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Ukraine : la proportion de réfugiés et déplacés désirant rentrer chez eux baisse

Une femme passe devant sa maison endommagée dans le village de Horenka, dans la région de Kiev.
© HCR/Alina Kovalenko
Une femme passe devant sa maison endommagée dans le village de Horenka, dans la région de Kiev.

Ukraine : la proportion de réfugiés et déplacés désirant rentrer chez eux baisse

Paix et sécurité

La guerre à grande échelle menée par la Russie en Ukraine entre dans sa troisième année, prolongeant l’incertitude et l’exil pour des millions de personnes déplacées, a indiqué l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés mardi, relevant une baisse de la proportion des personnes déplacées de force désirant rentrer chez elles. 

Selon les résultats préliminaires d’une étude récente du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), la majorité des réfugiés ukrainiens et des déplacés internes interrogés (65 et 72 % respectivement) ont toujours exprimé le désir de rentrer un jour chez eux. Toutefois, la proportion a diminué, un plus grand nombre d’entre eux exprimant désormais leur incertitude en raison de la guerre en cours. 

L’étude du HCR est basée sur des entretiens menés en janvier et février de cette année auprès de quelque 10.000 ménages ukrainiens réfugiés, déplacés internes et rapatriés à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

Les personnes déplacées ont cité l’insécurité qui règne en Ukraine comme le principal facteur empêchant leur retour, alors que d’autres préoccupations incluaient le manque d’opportunités économiques et de logement. L’une des principales priorités du HCR est de réparer les maisons en Ukraine afin que les personnes puissent rester chez elles. Plus de 27.500 maisons ont été réparées à ce jour.

Une propriété résidentielle à Kryvyi Rih reste endommagée à la suite d'un tir de missile en juillet 2023.
© UNHCR/Iryna Tymchyshyn
Une propriété résidentielle à Kryvyi Rih reste endommagée à la suite d'un tir de missile en juillet 2023.

Plus de 10 millions déplacés de force

« Cependant, parmi les réfugiés rapatriés interrogés en Ukraine, plus de la moitié - 55% - ont déclaré qu’il y avait moins d’opportunités d’emploi que ce qu’ils pensaient », a déclaré depuis Athènes (Grèce), le Directeur régional du HCR pour l’Europe, Philippe Leclerc, lors d’une conférence de presse à Genève. 

Fait inquiétant, une proportion importante des réfugiés ukrainiens interrogés - quelque 60% - ont indiqué qu’ils pourraient être contraints de rentrer chez eux, même si ce n’est pas leur choix préféré en raison de la guerre en cours. Ils pointent du doigt le fait de continuer à être confrontés à des difficultés dans les pays d’accueil, principalement en ce qui concerne les possibilités de travail et le statut juridique.

Après deux ans de guerre à grande échelle en Ukraine, au milieu de destructions massives, de bombardements et de tirs de missiles dans tout le pays, l’avenir de millions de personnes déplacées reste entouré d’incertitude. Alors que la guerre fait rage, les conditions humanitaires restent désastreuses à l’intérieur de l’Ukraine, où quelque 40% de la population a besoin d’une aide humanitaire et d’une protection. 

Pour beaucoup, ce n’est pas la première fois qu’ils sont confrontés à la guerre et au déplacement, puisque cette semaine marque également le dixième anniversaire du début de la guerre dans l’est de l’Ukraine. Actuellement, près de 6,5 millions de réfugiés ukrainiens ont trouvé refuge a travers le monde, tandis que quelque 3,7 millions de personnes sont toujours déplacées de force à l’intérieur du pays.

Les enfants de Kharkiv suivent des cours sous terre pour rester en sécurité.
© HCR/Elisabeth Arnsdorf Haslund
Les enfants de Kharkiv suivent des cours sous terre pour rester en sécurité.

L’appel de fonds financé à moins de 15%

Les rapports précédents indiquent également que les réfugiés ayant des besoins et des vulnérabilités spécifiques, y compris les personnes âgées et les personnes handicapées, envisagent également de rentrer, principalement parce qu’elles estiment qu’il n’y a pas d’autres options restantes. Le présent rapport révèle que le regroupement familial est l’une des principales motivations des réfugiés qui sont rentrés définitivement dans leur pays. 

Davantage de réfugiés effectuent désormais des visites de courte durée en Ukraine - environ 50% contre près de 40% l’année dernière - principalement pour rendre visite à des membres de leur famille, mais aussi pour vérifier leurs biens. 

Pour venir en aide aux personnes contraintes de fuir leur foyer, le HCR demande 993 millions de dollars, dont 599 millions pour l’Ukraine et le reste pour soutenir les réfugiés dans les pays d’accueil. La situation en Ukraine n’est actuellement financée qu’à hauteur de 13%. 

Le mois dernier, les Nations Unies ont lancé un appel conjoint de 4,2 milliards de dollars pour soutenir les communautés touchées par la guerre en Ukraine et les réfugiés ukrainiens et leurs communautés d’accueil dans la région jusqu’en 2024. 

Au total, les plans visent à soutenir quelque 10,8 millions de personnes en Ukraine et dans la région.