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Les opérations humanitaires à Gaza « proches de l’effondrement », selon le PAM

Un enfant reçoit de la nourriture dans une cuisine soutenue par le PAM à Khan Younis, à Gaza.
© WFP/Ali Jadallah
Un enfant reçoit de la nourriture dans une cuisine soutenue par le PAM à Khan Younis, à Gaza.

Les opérations humanitaires à Gaza « proches de l’effondrement », selon le PAM

Paix et sécurité

Alors que des milliers de familles continuent de fuir Rafah, se retrouvant avec peu de nourriture et d’eau potable, les opérations humanitaires à Gaza sont « proches de l’effondrement », a indiqué jeudi l’Agence alimentaire de l’ONU, relevant que l’enclave palestinienne a besoin de toute urgence d’un afflux d’aides pour faire face à cette situation.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) avertit que les offensives israéliennes dans le nord et le sud de la bande de Gaza, ainsi que la fermeture des points de passage frontaliers, « vont précipiter une catastrophe humanitaire et une aggravation de la faim ».

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« Les opérations humanitaires à Gaza sont sur le point de s’effondrer, et si la nourriture et les autres fournitures ne reprennent pas en quantités massives, des conditions proches de la famine se répandront », a dit sur le réseau social X, Abeer Etefa, porte-parole du Bureau du PAM au Moyen-Orient.

Vers une catastrophe humanitaire

Hier mercredi déjà, l’agence onusienne basée à Rome a prévenu que « les opérations humanitaires à Gaza sont au bord de l’effondrement ». L’escalade de l’activité militaire dans le sud et dans certaines parties du nord, ainsi que divers problèmes aux points de passage de la frontière, vont précipiter « une catastrophe humanitaire et une nouvelle famine ». 

« Si la nourriture et les fournitures humanitaires ne commencent pas à entrer massivement dans Gaza, le désespoir et la faim se répandront », a insisté le PAM.

Cette alerte intervient alors qu’«une ne fois de plus, près de la moitié de la population de Rafah, soit plus de 800.000 personnes, est en mouvement, à la recherche de nourriture et d’un abri dans les zones centrales de la bande de Gaza et à Khan Younis. 

Or il n’y a actuellement aucune distribution de nourriture dans le sud de de Gaza, à l’exception de quelques stocks limités qui sont donnés aux cuisines communautaires pour des repas chauds. « Moins de 100 camions sont entrés dans le sud de la bande de Gaza depuis le 6 mai ».

Il s’agit de la quantité la plus faible de produits humanitaires entrés à Gaza depuis décembre, « ce qui rend le risque de famine très réel », a ajouté l’agence.

Le PAM a fourni 4,4 millions de repas chauds en mai

Le PAM a déclaré qu’il n’était pas en mesure d’accéder à son principal entrepôt à Rafah en raison des hostilités en cours, tandis que la fermeture des points de passage frontaliers dans le sud signifie que « pratiquement aucune nourriture, aucun carburant ou aide" n’est acheminée ».

Malgré ces restrictions d’accès, le PAM s’efforce de distribuer les produits restants au plus grand nombre. Quatre boulangeries sont aussi ouvertes et fonctionnent dans la ville de Gaza, fournissant du pain essentiel dans le nord. Sur les 16 boulangeries que le PAM gère à Gaza, seules dix fonctionnent en raison du manque de carburant et d’autres produits de première nécessité. 

Depuis le début du mois de mai, le PAM a fourni environ 4,4 millions de repas chauds par l’intermédiaire de 70 cuisines communautaires dans la bande de Gaza, tandis que les boulangeries ont produit plus d’un million de paquets de pain plat.

Deux enfants se tiennent à l'arrière d'un camion alors que leur famille fuit Rafah, au sud de la bande de Gaza.
© UNICEF/Eyad El Baba
Deux enfants se tiennent à l'arrière d'un camion alors que leur famille fuit Rafah, au sud de la bande de Gaza.

Des déplacés vivant dans les décombres 

Sur le terrain, les rapports des médias font état de la poursuite des combats à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, et à Jabalia, dans le nord, alors que les troupes israéliennes avancent dans ces deux zones. 

Ces hostilités ont poussé les trois quarts de la population de Gaza à se déplacer de force, souvent jusqu’à 4 ou 5 fois, selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

« Pour des milliers de familles palestiniennes, il n’y a plus d’endroit où aller : les opérations militaires et les bombardements constituent une menace permanente, les bâtiments sont réduits à l’état de ruines. Aucun endroit n’est sûr à Gaza ».

Dans ces conditions, les personnes déplacées par l’ordre militaire israélien de quitter Rafah vivent maintenant dans des conditions désastreuses dans la ville voisine de Khan Younis. Les personnes ayant besoin d’aide sont « des familles vivant parmi les décombres dans des écoles endommagées, manquant de tentes, de services essentiels et de fournitures vitales », a détaillé l’UNRWA.

Environ 1,7 million de personnes ont été déplacées à Gaza, certaines à plusieurs reprises.
© UNRWA
Environ 1,7 million de personnes ont été déplacées à Gaza, certaines à plusieurs reprises.

L’OMS lance un appel urgent au sujet de l’hôpital al-Awda

Sur un autre volet, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) rapporte que les maladies transmissibles, y compris la diarrhée et l’hépatite A, sont en augmentation dans la bande de Gaza. « L’UNRWA continue de fournir des soins de santé, mais les abris surpeuplés et l’assainissement limité dus aux déplacements forcés posent de graves risques pour la santé ».

Ces risques de propagation de maladies interviennent au moment où les forces israéliennes ont pris d’assaut l’hôpital al-Awda de Gaza, assiégé par les troupes et les chars israéliens » depuis dimanche dernier. Dans un message publié sur le réseau social X, le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Ghebreyesus, a lancé un appel « urgent » à la protection des patients, du personnel et des civils.

Selon le Dr Tedros, 140 membres du personnel médical, des patients et leurs compagnons civils se trouvaient à l’intérieur de l’hôpital lorsqu’il a été envahi par les soldats israéliens plus tôt dans la journée. Les troupes auraient ordonné à tout le monde de partir, à l’exception de 12 membres du personnel, dont le directeur de l’hôpital, 14 patients et huit accompagnateurs.

Un autre hôpital de Jabalia ne fonctionne plus

Le Dr. Tedros a lancé un appel pour que les personnes à qui les forces israéliennes ont ordonné de rester sur place soient protégées et autorisées à partir en toute sécurité. « L’OMS demande d’urgence la protection des patients, de leurs accompagnateurs et du personnel de santé à l’intérieur de l’hôpital, ainsi qu’un passage sûr pour leur évacuation », a-t-il ajouté.

Dans un autre message, le chef de l’OMS a aussi affirmé que l’hôpital Kamal Adwan, également situé dans la zone de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, « ne fonctionnait plus » après que tous les patients et le personnel ont été évacués à la suite de multiples frappes de missiles israéliens sur l’établissement mercredi.

Certains patients sont ainsi rentrés chez eux, tandis que la majorité ont été orientés vers l’hôpital Al-Ahli. Al-Ahli a ensuite orienté les patients stables vers l’hôpital Al Helou. 

Plus largement, l’accès aux soins de santé à Gaza se réduit encore davantage. « De nombreux hôpitaux manquent de carburant et de médicaments en raison de la fermeture continue du terminal de Rafah », a fait valoir le Dr Tedros.