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Myanmar : environ 45.000 Rohingyas ont fui les combats à Rakhine, selon l’ONU

Une famille déplacée dans l’est du Myanmar marche près de la frontière avec la Thaïlande.
© UNOCHA/Siegfried Modola
Une famille déplacée dans l’est du Myanmar marche près de la frontière avec la Thaïlande.

Myanmar : environ 45.000 Rohingyas ont fui les combats à Rakhine, selon l’ONU

Paix et sécurité

Alors que les agences humanitaires continuent de recevoir « des rapports effrayants et inquiétants en provenance du nord de l’État de Rakhine », l’intensité des combats ont contraint près de 45.000 Rohingyas à fuir le Myanmar, a rapporté vendredi le Bureau des droits de l'homme de l’ONU. 

« Des dizaines de milliers de civils ont été déplacés ces derniers jours par les combats dans les secteurs de Buthidaung et de Maungdaw », a précisé Elizabeth Throssell, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH).

« Environ 45.000 Rohingyas auraient fui vers une zone située près du fleuve Naf, à proximité de la frontière avec le Bangladesh, en quête de protection », a-t-elle ajouté.

Selon les services du Haut-Commissaire Volker Türk, plus d’un million de Rohingyas sont déjà au Bangladesh, ayant fui les purges passées. Le Haut-Commissaire a d’ailleurs appelé le Bangladesh et d’autres pays « à fournir une protection efficace à ceux qui en font la demande, conformément au droit international et à assurer la solidarité internationale avec le Bangladesh dans l’accueil des réfugiés rohingyas », a précisé Elizabeth Throssell.

Risques d’un sérieux élargissement des violences

Des affrontements secouent Rakhine depuis que l’Armée d’Arakan (AA) a attaqué les forces de la junte en novembre, interrompant le cessez-le-feu instauré depuis le coup d’Etat militaire en 2021.

La porte-parole du HCDH a alerté sur « des risques clairs et présents d’un sérieux élargissement des violences » à Rakhine, soulignant le début d’une bataille pour la ville de Maungdaw.

« La bataille pour la ville voisine de Maungdaw, où l’armée maintient des avant-postes et où vit une importante communauté rohingya, y compris des centaines de Rohingya déplacés qui ont quitté les villages pour s’installer en ville en quête de sécurité, fait peser des risques clairs et immédiats d’une grave expansion de la violence ». 

D’une manière générale, les services du Haut-Commissaire Türk indiquent recevoir « des rapports effrayants et inquiétants » en provenance du nord de l’État de Rakhine, au Myanmar, concernant les conséquences du conflit sur la vie et les biens des civils. « Certaines des allégations les plus graves concernent des incidents au cours desquels des civils rohingyas ont été tués et leurs biens incendiés », a dit Mme Throssell. 

Des témoignages, des images satellites, des vidéos et des photos en ligne indiquent que la ville de Buthidaung a été largement incendiée. « Nous avons reçu des informations indiquant que les incendies ont commencé le 17 mai, deux jours après que les militaires se sont retirés de la ville et que l’armée de l’Arakan a affirmé en avoir pris le contrôle. Notre bureau corrobore les informations reçues sur les responsables ».

Des enfants Rohingyas dans un camp de réfugiés à Cox's Bazar, au Bangladesh.
© UNHCR/Vincent Tremeau
Des enfants Rohingyas dans un camp de réfugiés à Cox's Bazar, au Bangladesh.

Se conformer aux avis de la CIJ pour la protection des Rohingyas

Un survivant a déclaré aux équipes de l’ONU avoir vu des dizaines de cadavres alors qu’il fuyait la ville. Un autre survivant a indiqué qu’il faisait partie d’un groupe de déplacés comptant plusieurs dizaines de milliers de personnes, qui ont été bloqués par l’armée de l’Arakan sur la route ouest reliant Buthidaung à la ville de Maungdaw. 

Les survivants ont raconté que l’armée de l’Arakan les avait maltraités et leur avait extorqué de l’argent alors qu’ils se dirigeaient vers des villages rohingyas situés à 10 ou 15 kilomètres au sud de la ville, où les Rohingyas déjà déplacés à la suite d’attaques antérieures contre des villages avaient auparavant trouvé refuge. 

« Depuis des semaines, les Rohingyas de ces régions disent être hébergés par des familles qu’ils ne connaissent pas et ne pas avoir assez de nourriture pour nourrir leur famille », a fait valoir Mme Throssell.

Face à ce regain de tension, l’ONU appelle toutes les parties à « se conformer pleinement et inconditionnellement au droit international, y compris aux mesures déjà ordonnées par la Cour internationale de Justice pour la protection des Rohingyas ».