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Syrie : les dernières attaques violent les engagements pris par Damas, affirme Annan

L’Envoyé spécial conjoint pour les Nations Unies et la Ligue des États arabes pour la Syrie, Kofi Annan, s'adresse à la presse.
Jean-Marc Ferré
L’Envoyé spécial conjoint pour les Nations Unies et la Ligue des États arabes pour la Syrie, Kofi Annan, s'adresse à la presse.

Syrie : les dernières attaques violent les engagements pris par Damas, affirme Annan

L'Envoyé spécial conjoint condamne les attaques perpétrées hier par le gouvernement syrien, qui auraient fait 200 morts. Si ce bilan est confirmé, il s'agirait de l'incident le plus meurtrier depuis le début du conflit.

L'Envoyé spécial conjoint pour les Nations Unies et la Ligue des États arabes pour la Syrie, Kofi Annan, a vigoureusement condamné vendredi les attaques perpétrées hier contre un village situé dans la province centrale de Hama, attaques qui auraient fait 200 morts et constituent selon lui une violation de l'engagement pris par le gouvernement syrien à mettre en œuvre le plan de paix en six points. Si ce bilan est confirmé, il s'agirait de l'incident le plus meurtrier depuis le début du conflit il y a 16 mois.

« Je suis choqué et effaré par les informations en provenance du village de Treimsa, près de Hama, qui font état d'affrontements nourris, de pertes civiles considérables et de l'utilisation avérée d'armes lourdes – artillerie, chars d'assaut et hélicoptères », a indiqué M. Annan dans un communiqué de presse lu par son porte-parole, Ahmad Fawzi.

« Il s'agit d'une violation de l'engagement pris par le gouvernement à mettre fin à l'emploi d'armes lourdes dans les zones peuplées et à appliquer le plan de paix en six points. »

Proposé par M. Annan en mars dernier, ce plan appelle à la fin des violences, à l'ouverture d'un accès aux agences humanitaires, à la libération des détenus, au début d'un dialogue politique inclusif qui prenne en compte les aspirations du peuple syrien, ainsi qu'à un accès sans entrave pour les médias internationaux et au respect des libertés civiques de tous les Syriens.

Selon les médias internationaux, le village de Treimsa a été bombardé par des hélicoptères de combat et des tanks, avant d'être pris d'assaut par des miliciens qui ont commis des exécutions sommaires. Les victimes étaient pour la plupart civiles et, si les informations actuelles étaient confirmées, cet incident serait le plus grave et le plus violent depuis le début du conflit il y a 16 mois.

« Je condamne ces atrocités dans les termes les plus vigoureux possibles. Elle rappellent à nouveau le cauchemar et les horreurs qu'endurent les civils syriens », a déploré l'Envoyé spécial conjoint.

« Il est désespérément urgent que cette violence et cette brutalité cessent et plus que jamais important que les gouvernements disposant d'une influence l'exercent de manière plus efficace pour veiller à ce que les violences prennent immédiatement fin. »

Les observateurs des Nations Unies en Syrie ont confirmé le recours, hier à Treimsa, à des blindés, des tirs d'artillerie et des hélicoptères de combat, a indiqué le Chef de la Mission de supervision en Syrie (MISNUS), le général Robert Mood, lors d'une conférence de presse donnée hier à Damas.

« Grâce de notre présence dans la province de Hama, nous avons pu vérifier la persistance d'affrontements dans ce secteur », a déclaré le Général Mood, ajoutant que la MISNUS était prête à se rendre sur les lieux et à établir les faits, lorsqu'un cessez-le-feu crédible serait mis en place.

La MISNUS a été créée le 21 avril 2012 par le Conseil de sécurité pour une période initiale de 90 jours, avec pour mandat de contrôler le respect, par toutes les parties au conflit, de la cessation de la violence armée et de surveiller et d'appuyer l'application intégrale du plan de paix en six points de l'Envoyé spécial conjoint. Devant l'intensification des violences, les observateurs de la MISNUS ont été contraints de suspendre leurs activités à la mi-juin.

Le Général Mood a souligné qu'en dépit de cette suspension, les observateurs des Nations Unies étaient toujours en relation avec les parties sur le terrain dans différentes provinces de la Syrie.

Le mandat de la MISNUS expire le 20 juillet, et le Conseil de sécurité doit se réunir d'ici à cette date pour décider de ses éventuelles prorogation et restructuration.

Les Nations Unies estiment à plus de 10.000 morts, principalement des civils, le nombre de Syriens tués dans les affrontements et à des dizaines de milliers celui des déplacés, depuis le début de l'insurrection contre le Président Bachar Al-Assad en février 2011.