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Un rapport souligne les liens entre la « perte sans précédent de biodiversité » et la propagation des maladies (ONU)

Un chercheur de l'Institut international de recherche sur l'élevage (ILRI) recueille des échantillons de sérum de moutons à Horro, en Éthiopie.
ILRI/Barbara Wieland
Un chercheur de l'Institut international de recherche sur l'élevage (ILRI) recueille des échantillons de sérum de moutons à Horro, en Éthiopie.

Un rapport souligne les liens entre la « perte sans précédent de biodiversité » et la propagation des maladies (ONU)

Développement durable (ODD)

La dégradation continue de l'environnement augmente la probabilité de propagation de maladies des animaux aux humains, met en garde un rapport des Nations Unies sur la biodiversité, publié mardi.

La cinquième édition du rapport des Nations Unies sur les perspectives mondiales de la biodiversité, publié par la Convention sur la diversité biologique (CDB), fournit un aperçu faisant autorité de l'état de la nature dans le monde.

Le rapport souligne l'importance de la biodiversité dans la lutte contre le changement climatique et la sécurité alimentaire à long terme, et conclut qu'il est essentiel d'agir pour protéger la biodiversité afin de prévenir de futures pandémies.

L'étude agit comme un signal d'alarme, et un encouragement à considérer les dangers impliqués dans la relation actuelle de l'humanité avec la nature : la perte continue de biodiversité, et la dégradation continue des écosystèmes, ont de profondes conséquences sur le bien-être et la survie de l'homme.

« Alors que la nature se dégrade », a déclaré Maruma Mrema, Secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique, « de nouvelles opportunités se présentent pour la propagation aux humains et aux animaux de maladies dévastatrices comme le coronavirus de cette année. La fenêtre de temps disponible est courte, mais la pandémie a également démontré que des changements transformateurs sont possibles lorsqu'ils doivent être effectués ».

Un pangolin a été sauvé des griffes des braconniers en novembre 2017 avant d'être soigné et relâché six mois plus tard.
Photo : Tikki Hywood Foundation
Un pangolin a été sauvé des griffes des braconniers en novembre 2017 avant d'être soigné et relâché six mois plus tard.

Des objectifs décennaux manqués

L'étude de cette année est considérée comme particulièrement importante, car elle sert de « bulletin final » pour les objectifs de biodiversité d'Aichi, une série de 20 objectifs fixés en 2010, au début de la décennie des Nations Unies sur la biodiversité, dont la plupart étaient censés être atteints à la fin de cette année.

Cependant, aucun des objectifs - qui concernent la sauvegarde des écosystèmes et la promotion de la durabilité - n'a été entièrement atteint, et seuls six sont considérés comme « partiellement atteints ».

« Les systèmes vivants de la Terre dans leur ensemble sont compromis », a déclaré Mme Mrema, « et plus l'humanité exploite la nature de manière non durable et sape ses contributions aux populations, plus nous compromettons notre propre bien-être, notre sécurité et notre prospérité ».

Bien que l'absence de succès dans la réalisation des objectifs soit préoccupante, les auteurs des Perspectives s'efforcent de souligner que pratiquement tous les pays prennent actuellement des mesures pour protéger la biodiversité, sans lesquelles l'état de la biodiversité mondiale serait bien pire.

Parmi les points positifs, citons la baisse des taux de déforestation, l'éradication des espèces exotiques envahissantes dans un plus grand nombre d'îles et la sensibilisation à la biodiversité et à son importance en général.

Toutefois, ces progrès encourageants ne peuvent pas masquer le fait que le monde naturel souffre énormément et que la situation empire. Le financement en est un bon exemple : les fonds mobilisés pour des actions liées à la biodiversité ont été estimés entre 78 et 91 milliards de dollars par an, bien en dessous des centaines de milliards nécessaires.

Et ce chiffre est éclipsé par les sommes consacrées aux activités qui nuisent à la biodiversité, dont quelque 500 milliards de dollars pour les combustibles fossiles, et par d'autres subventions qui provoquent la dégradation de l'environnement.

Transitions vers une planète plus saine

Le rapport contient plusieurs recommandations, ou « transitions », qui dessinent un scénario pour un monde dans lequel « le statu quo » est mis en place et où la dévastation de l'environnement est inversée.

Selon ces propositions, les écosystèmes seraient restaurés et conservés, les systèmes alimentaires seraient repensés pour améliorer la productivité tout en minimisant leurs effets négatifs, et les océans seraient gérés de manière durable.

La conception des villes est également à l'honneur, avec des appels à la réduction de l'empreinte environnementale dans les zones urbaines et à la mise en place d'« infrastructures vertes », qui font de la place à la nature dans les paysages bâtis.

Restauration de récifs coralliens sur la côte de Banaire dans les Caraïbes.
Programme de l'ONU pour l'environnement
Restauration de récifs coralliens sur la côte de Banaire dans les Caraïbes.

 

Le rapport amplifie le soutien des Nations Unies aux solutions basées sur la nature, saluées comme l'un des moyens les plus efficaces de lutter contre le changement climatique. Parallèlement à une élimination rapide de l'utilisation des combustibles fossiles, ces solutions peuvent apporter des avantages positifs pour la biodiversité et d'autres objectifs de durabilité.

En ce qui concerne les préoccupations sanitaires et la propagation des maladies des animaux aux humains, le rapport appelle à une transition vers une « santé unique », dans laquelle l'agriculture, l'environnement urbain et la faune sauvage sont gérés de manière à promouvoir des écosystèmes sains et des populations en bonne santé.

Réagissant au rapport, le chef des Nations Unies, António Guterres, a déclaré que les transitions représentent une occasion sans précédent de « reconstruire en mieux », alors que le monde émerge des impacts immédiats de la pandémie de Covid-19.

« Une partie de ce nouveau programme doit consister à relever le double défi mondial du changement climatique et de la perte de biodiversité de manière plus coordonnée, en comprenant à la fois que le changement climatique menace de saper tous les autres efforts de conservation de la biodiversité et que la nature elle-même offre certaines des solutions les plus efficaces pour éviter les pires impacts d'une planète en réchauffement », a fait valoir le Secrétaire général .

La biodiversité à la 75ème Assemblée générale de l'ONU

Les conclusions des Perspectives mondiales de la biodiversité seront reprises par les chefs d'État lors du sommet des Nations Unies sur la biodiversité, qui se tiendra le 30 septembre, sous les auspices de l'Assemblée générale.

Le sommet mettra en lumière la crise que la dégradation de la biodiversité fait peser sur l'humanité et l'urgence d'accélérer les actions en faveur de la biodiversité pour un développement durable. En raison des mesures destinées à limiter la propagation de la Covid-19, la réunion se tiendra de manière virtuelle.

Une nouvelle série d'objectifs, pour la période comprise entre 2021 et 2030, est actuellement en cours de négociation, et devrait être examinée lors de la 15ème Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique, qui devrait se tenir à Kunming, en Chine, en mai 2021.