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Liban : la délimitation de la frontière avec la Syrie et le désarmement des milices restent à accomplir, affirme le Secrétaire général

Liban : la délimitation de la frontière avec la Syrie et le désarmement des milices restent à accomplir, affirme le Secrétaire général

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Saluant les progrès accomplis grâce au "Dialogue national" libanais, le dernier rapport du Secrétaire général sur la résolution 1559 met en lumière la nécessité de délimiter les frontières avec la Syrie et le désarmement des milices, notamment le Hezbollah, comme deux points essentiels au rétablissement de la souveraineté nationale.

Saluant les progrès accomplis grâce au « Dialogue national » libanais, le dernier rapport (S/2006/248) du Secrétaire général sur la résolution 1559 met en lumière la nécessité de délimiter les frontières avec la Syrie et le désarmement des milices, notamment le Hezbollah, comme deux points essentiels au rétablissement de la souveraineté nationale.

« Le Liban a fait des progrès significatifs dans la mise en œuvre pleine et entière de la résolution résolution 1559 (2004) du Conseil de sécurité », affirme le Secrétaire général dans son dernier rapport établi sur la base des observations formulées par son Envoyé spécial sur la question, Terje Roed-Larsen.

Terje Roed-Larsen présentait aujourd’hui les conclusions de ce rapport au Conseil de sécurité.

S’agissant des progrès accomplis, l’accord conclu au sein du Dialogue national sur le désarmement des milices palestiniennes hors des camps de réfugiés palestiniens « est un pas en avant très important et significatif dans la mise en œuvre de la résolution 1559 », indique tout d’abord le Secrétaire général.

Kofi Annan souligne au demeurant que cette mesure ne fait qu’appliquer les termes de l’Accord de Taëf de 1989, qui a mis fin à la guerre civile au Liban.

Mais pour l’heure, « les dispositions relatives au démantèlement et au désarmement de toutes les milices libanaises et non-libanaises, l’extension du contrôle du gouvernement sur tout le territoire libanais et le strict respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale, de l’unité et de l’indépendance politique du Liban sous le contrôle exclusif de l’autorité du gouvernement n’ont pas été entièrement mises en œuvre », souligne le rapport du Secrétaire général.

Au premier plan des mesures destinées à garantir le respect de la souveraineté du Liban figure la démarcation de la frontière entre la Syrie et le Liban.

« Un Liban uni a offert une main tendue à la Syrie. J’appelle la Syrie à accepter l’offre qui lui a été faite et à prendre des mesures notamment pour établir des ambassades et délimiter la frontière entre » les deux pays, affirme Kofi Annan.

« Un tel accord devrait comprendre la zone connue sous le nom de ‘Fermes de Chebaa’ » dont les Nations Unies ont déterminé qu’elle faisaient partie du Golan syrien occupé par Israël, et qui le restera « à moins que les gouvernements du Liban et de la Syrie ne prennent des mesures dans le cadre du droit international pour changer ce statut », c'est-à-dire en concluant un accord de délimitation de la frontière, précise le rapport.

Les Nations Unies ont certifié dans un rapport approuvé par une déclaration du Conseil de sécurité en 2000 qu’Israël s’était retiré de tout le territoire libanais et que les Fermes de Chebaa appartenaient au Golan syrien (dépêche du 1.11.05).

Néanmoins, le Hezbollah, groupe armé chiite qui maintient son contrôle armé sur le Sud-Liban, continue d’alléguer que sa présence y est nécessaire pour « libérer » les fermes de Chebaa de la présence israélienne. Par ailleurs, lors d’un récent exposé au Conseil de sécurité, le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, a expliqué que le gouvernement libanais lui aussi estimait que ce territoire lui revenait, pour y avoir exercé sa souveraineté.

« Quant à la Syrie, si elle déclare désormais que les ‘Fermes de Chebaa’ font partie du Liban, elle refuse de signer les documents nécessaires pour le transfert de ce territoire de 42 kilomètres carrés au Liban afin que les Nations Unies le reconnaissent comme tel », a déclaré le Premier ministre. Ce dernier a indiqué avoir demandé « aux Nations Unies ce qu'il faut faire exactement, du point de vue juridique, pour que ce territoire puisse être considéré comme libanais ».

S’agissant par ailleurs de l’extension contrôle du gouvernement libanais sur tout son territoire, le Secrétaire général estime dans son rapport que « l’un des principaux obstacles » à sa mise en œuvre est « l’existence de groupes armés hors du contrôle du gouvernement libanais, outre l’incertitude quant aux frontières exactes du territoire libanais ».

Il engage donc le gouvernement libanais, comme le prévoyait l’Accord de Taëf, à étendre sa souveraineté sur tout le territoire du Liban, et à déployer l’armée libanaise dans la zone frontière adjacente à Israël ».

Le Secrétaire général note au demeurant que l’Accord de Taëf prévoyait que toutes les armes seraient remises au gouvernement dans un délai de six mois et que « la majorité des milices libanaises avaient été incorporées dans les Forces armées libanaises au cours des années 90 ».

Le Hezbollah étant la principale des milices n’ayant pas suivi ce chemin, le Secrétaire général note que les dirigeants de la plupart des factions politiques libanaises lui ont indiqué « considérer favorablement l’intégration du Hezbollah dans les Forces armées » régulières.

Kofi Annan appelle à cet égard dans son rapport « toutes les parties qui en ont la capacité à influer sur le Hezbollah et sur les autres milices afin qu’elles soutiennent la pleine mise en œuvre de la résolution 1559 ».

Le Hezbollah dispose principalement du soutien de l’Iran et de la Syrie.

Dernier grand point du rapport, le Secrétaire général note que la question la présidence du Liban « avait été au premier plan de l’agenda sur le Liban au cours des six derniers mois » mais « qu’il n’y avait pas encore eu de processus électoral présidentiel », ainsi que le demandait la résolution 1559.

Le président du Liban, Emile Lahoud, est connu pour ses positions pro-syriennes. Alors que son mandat expirait officiellement en octobre 2004, il a été prorogé jusqu’en 2007, par la voie d’une modification de la Constitution, par le parlement libanais, sous la pression de Damas.

Un des principaux points de la résolution 1559, le retrait de « toutes les forces étrangères du pays », avait été mis en œuvre en 2005 lorsque a Syrie a retiré ses forces armées du Liban, mettant fin à une présence militaire de 29 ans (dépêche du 23.05.05).