Tony Jenkins, le Président du Comité mondial de la liberté de la presse James H. Ottaway, Jr., le chroniqueur au quotidien 'The New York Daily News' et lauréat du Prix Pulitzer E.R. Shipp et le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques de l'ONU, Danilo Turk.

Toujours dans le cadre de cette commémoration, le film de Jonathan Demme, "L'Agronome", qui raconte l'histoire d'un journaliste haïtien, Jean Dominique, devenu un héros national après s'être fait le champion des pauvres et des plus vulnérables, a été projeté en avant-première au Siège de l'ONU.

Propriétaire et directeur de la première station de radio indépendante d'Haïti, Radio Haïti-Inter, Jean Dominique a lutté inlassablement pour la liberté de la presse et la démocratie. Il a été assassiné le 3 avril 2000.