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En Syrie, l’acheminement de l’aide humanitaire durant l’hiver reste la première préoccupation de l’ONU

Une mère transporte de l'eau fournie par l'UNICEF dans un camp de fortune en Syrie.
© UNICEF/Delil Souleiman
Une mère transporte de l'eau fournie par l'UNICEF dans un camp de fortune en Syrie.

En Syrie, l’acheminement de l’aide humanitaire durant l’hiver reste la première préoccupation de l’ONU

Paix et sécurité

Après près de 10 années de conflit, le peuple syrien continue de souffrir, ont rappelé, mercredi, deux hauts responsables onusiens aux membres du Conseil de sécurité des Nations Unies. Une souffrance exacerbée en cette période hivernale.

« Alors qu’une autre année s’est écoulée, les familles syriennes restent sans répit après près d'une décennie de conflit », a déploré le Secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires, Mark Lowcock, devant les membres du Conseil.

« Des millions de personnes ont été déplacées et appauvries. Des millions de personnes ont subi des traumatismes et des pertes personnelles profondes », a-t-il ajouté.

Même si le « conflit actif » dans certaines régions de la Syrie a diminué en intensité, le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) souligne que la dégradation économique et les effets de la pandémie de Covid-19 ont entraîné une détérioration des conditions de vie de la population syrienne.

Et « les conflits violents et le terrorisme sont toujours une réalité pour les Syriens », a rappelé l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen,

« L’insécurité alimentaire et la malnutrition devraient augmenter considérablement, tout comme le nombre total de personnes ayant besoin d’aide humanitaire », a averti M. Lowcock. « Une escalade des hostilités serait d'autant plus dévastatrice dans ce contexte », a-t-il ajouté, soulignant que « les dangers d’un conflit renouvelé sont toujours présents ».

Aujourd’hui, la préoccupation immédiate de l’ONU est d’apporter une assistance humanitaire aux familles syriennes dans le besoin durant l’hiver alors que les températures baissent. « Les distributions sont en cours », a dit M. Lowcock, qui est également le Coordinateur des secours d’urgence des Nations Unies.

OCHA a élaboré des plans visant à atteindre plus de 3 millions de personnes identifiées comme celles ayant le plus besoin d’aide. Mais le financement actuel ne lui permettra d’atteindre que 2,3 millions de personnes. M. Lowcock a demandé davantage d’aide de la part des bailleurs de fonds.

« Le peuple syrien continue de souffrir profondément à l'intérieur et à l'extérieur de la Syrie »

« Soyons honnêtes », a dit l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, aux membres du Conseil de sécurité. « Après près d’une décennie de conflit, le processus politique n’a pas abouti pour le peuple syrien et il continuent de souffrir profondément - à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de la Syrie ».

M. Pedersen a rappelé que seule une solution politique pourra mettre fin aux souffrances des Syriens et empêcher la reprise du conflit et de l’instabilité.

Dans sa rétrospective de l’année 2020 pour la Syrie, l’Envoyé spécial estime que la communauté internationale peut s’appuyer sur deux éléments : un calme relatif sans changement de lignes de front depuis mars 2020 et un comité constitutionnel.

« Alors que nous nous tournons vers 2021, nous avons besoin d'un processus plus profond et plus large : un cessez-le-feu à l'échelle nationale, une rédaction constitutionnelle de fond et un effort plus important pour aborder la gamme complète des problèmes, avec des actions pour renforcer la confiance et les mouvements, étape par étape », a dit M. Pedersen. Des objectifs pour la nouvelle année qui requiert, selon lui, « une nouvelle forme de coopération internationale sur la Syrie », avec les acteurs clés et les questions clés à la table (des négociations).

Compte tenu des profondes divisions en Syrie, dans la région et au niveau international, forger un consensus permettant d’avancer sur des mesures réciproques et de mener une diplomatie « vraiment constructive » s’avèrera très difficile, a reconnu l’envoyé onusien. Il s’est tout de même dit convaincu qu’un tel consensus est possible, notamment en raison d’intérêts communs existants. 

M. Pedersen a assuré qu’il continuerait à discuter avec les parties syriennes et les principales parties prenantes internationales et à chercher à identifier des moyens nouveaux et supplémentaires de faire avancer le processus politique en Syrie.

« De toute évidence, nous ne pouvons pas faire cela seuls. Nous avons besoin du soutien fort et uni du Conseil (de sécurité) pour tracer la voie vers la mise en œuvre de la résolution 2254 », a-t-il conclu, en référence au texte adopté il y a cinq ans par les membres du Conseil et appelant à un cessez-le-feu et à un règlement politique du conflit syrien.