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Soudan : le processus de transition politique avance, selon l’envoyé de l’ONU

Une femme avec ses enfants sur un âne près du camp de déplacés de Zam Zam, au Nord Darfour (Soudan).
Photo : ONU / Albert González Farran
Une femme avec ses enfants sur un âne près du camp de déplacés de Zam Zam, au Nord Darfour (Soudan).

Soudan : le processus de transition politique avance, selon l’envoyé de l’ONU

Paix et sécurité

L’envoyé de l’ONU au Soudan a expliqué, mardi, au Conseil de sécurité les progrès en cours dans ce pays d’Afrique de l’Est, malgré des défis économiques et sécuritaires persistants.

« Le processus de transition politique avance », a déclaré le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Soudan, Volker Perthes, aux membres du Conseil. 

M. Perthes dirige depuis janvier la Mission intégrée d’assistance à la transition au Soudan (UNITAMS). Cette mission a pour mandat d’appuyer la transition politique, les processus de paix et la mise en œuvre des accords de paix, la consolidation de la paix et la mobilisation de ressources extérieures pour le pays.

Le Soudan a formé le 8 février un nouveau gouvernement qui a fixé cinq priorités : traiter les problèmes socio-économiques; mettre en œuvre l'accord de paix et reprendre les négociations avec les deux parties non-signataires; réformer le secteur de la sécurité et protéger les civils; maintenir les relations internationales du pays; et faire progresser la transition démocratique.

Selon M. Perthes, le nouveau gouvernement, sous la direction du Premier Ministre, Abdalla Hamdok, est plus politique que technocratique. « C'est une large coalition fondée sur le partage du pouvoir entre civils, militaires et mouvements armés », a-t-il expliqué, précisant toutefois qu’il n'inclut pas toutes les forces politiques et que les avis divergent sur sa capacité.

« Cependant, la représentation de différents courants et mouvements politiques, et des groupes qu’ils représentent, a déjà permis à ce gouvernement de prendre et de mettre en œuvre des décisions difficiles », a-t-il dit, en référence à sa décision de laisser flotter la livre soudanaise.

L’envoyé onusien voit dans cette décision « une mesure courageuse » qui permettra de débloquer l'aide financière, ouvrir la voie à l'allégement de la dette du pays, et encourager le secteur privé. Autant de signes de progrès dans le programme de réforme économique mené par Premier ministre qui tient à affirmer que le Soudan est ouvert aux investissements.

Les difficultés économiques du Soudan représentent un risque pour sa stabilité

Une conférence des investisseurs pour le Soudan doit avoir lieu en mai à Paris. M. Perthes estime que cette réunion peut aider à mobiliser les investissements étrangers privés et les partenariats et stimuler la création d'emplois et le développement, soulignant l’importance de l’appui de la communauté internationale.

« Nous ne pouvons pas ignorer, cependant, que les difficultés économiques posent un risque pour la stabilité du Soudan », a-t-il toutefois rappelé. L'inflation était de l’ordre de 304% en janvier. Le pays souffre également d’un déficit commercial et budgétaire important et de taux élevés de chômage et de pauvreté.

13,4 millions de personnes - un quart de la population du Soudan - devraient avoir besoin d’une aide humanitaire, dont 2,5 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays qui accueille 1 million de réfugiés, dont 70.000 récemment arrivés d’Éthiopie.

« La nécessité d’une aide financière et économique soutenue au Soudan ne saurait être surestimée », a dit M. Perthes qui a exhorté la communauté internationale à intensifier son assistance au Soudan.

Concernant l’application de l’accord de paix, l’envoyé de l’ONU a indiqué que des points importants doivent être entrepris, notamment la formation d’un Conseil législatif de transition dont au moins 40% des membres seraient des femmes. Un objectif qu’il craint ne pas voir se réaliser. « La formation rapide d'un Conseil législatif diversifié, inclusif et représentatif est essentielle pour élargir le soutien à la transition politique », a dit M. Perthes, rappelant que la jeunesse soudanaise a également exprimé sa frustration face au manque de participation aux institutions de la transition.

« Je ne peux que souligner qu’un processus politique inclusif, y compris tous les segments de la société diversifiée du Soudan tout au long de la transition politique, est essentiel à son succès », a-t-il souligné.

Après la mort de 165 personnes au Darfour en janvier dans des affrontements intercommunautaires, l’ONU a tenu à rappeler que la protection des civils au Soudan demeure une priorité.

« L’ONU travaille avec le nouveau gouvernement pour renforcer la protection des civils », a affirmé M. Perthes, précisant que le ministère de l’Intérieur et le chef du comité national de protection des civils ont sollicité l’appui des Nations Unies pour renforcer les capacités de la police et d’alerte rapide.

« La paix ne sera durable que si les causes profondes et les ramifications des conflits sont traitées », a dit l’envoyé onusien.