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Guerre en Ukraine : un expert de l’ONU reproche aux pays frontaliers un accueil des réfugiés à deux vitesses

Des réfugiés en provenance d'Ukraine entrent en Pologne au poste frontière de Medyka en mars 2022.
© UNHCR/Chris Melzer
Des réfugiés en provenance d'Ukraine entrent en Pologne au poste frontière de Medyka en mars 2022.

Guerre en Ukraine : un expert de l’ONU reproche aux pays frontaliers un accueil des réfugiés à deux vitesses

Migrants et réfugiés

Si les Polonais ont accueilli à bras ouverts les Ukrainiens fuyant la guerre, les « autres » migrants n’ont pas droit au même traitement, en particulier ceux venus de Bélarus, a fustigé jeudi un expert indépendant l"ONU. Il a exhorté  Minsk et Varsovie à mettre fin aux refoulements des « autres migrants et réfugiés ».

« La Pologne a réservé un accueil chaleureux aux réfugiés ukrainiens mais la réalité est bien différente pour les demandeurs d’asile et les migrants d’autres pays », a déclaré, dans un communiqué, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme des migrants, Felipe González Morales, à l’issue d’une visite en Pologne et au Bélarus du 12 au 25 juillet 2022.

Selon l’expert, si les réfugiés ukrainiens sont généralement bien soutenus, les réalités pour les migrants et les réfugiés d’autres pays d’origine seraient toutes autres.

« Même parmi ceux ayant fui la même guerre, si tous ont été acceptés pour entrer en Pologne et ont reçu une aide de l’État, les ressortissants de pays tiers ne sont pas protégés par le même cadre juridique », a regretté González Morales, relevant avec inquiétude « une approche de deux poids, deux mesures, qui a donné lieu à un sentiment de discrimination parmi les ressortissants de pays tiers ».

« Ceux particulièrement vulnérables, y compris ceux en situation migratoire irrégulière, sont confrontés à des difficultés accrues pour obtenir des permis de séjour et un logement adéquat », a-t-il ajouté.

Des migrants font l’objet de violences des deux côtés de la frontière entre  Pologne et Bélarus

Le Rapporteur spécial a également évalué la situation des migrants à la frontière entre la Pologne et le Bélarus. Bien que la zone soit relativement calme par rapport à l’hiver dernier, certains migrants, y compris les nouveaux arrivants, restent bloqués et font l’objet de violences et de refoulements des deux côtés de la frontière.

Côté biélorusse, les migrants ont été soumis à une détention de facto au centre logistique temporaire, déjà fermé, où ils étaient hébergés.

Côté polonais, les enfants migrants et les personnes accompagnées de leur famille, ainsi que les femmes enceintes, sont toujours détenus dans des centres d’immigration fermés, a fait remarquer l’expert, selon qui « les enfants et autres personnes vulnérables ne devraient pas être enfermés simplement en raison de leur statut migratoire ».

Pour l’expert, des options alternatives d’accueil et de prise en charge existent pourtant en Pologne. « J’exhorte les autorités compétentes à libérer immédiatement les enfants non accompagnés, les enfants avec leur famille, les femmes enceintes et les personnes souffrant de troubles mentaux dans des établissements ouverts », a-t-il souligné.

M. González Morales a également exhorté le Bélarus, la Pologne et l’Union européenne (UE) à établir une communication et à mener un dialogue sur la situation concernant leur frontière commune. « Plus important encore, ils doivent éviter tout nouveau décès, mettre fin aux refoulements et protéger les droits humains des migrants », a-t-il conclu . 

NOTE :

Les Experts indépendants font partie de ce qu’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Le terme « procédures spéciales », qui désigne le plus grand corps d’experts indépendants au sein du système onusien des droits de l’homme, est généralement attribué aux mécanismes indépendants d’enquête et de supervision mis en place par le Conseil des droits de l’homme afin de traiter de la situation spécifique d’un pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent bénévolement ; ils n’appartiennent pas au personnel de l’ONU et ne perçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou de toute organisation et exercent leurs fonctions à titre individuel.