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Covid-19 : l'effondrement de la demande va paralyser l'industrie de l'habillement en Asie-Pacifique (OIT)

Une ouvrière dans un atelier de confection à Gazipur, au Bangladesh.
ONU/Kibae Park
Une ouvrière dans un atelier de confection à Gazipur, au Bangladesh.

Covid-19 : l'effondrement de la demande va paralyser l'industrie de l'habillement en Asie-Pacifique (OIT)

Développement économique

La pandémie de Covid-19 a déclenché des mesures de confinement des gouvernements, fait s'effondrer la demande des consommateurs et perturbé les importations de matières premières, frappant particulièrement durement l'industrie de l'habillement de la région Asie-Pacifique, selon un nouveau rapport publié mercredi par l'Organisation internationale du travail (OIT).

 

 

L'agence des Nations Unies pour l'emploi a souligné qu'au cours du premier semestre 2020, les importations asiatiques avaient chuté de 70 %.

De plus, en septembre, près de la moitié des emplois de la chaîne d'approvisionnement de l'habillement dépendaient des consommateurs vivant dans les pays où les conditions de verrouillage étaient les plus strictes, ce qui a entraîné une chute des ventes au détail.

La Directrice régionale de l'OIT pour l'Asie et le Pacifique, Chihoko Asada Miyakawa, a souligné que la recherche met en évidence « l'impact massif que la Covid-19 a eu sur l'industrie de l'habillement à tous les niveaux ».

En 2019, la région Asie-Pacifique employait environ 65 millions de personnes dans le secteur, soit 75 % de l'ensemble des travailleurs de l'habillement dans le monde, révèle le rapport.

Bien que les gouvernements de la région aient réagi de manière proactive à la crise, des milliers d'usines ont été fermées - temporairement ou pour une durée indéterminée - ce qui a entraîné une forte augmentation des licenciements de travailleurs.

Et les usines qui ont rouvert fonctionnent souvent avec une capacité de main-d'œuvre réduite.

« L'ouvrière typique de l'habillement dans la région a perdu au moins deux à quatre semaines de travail et n'a vu que trois de ses collègues sur cinq rappelés à l'usine lors de sa réouverture », a déclaré Christian Viegelahn, économiste du travail au bureau régional de l'OIT pour l'Asie et le Pacifique.

« Les baisses de salaire et les retards dans le paiement des salaires étaient également fréquents parmi les travailleurs de l'habillement encore employés au deuxième trimestre 2020 », a-t-il ajouté.

Les femmes et les filles dans l'industrie de la confection sont souvent forcées d'accepter des salaires faibles et des heures supplémentaires. Photo OIT/A. Khemka
Les femmes et les filles dans l'industrie de la confection sont souvent forcées d'accepter des salaires faibles et des heures supplémentaires. Photo OIT/A. Khemka

Les femmes les plus touchées

Comme les femmes constituent la grande majorité des travailleurs de l'habillement de la région, elles sont touchées de manière disproportionnée par la crise, selon le rapport.

En outre, leur situation est exacerbée par les inégalités existantes, notamment l'augmentation de la charge de travail et la surreprésentation des femmes, ainsi que l'augmentation du travail de soins non rémunéré et la perte de revenus qui en résulte.

Afin d'atténuer la situation, le document appelle à un dialogue social inclusif au niveau national et sur le lieu de travail, dans les pays de la région.

Il recommande également de continuer à soutenir les entreprises, tout en étendant la protection sociale des travailleurs, en particulier des femmes.

Le récent appel à l'action mondial de l'OIT pour soutenir les fabricants et les aider à survivre aux perturbations économiques de la pandémie - et protéger les revenus, la santé et l'emploi des travailleurs de l'habillement - a été cité comme « un exemple prometteur de solidarité à l'échelle de l'industrie pour faire face à la crise ».

« Il est vital que les gouvernements, les travailleurs, les employeurs et les autres parties prenantes de l'industrie travaillent ensemble pour faire face à ces conditions sans précédent et aider à forger un avenir plus humain pour l'industrie », a soutenu Mme Miyakawa.

L'étude a évalué l'impact de la pandémie sur les chaînes d'approvisionnement, les usines et les travailleurs au Bangladesh, au Cambodge, en Chine, en Inde, en Indonésie, au Myanmar, au Pakistan, aux Philippines, au Sri Lanka et au Viet Nam.

Elle est basée sur la recherche et l'analyse de données accessibles au public ainsi que sur des entretiens menés dans tout le secteur en Asie.