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UNICEF Des personnes fuient leurs maisons alors que le cyclone Freddy frappe la ville de Blantyre au Malawi.

Éviter les catastrophes dans un monde dangereux

© UNICEF
UNICEF Des personnes fuient leurs maisons alors que le cyclone Freddy frappe la ville de Blantyre au Malawi.

Éviter les catastrophes dans un monde dangereux

Aide humanitaire

Le nombre de personnes touchées par les catastrophes dans le monde n'a jamais été aussi élevé, malgré l'adoption en 2015 d'un accord international sur la réduction des catastrophes soutenu par les Nations Unies.

Des experts du monde entier se réunissent au siège des Nations Unies le 18 et le 19 mai prochain pour accélérer les efforts visant à mettre pleinement en œuvre cet accord afin de rendre le monde plus sûr.

Pour les Malawiens, le cyclone Freddy a été une véritable catastrophe. En mars de cette année, la tempête a traversé le pays africain à deux reprises au cours d'un mois de destruction record en Afrique australe.

La durée sans précédent de ce phénomène météorologique extrême aurait été difficile à gérer pour n'importe quel pays, mais pour le Malawi, l'un des pays en développement les plus vulnérables au monde, elle a été dévastatrice. Des centaines de personnes ont été tuées, plus d'un demi-million ont été déplacées et des milliers d'hectares de cultures ont été emportés.

Début avril, des centaines de personnes étaient toujours portées disparues et quelque 1,1 million de personnes avaient besoin d'une aide humanitaire. La violente tempête s'est produite alors que le Malawi connaissait sa pire épidémie de choléra depuis vingt ans, ce qui a accentué les pressions sur un système de santé déjà très sollicité.

Le même mois, un groupe d'experts indépendants des droits de l'homme des Nations Unies a appelé à une augmentation de l'aide humanitaire, mais aussi à ce que le Malawi « développe des solutions durables pour éviter, minimiser et traiter les déplacements dus aux catastrophes grâce à des mesures d'adaptation au climat, de préparation et de réduction des risques de catastrophes ».

Des hommes travaillent à la réparation d'une route endommagée dans le district de Mulanje au Malawi après le passage du cyclone Freddy.
© UNOCHA/Jane Kiiru
Des hommes travaillent à la réparation d'une route endommagée dans le district de Mulanje au Malawi après le passage du cyclone Freddy.

Des catastrophes plus graves, plus coûteuses et plus meurtrières

L'impact de Freddy n'est qu'un exemple du nombre croissant de catastrophes complexes et coûteuses qui touchent de plus en plus de personnes et qui ont incité 187 pays à signer un accord international sur la réduction des risques de catastrophes en 2015.

Le cadre de Sendai, du nom de la ville japonaise où il a été adopté, est un accord international des Nations Unies visant à réduire les pertes dues aux catastrophes. Il vise à réduire considérablement le nombre de décès dus aux catastrophes, à diminuer les dommages causés aux infrastructures par les catastrophes et à améliorer les systèmes d'alerte précoce, le tout d'ici à 2030.

Cependant, huit ans plus tard, peu de progrès ont été réalisés. Selon le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes (UNDRR), le nombre de personnes touchées par les catastrophes a augmenté de 80% depuis 2015. De plus, l'UNDRR constate que de nombreuses leçons tirées des catastrophes passées semblent avoir été ignorées.

Une fillette de huit ans près d'une école détruite par les inondations à Quetta, au Pakistan.
© UNICEF/Muhammad Sohail
Une fillette de huit ans près d'une école détruite par les inondations à Quetta, au Pakistan.

Rapport de mi-parcours

Les 18 et 19 mai, une réunion de haut niveau organisée au siège des Nations Unies à New York sera l'occasion d'exposer les nombreux défis qui ont entravé les progrès et de tracer la voie vers un monde plus sûr.

Les délégués présents à cette réunion auront étudié le rapport sur l'examen à mi-parcours de la mise en œuvre du cadre, qui met à nu l'ampleur du problème. Il a été publié en avril, à mi-parcours entre le lancement du cadre et l'échéance de 2030.

Le rapport souligne les impacts croissants du changement climatique depuis 2015, et les conséquences brutalement inégales, qui sont beaucoup plus sévères dans les pays en développement. Un exemple est l'inondation au Pakistan en 2022, qui a affecté plus de 33 millions de personnes et endommagé des millions d'hectares de terres agricoles, provoquant une insécurité alimentaire généralisée.

L'interconnexion croissante des sociétés, des environnements et des technologies dans le monde signifie que les catastrophes peuvent se propager extrêmement rapidement. Le rapport cite en exemple la pandémie de Covid-19, qui a commencé par une épidémie locale en Chine en 2019, avant de se propager rapidement dans le monde entier, entraînant la mort de quelque 6,5 millions de personnes d'ici à la fin de l'année 2022.

« Il n'est pas nécessaire de chercher longtemps pour trouver des exemples d'aggravation des catastrophes », a déclaré Mami Mizutori, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe et Directrice de l'UNDRR. « La triste réalité est que nombre de ces catastrophes pourraient être évitées car elles sont causées par des décisions humaines. L'appel à l'action de l'examen à mi-parcours est que les pays doivent réduire les risques dans chaque décision, action et investissement qu'ils font », a-t-elle indiqué.

Moins de la moitié des pays les moins avancés et seulement un tiers des petits États insulaires en développement disposent d'un système d'alerte précoce multirisque.
UNDRR/Chris Huby
Moins de la moitié des pays les moins avancés et seulement un tiers des petits États insulaires en développement disposent d'un système d'alerte précoce multirisque.

Des pays qui prennent les devants

Il est clair que l'on n'en fait pas assez : les coûts des catastrophes continuent d'augmenter, mais le financement de la réduction des risques de catastrophe n'augmente pas au rythme nécessaire pour y faire face.

Néanmoins, comme le montre le rapport, il existe de nombreux exemples de pays qui, au niveau national, mettent en place des plans pour protéger leurs citoyens contre les risques de catastrophes.

À ce jour, des plans de préparation aux catastrophes ont été adoptés dans 125 pays. Ils vont de la législation du Costa Rica qui permet à toutes les institutions d'allouer des budgets à la prévention et aux interventions d'urgence, au Disaster Ready Fund de l'Australie, qui investira jusqu'à 200 millions de dollars australiens par an à partir de 2023-2024 dans des initiatives de prévention des catastrophes et de résilience, en passant par les clauses de catastrophe de la Barbade qui permettent de geler immédiatement la dette en cas d'impact économique causé par une catastrophe.

Alors que le nombre de personnes touchées par les catastrophes augmente, la proportion de personnes tuées a diminué de plus de moitié. Au cours de la décennie 2005-2014, le taux de mortalité lié aux catastrophes était de 1,77 pour 100.000 habitants, et au cours de la décennie 2012-2021, il est tombé à 0,84 (si l'on exclut l'impact de la catastrophe de la Covid-19).

Les recommandations du rapport à mi-parcours et les mesures prises au niveau national constitueront la base des discussions lors de la réunion de haut niveau : elles prouvent qu'un monde plus sûr est possible, d'ici à 2030, si les investissements nécessaires à la réduction des risques sont réalisés.

Réduire les risques de catastrophes à l'ONU

  • Le Bureau de l'ONU pour la réduction des risques de catastrophe (UNDRR) aide les décideurs du monde entier à mieux comprendre et à changer leur attitude face au risque.
  • L'expertise reconnue de l'UNDRR et sa présence dans cinq bureaux régionaux sont utilisées pour établir et entretenir des relations avec les gouvernements nationaux et locaux, les organisations intergouvernementales, la société civile et le secteur privé.
  • Le Bureau collecte, rassemble et partage les dernières informations et données techniques sur la réduction des risques et le renforcement de la résilience de manière plus efficace. Des centaines d'experts travaillent au sein des groupes consultatifs scientifiques et techniques de l'UNDRR, des partenaires essentiels pour les gouvernements et les autres parties prenantes du monde entier.
  • Le développement et le déploiement de systèmes d'alerte précoce multirisques, accessibles et inclusifs, est un élément clé de leur travail. Ces systèmes sauvent des vies : en moyenne, en cas de catastrophe, le taux de mortalité dans les pays qui en sont dépourvus est huit fois plus élevé que dans les pays qui les ont mis en place.