L'actualité mondiale Un regard humain

L'économie numérique peut permettre aux citoyens de contrôler le financement du développement durable (ONU)

Une réfugiée congolaise, Henriette Kiwele Kiyambi, développe une application Natural Beauty à l'App Factory du camp de réfugiés de Dzeleka au Malawi, dans le cadre du projet Connectivity for Refugee, un programme parrainé par le HCR et Microsoft.
Photo : HCR/Tina Ghelli
Une réfugiée congolaise, Henriette Kiwele Kiyambi, développe une application Natural Beauty à l'App Factory du camp de réfugiés de Dzeleka au Malawi, dans le cadre du projet Connectivity for Refugee, un programme parrainé par le HCR et Microsoft.

L'économie numérique peut permettre aux citoyens de contrôler le financement du développement durable (ONU)

Développement durable (ODD)

Un groupe de travail des Nations Unies, créé pour examiner les risques et les avantages de l'économie numérique, a conclu qu'elle pourrait avoir un impact transformationnel sur le développement durable et responsabiliser les citoyens, à la fois en tant que contribuables et investisseurs.

Le rapport, intitulé « L'argent des citoyens : Exploiter la numérisation pour financer un avenir durable », a été publié mercredi par le groupe de travail du Secrétaire général des Nations Unies sur la finance numérique.

Le groupe de travail, dirigé par Achim Steiner, chef du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), et composé de personnalités du secteur technologique, d'institutions financières, de gouvernements et d'organes des Nations Unies, a été créé par le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, en 2018, afin d'améliorer la compréhension des avantages et des risques des secteurs de la technologie financière (fintech) et de la finance numérique, qui évoluent rapidement.

Cette initiative s'inscrit dans la stratégie du chef de l'ONU visant à soutenir le financement du Programme 2030, le plan directeur des Nations Unies pour un avenir meilleur pour les populations et la planète.

Les besoins de financement pour le Programme, a déclaré M. Guterres en 2018, sont de l'ordre de 5.000 à 7.000  milliards de dollars par an. Le passage au numérique, concluent les auteurs du rapport sur l'argent dees gens ordinaires, pourrait fournir les moyens de faire face à ces coûts prévus.

« Les technologies numériques, qui révolutionnent les marchés financiers, peuvent changer la donne dans la réalisation de nos objectifs communs », a déclaré M. Guterres à l’occasion de la présentation du rapport. « Le groupe de travail sur le financement numérique des objectifs de développement durable joue un rôle moteur pour exploiter la révolution numérique ».

L'effet d'accélération de la Covid-19

Pendant la pandémie de Covid-19, la popularité des outils numériques a connu une croissance rapide et a démontré le potentiel de la finance numérique pour soulager des millions de personnes dans le monde, soutenir les entreprises et protéger les emplois et les moyens de subsistance.

Répondant aux questions d’ONU Info, M. Steiner a souligné l'effet d'accélération de la pandémie. « Les choses que nous avions prévues pour les prochaines années se sont produites en quelques semaines. La pandémie a permis aux gouvernements de se rendre compte de l'importance de surmonter les limites traditionnelles, et d'identifier et d'atteindre les plus vulnérables ».

Les transferts numériques d'argent liquide, qui ont aidé des millions de personnes au Pakistan, la connexion des écoles au haut débit, et la connexion à distance des gouvernements et des parlements par des moyens qui sont maintenant pratiques courantes, en sont des exemples, a-t-il ajouté.

L'adoption généralisée des smartphones, a poursuivi M. Steiner, met de puissants outils numériques entre les mains de plus d'un milliard de personnes, leur permettant de travailler, de se socialiser et de gérer leurs finances. Il a souligné l'importance de remodeler le système financier, afin de souligner le fait que les milliers de milliards de dollars d'investissements qui circulent dans le monde entier proviennent en fin de compte des gens ordinaires.

« Les citoyens sont les propriétaires de cette richesse, qui se compose des retraites et de l'épargne. Le groupe de travail a tenu à souligner l'idée que le citoyen est au centre de l'économie », a-t-il dit. « Les citoyens ont besoin d'une plus grande transparence et doivent avoir leur mot à dire sur la destination de leurs cotisations de retraite. Et, en plus des rendements pour les investisseurs, nous devons aussi voir les avantages d'intérêt public. La finance numérique est une occasion importante pour les citoyens de se réengager, car c'est un moyen de relever des défis majeurs, tels que le changement climatique ».

La numérisation est un choix

Le rapport identifie cinq moyens de tirer parti de la numérisation, qui couvrent une grande partie des finances mondiales.

Premièrement, les énormes sommes d'argent qui circulent dans le monde doivent être investies de manière à soutenir les Objectifs de développement durable (ODD) du Programme 2030. Les finances publiques doivent être plus efficaces et plus responsables. Les économies doivent être investies dans des projets de développement à long terme, en utilisant les outils numériques. Et il faut accroître le financement des petites et moyennes entreprises, qui sont essentielles pour créer des emplois et des revenus.

L'un des messages clés du rapport est que la numérisation, et la manière dont elle est utilisée, sont un choix et non une fatalité. Il existe des risques numériques considérables, tels que l'augmentation de l'exclusion, de la discrimination et des inégalités. Les cinq domaines d'action indiquent aux gouvernements la voie à suivre pour utiliser la numérisation pour de bon.