La guerre ne doit jamais être normalisée pour les enfants victimes, rappelle la Coordinatrice humanitaire en Ukraine
Paix et sécurité
L'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie inflige d'immenses dommages physiques, psychologiques et émotionnels aux enfants de ce pays, a déclaré mardi la cheffe du Bureau de l'ONU dans le pays.
Dans ses remarques pour commémorer la Journée internationale des enfants innocents victimes d'agression, Denise Brown a également noté que les garçons et les filles dans les régions de la ligne de front ont dû passer l'équivalent de sept mois sous terre dans des abris anti-bombes en raison des attaques incessantes.
« Je ne cesserai de répéter que l'ensemble de la communauté internationale ne doit jamais accepter comme normal ce qui se passe en Ukraine. Les enfants ne devraient pas grandir au milieu d'une guerre », a martelé Mme Brown.
« La guerre n'est pas normale et nous ne devons pas nous y habituer ».
Une jeune fille posant devant les décombres de son école, dans la banlieue de Kïyv, en Ukraine. (archives)
Rêves de jeunesse différés
Mme Brown a déclaré avoir rencontré de nombreux enfants adorables, joyeux et souriants au cours de son séjour en Ukraine, ajoutant que malgré l'invasion russe à grande échelle il y a plus de deux ans, ils se sentent toujours aimés et protégés.
Elle s'est souvenue d'une visite effectuée à Noël dernier dans la région rurale de Hroza, située dans la région de Kharkiv, où elle a partagé du chocolat et des bonbons avec des enfants qui lui ont parlé de leur rêve de devenir un jour médecin ou enseignant.
« Mais quand je pense aux enfants que j'ai rencontrés, je ne peux m'empêcher de penser à ceux que je ne rencontrerai jamais », a-t-elle déclaré.
« Dans le même village, Hroza, un garçon de huit ans a été tué lorsqu'un missile russe a déchiré sa communauté le 5 octobre 2023. Tant d'autres enfants ont perdu la vie alors qu'ils dormaient ou jouaient ».
Un garçon blessé après que la voiture dans laquelle il se trouvait a roulé sur une mine terrestre est soigné dans un hôpital de Lviv, en Ukraine.
« La vérité est choquante et que le monde doit y faire face »
Soulignant que « la vérité est choquante et que le monde doit y faire face », Mme Brown a indiqué que plus de 600 enfants ukrainiens ont été tués et 1.420 blessés depuis l'escalade de l'invasion russe en février 2022.
« Et il ne s'agit là que des cas que l'ONU a pu vérifier », a-t-elle poursuivi. « Malgré nos demandes répétées d'accès au territoire ukrainien temporairement occupé par la Fédération de Russie, en parfaite conformité avec le droit humanitaire international, nos demandes sont toujours rejetées ».
Elle a ajouté que « l'horrible vérité est que le nombre augmente presque chaque jour car les infrastructures civiles sont touchées de manière répétée », évoquant les attaques de la semaine dernière à Kharkiv qui ont touché un centre commercial, un immeuble de bureaux et un parc, en l'espace de quelques minutes.
Une fillette de 11 ans se rétablit dans un hôpital de Lviv après avoir perdu ses jambes lors d'une attaque de missiles à la gare de Kramatorsk, en Ukraine.
La justice doit prévaloir
Mme Brown a déclaré que la Russie avait approuvé et ratifié la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant.
« Mais la vérité, c'est qu'elle ne tient absolument pas compte de ce à quoi elle s'est engagée. C'est pour cette raison que le Secrétaire général a officiellement inscrit la Russie sur la liste des responsables du meurtre et de la mutilation des enfants ukrainiens en 2023 », a expliqué la Coordinatrice humanitaire de l’ONU pour l’Ukraine.
Elle a confirmé l'engagement de l'ONU à soutenir le peuple ukrainien dont les vies ont été déchirées par la guerre, ajoutant que l'ONU documente constamment ces violations et travaille avec le gouvernement pour fournir les soins dont ces enfants ont si désespérément besoin.
« Je sais que cela ne soulagera pas la souffrance des familles et ne compensera jamais les vies perdues ou le chagrin enduré », a-t-elle déclaré. « Mais ce qui se passe ici doit être consigné pour que la justice puisse prévaloir ».