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Gaza : la situation est de plus en plus désespérée à Rafah, prévient l'ONU

Des centaines de milliers de personnes ont fui Rafah au cours des deux dernières semaines.
© UNRWA
Des centaines de milliers de personnes ont fui Rafah au cours des deux dernières semaines.

Gaza : la situation est de plus en plus désespérée à Rafah, prévient l'ONU

Paix et sécurité

Alors que la situation à Gaza reste catastrophique, des milliers de familles sont en quête d’aide à Rafah, a alerté mercredi une agence des Nations Unies, dans un contexte humanitaire de plus en plus désespéré pour les populations de l’enclave palestinienne.

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« Des milliers de familles ont toujours besoin d’aide à Rafah », a affirmé sur le réseau social X, le Bureau au Moyen-Orient du Programme alimentaire mondial (PAM), qui indique avoir « distribué de la nourriture jusqu’à épuisement ».

Cette nouvelle alerte intervient alors que l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé mardi 21 mai suspendre ses distributions de nourriture à Rafah, ville du sud de la bande de Gaza, en proie à une violente offensive israélienne.

« Avec peu d’aide provenant des points de passage du sud et notre entrepôt toujours inaccessible, les stocks de nourriture restants n’ont permis de fournir que 50.000 repas chauds par jour », a ajouté la branche régionale du PAM, réitérant à nouveau sa demande pour « un accès sûr et durable ».

Des milliers de familles en quête d'aide

Sur le terrain, les rapports des médias font état de la poursuite des hostilités dans la bande de Gaza mercredi, aggravant ainsi les problèmes déjà alarmants d’accès à l’aide, malgré un nouvel appel de l’ONU à toutes les parties au conflit pour qu’elles reprennent les négociations en vue de la libération de tous les otages restants et de l’instauration d’un cessez-le-feu humanitaire.

« Je crains fort que la trajectoire actuelle - y compris la possibilité d’une opération de plus grande envergure - ne compromette encore davantage les efforts visant à intensifier l’entrée des produits humanitaires et leur distribution en toute sécurité aux civils désespérés », a déclaré lundi Tor Wennesland, Coordinateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Proche-Orient.

Dans une mise à jour adressée au Conseil de sécurité, M. Wennesland s’est félicité de l’ouverture du point de passage d’Erez Ouest / Zikim dans le nord de Gaza, mais a souligné qu’« une aide beaucoup plus importante est nécessaire pour répondre à l’énorme ampleur des besoins ».

« Il n’y a pas de substitut au fonctionnement complet et accru des points de passage terrestres existants », a insisté le haut responsable de l’ONU, alors que les agences de l’ONU ont signalé que l’opération militaire israélienne en cours à l’est de Rafah avait coupé l’accès à des installations logistiques clés pour l’aide.

« Sauver des vies et répondre aux besoins critiques à Rafah et plus largement à Gaza doit rester notre priorité immédiate et je réitère l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu humanitaire », a ajouté M. Wennesland, tout en soulignant les risques d’un « débordement plus large » du conflit au niveau régional tant qu’il n’est pas résolu.

Des enfants dorment en plein air à al-Mawasi, dans le sud de la bande de Gaza.
© UNICEF/Media Clinic
Des enfants dorment en plein air à al-Mawasi, dans le sud de la bande de Gaza.

Plus d’accès aux centres de distribution de nourriture

Dans un message posté sur X mercredi, l’UNRWA a confirmé que les distributions de nourriture avaient été suspendues en raison d’un manque de fournitures et de la poursuite des hostilités qui ont rendu le travail des équipes d’aide trop dangereux.

« La situation à Rafah s’est considérablement détériorée depuis que les premiers ordres d’évacuation ont été donnés le 6 mai », a déclaré Louise Wateridge, porte-parole de l’UNRWA, à ONU Info. « L’opération militaire s’est étendue à Rafah, ce qui a gravement limité notre capacité et la capacité humanitaire au sens large à fournir de l’aide, des services et, dans ce cas, à distribuer de la nourriture ».

« Nous n’avons plus accès aux centres de distribution de nourriture dans cette zone en raison des opérations militaires actives, il n’y a plus de sécurité et, en outre, nous ne recevons plus d’accès libre à l’aide par les points de passage... Nous avons du personnel sur le terrain, nous avons beaucoup de gens sur le terrain prêts à fournir de l’aide et des services, mais sans accès à travers les frontières à des fournitures et sans accès à nos centres de distribution, nous sommes tout simplement incapables de distribuer de la nourriture », a-t-elle ajouté.

Faisant écho à ces préoccupations au Conseil de sécurité, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a averti qu’en raison de l’incursion de l’armée israélienne dans l’est de Rafah, les approvisionnements en articles de secours et en carburant n’étaient pas suffisants « pour fournir un niveau d’aide significatif ».

Tous les points d’accès disponibles doivent être ouverts - et le rester - pendant une période prolongée pour permettre à l’aide d’entrer à grande échelle, avait insisté la Directrice des opérations et du plaidoyer d’OCHA, Edem Wosornu, qui a souligné l’impact dévastateur des « niveaux extrêmes de violence », en particulier à Jabaliya dans le nord et à l’est de Rafah.

Camions à l’arrêt

Selon la plateforme de suivi de l’aide en ligne de l’UNRWA, aucun camion n’est entré dans les principaux points de passage de l’enclave via Rafah et Kerem Shalom dans le sud depuis que 27 véhicules ont réussi à passer samedi.

Selon l’ONU, au moins 500 camions d’aide sont nécessaires chaque jour pour maintenir les habitants de Gaza en bonne santé, ont déclaré à plusieurs reprises les humanitaires, tout en appelant à l’afflux de fournitures de secours à Gaza pour tenter d’enrayer la nouvelle crise provoquée par l’incursion de l’armée israélienne à Rafah le 6 mai, en réponse aux tirs de roquettes meurtriers des militants du Hamas.

Alors que plus de 5.600 camions d'aide humanitaire sont entrés à Gaza en avril par les deux points de passage, seuls 1.400 environ sont arrivés jusqu'à présent en mai, selon les données de l'UNRWA.

L’agence des Nations Unies a également noté que ses centres de santé n’ont pas reçu de fournitures médicales au cours des dix derniers jours. Néanmoins, le personnel soignant « continue d’assurer des milliers de consultations médicales chaque jour dans les centres de santé qui sont encore opérationnels », a détaillé l’UNRWA.

Après plus de sept mois de bombardements israéliens intensifs en réponse aux attaques du Hamas dans le sud d’Israël, près d’un habitant de Gaza sur deux, soit environ 1,1 million de personnes, est confronté à des niveaux de faim si catastrophiques que l’ONU a averti que de nombreuses personnes étaient au bord de la famine.

Cisjordanie : 8 personnes tuées à Jénine

S’agissant de la situation en Cisjordanie occupée, au moins 8 personnes ont été tuées, dont 2 enfants, dans l’opération militaire en cours à Jénine. Selon le Bureau de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, cela porte à 139 le nombre total d’enfants palestiniens tués en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, au cours des 32 dernières semaines.

« C’est plus du triple du nombre d’enfants tués pendant toute l’année 2022. Deux enfants israéliens ont également été tués au cours de la même période », a déclaré sur le réseau social X, Adele Khodr, Directrice régionale de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, relevant que les enfants ne devraient jamais être la cible de violences et doivent toujours bénéficier d’une protection spéciale conformément au droit international.

« Les violations graves des droits de l’enfant, en particulier les meurtres et les mutilations, sont inacceptables. Mettre fin à la violence récurrente est le meilleur moyen de garantir que les enfants puissent grandir dans la paix et la sécurité », a-t-elle dit.

Hier mardi 21 mai déjà, le Bureau des droits de l’homme de l’ONU s’est dit « horrifié par l’opération meurtrière des forces israéliennes à Jénine ». Les services du Haut-Commissaire Volker Türk ont rappelé que parmi les victimes, l’un des enfants se rendait à l’école.

« Cette effusion de sang insensée doit cesser et les responsables doivent rendre des comptes », a fustigé sur X le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme.