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Un homme photographie un immeuble d'habitation qui a été fortement endommagé lors de l'escalade du conflit, à Kyïv, en Ukraine.

Guerre en Ukraine : des bombes à sous-munitions utilisées par la Russie selon des rapports crédibles reçus par l'ONU

© UNICEF/Anton Skyba for The Globe and Mail
Un homme photographie un immeuble d'habitation qui a été fortement endommagé lors de l'escalade du conflit, à Kyïv, en Ukraine.

Guerre en Ukraine : des bombes à sous-munitions utilisées par la Russie selon des rapports crédibles reçus par l'ONU

Paix et sécurité

Le Bureau des droits de l’homme de l’ONU a dénoncé vendredi l’utilisation, en Ukraine, de bombes à sous-munitions russes qui ont tué des civils.

« Nous avons également reçu des informations crédibles faisant état de plusieurs cas d’utilisation d’armes à sous-munitions par les forces russes, y compris dans des zones peuplées » en Ukraine, ont indiqué les services de la Haute-Commissaire Michelle Bachelet, soulignant que « l’utilisation indiscriminée de ces armes pourrait constituer des crimes de guerre ». 

Ils ont cité le cas du 24 février, quand une arme à sous-munitions a explosé à l’hôpital central de Vuhledar, dans la ville de Donetsk, contrôlée par le gouvernement ukrainien.

« L’attaque a tué quatre civils, en blessant dix autres, et endommageant des ambulances, des véhicules civils et l’hôpital lui-même », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH), Liz Throssell.

Selon l’ONU, d’autres attaques aux armes à sous-munitions ont eu lieu dans plusieurs districts de Kharkiv, au cours desquelles neuf civils ont été tués et 37 blessés.

« Les attaques directes contre les civils peuvent constituer des crimes de guerre »

En raison de leurs effets sur de vastes zones, l’utilisation d’armes à sous-munitions dans des zones peuplées est incompatible avec les principes du droit humanitaire international régissant la conduite des hostilités.

Les bombes à sous-munitions peuvent contenir plusieurs dizaines de mini bombes, qui se dispersent sur un vaste périmètre mais n’explosent pas toutes, se muant en mines antipersonnel qui, au moindre contact, peuvent tuer et blesser, même longtemps après les conflits. 

« En raison de leurs effets sur de vastes zones, l’utilisation d’armes à sous-munitions dans des zones peuplées est incompatible avec les principes du droit humanitaire international régissant la conduite des hostilités », a déclaré Mme Throssell.

« Nous rappelons aux autorités russes que les attaques directes contre les civils et les biens civils, ainsi que les bombardements dits de zone dans les villes et les villages et d’autres formes d’attaques indiscriminées, sont interdites par le droit international et peuvent constituer des crimes de guerre », a ajouté la porte-parole, relevant que « le nombre de victimes civiles augmente chaque jour, tout comme la souffrance humaine en général ». 

D’une manière générale, des civils sont tués et blessés au cours de ce qui semble être « des attaques aveugles ». 

Les services de Mme Bachelet reprochent aux forces russes d’utiliser généralement des « armes explosives à large champ d’action dans ou près des zones peuplées ». 

Ces armes comprennent des missiles, des obus d’artillerie lourde et des roquettes, ainsi que des frappes aériennes.

Le sous-sol d'un centre périnatal à Kyïv a été transformé en une maternité de fortune dans le contexte de l'escalade du conflit en Ukraine.
© UNICEF/Oleksandr Ratushniak
Le sous-sol d'un centre périnatal à Kyïv a été transformé en une maternité de fortune dans le contexte de l'escalade du conflit en Ukraine.

L’hôpital n° 3 de Marioupol était à la fois « clairement identifiable et opérationnel »

Ces violences se sont traduites aussi par des attaques aux « conséquences extrêmement dévastatrices » contre des écoles, des hôpitaux et des jardins d’enfants. 

Le 3 mars, 47 civils ont été tués lorsque des frappes aériennes russes ont touché deux écoles et plusieurs immeubles d’habitation à Tchernihiv.

Le 9 mars, une frappe aérienne russe a touché l’hôpital n° 3 de Marioupol, blessant au moins 17 civils. Le HCDH enquête toujours sur les informations selon lesquelles au moins trois civils auraient été tués lors de cette frappe aérienne. 

« Nous nous sommes entretenus avec différentes sources à Marioupol, notamment les autorités locales, qui ont toutes indiqué que l’hôpital était à la fois clairement identifiable et opérationnel lorsqu’il a été frappé », a dit Mme Throssell, qui s’inquiète de la hausse « du nombre de morts et de la souffrance humaine en Ukraine ».

L’Ukraine dénonce une nouvelle attaque contre un hôpital, selon l’OMS

Les autorités de la ville de Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine, ont signalé une nouvelle attaque contre un établissement de santé, cette fois contre un hôpital psychiatrique, a déclaré le porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tarik Jasarevic. 

« Si cela s’avère, ce serait une nouvelle attaque contre les soins de santé en Ukraine, selon ces responsables. Dans cet endroit particulier, il y avait 300 personnes, dont environ 50 sont incapables de se déplacer », a affirmé M. Jasarevic lors d’un appel vidéo depuis Leopolis, dans l’ouest de l’Ukraine.

L’OMS condamne toutes les attaques contre les établissements de santé, le personnel soignant ou les patients. 

« Ce qui constitue une violation flagrante du droit humanitaire international, prive les gens de soins médicaux et met en danger la vie des patients et des travailleurs », a-t-il dit, rappelant que « les établissements de santé ne sont pas seulement des lieux où les gens reçoivent des soins de santé, ils doivent aussi être des lieux où les gens se sentent en sécurité ».

L’agence sanitaire mondiale de l’ONU a confirmé au moins 26 attaques contre des établissements de santé, des agents de santé et des ambulances, faisant au moins 12 morts et 34 blessés. 

Commentant ces attaques, le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies a déclaré qu’il s’agissait d’« actes choquants » qui, s’ils sont prouvés qu’ils ont été commis de façon indiscriminée, pourraient être considérés comme des crimes de guerre.

Vagues d’arrestations et de détentions arbitraires d’Ukrainiens

Par ailleurs, le HCDH s’est préoccupé de rapports faisant état d’arrestations et de détentions arbitraires d’Ukrainiens, pour avoir exprimé leur opposition à l’attaque russe, y compris lors de manifestations pacifiques. Des cas individuels de telles arrestations arbitraires ont été documentés dans l’est de l’Ukraine. 

« Mais il nous a été demandé de ne pas en divulguer les détails, car il existe des inquiétudes quant à la sécurité des personnes qui nous ont parlé », a affirmé Mme Throssell, redoutant que les personnes détenues soient torturées ou soumises à d’autres mauvais traitements. L’ONU demande « leur libération immédiate et inconditionnelle ». 

Sur un autre plan, le HCDH s’est également préoccupé par l’utilisation péjorative d’étiquettes telles que « saboteurs » et « mercenaires ». 

Le danger est « d’exposer certaines personnes à des risques plus élevés de préjudice », a conclu la porte-parole, insistant sur le fait que « les prisonniers de guerre, doivent être traités avec humanité et être protégés contre toute forme de torture ou de traitement dégradant ».