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Soixante-quinze ans après l’Holocauste, l’antisémitisme est loin d’être éteint (ONU)

La salle l’Assemblée générale des Nations Unies lors d'une réunion consacrée à l'antisémitisme.
Photo : ONU/Manuel Elias
La salle l’Assemblée générale des Nations Unies lors d'une réunion consacrée à l'antisémitisme.

Soixante-quinze ans après l’Holocauste, l’antisémitisme est loin d’être éteint (ONU)

Droits de l'homme

Lors d’une réunion de l’Assemblée générale des Nations Unies mercredi à New York, deux hauts responsables de l’ONU ont appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts face a la persistance de l’antisémitisme et « au tsunami de haine ».

« Nous devons travailler plus dur pour que les graines de la haine ne trouvent pas de terrain fertile », a déclaré la Présidente de l’Assemblée générale des Nations Unies, María Fernanda Espinosa.

Selon elle, l’éducation est indispensable pour lutter contre l’intolérance, combattre le mensonge et la désinformation et neutraliser l'appel des populistes et des extrémistes. Mme Espinosa a salué les efforts déployés « depuis longtemps » par l'Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) pour prévenir l'antisémitisme, l'islamophobie et d'autres formes d'intolérance.

« Mais nous ne devons pas voir l'éducation comme une "vaccination" qui vous donne une immunisation à vie. Se souvenir de l'Holocauste ne devrait pas être limité aux cours d'histoire », a dit la Présidente de l’Assemblée générale, estimant que les discussions sur le bouddhisme, l'hindouisme et d'autres religions ne devraient pas être facultatives. « Des études ont montré que même dans des communautés diverses et bien éduquées, il existe un manque choquant de connaissances sur les atrocités du passé et les formes contemporaines de discrimination », a-t-elle alerté.

Et l'éducation ne suffit pas à contrer la haine, estime Mme Espinosa. « Nous avons vu des personnes très instruites mener l'assaut contre les valeurs que nous chérissons comme civilisation moderne », a-t-elle constaté, appelant à changer les mentalités, à défendre courageusement les valeurs, chaque fois qu’elles sont remises en cause et à lutter contre toutes les manifestations d’intolérance. « Ces actes collectifs d’affirmation de ce qui est juste, acceptable, constituent le rempart contre ces forces qui cherchent à nous tirer vers l'abîme », a-t-elle dit.

Alors que les démagogues s’approprient le langage des droits de l'homme pour défendre leur propagande, la Présidente de l’Assemblée générale a souligné que « le discours de haine n'est pas un discours libre. C'est du racisme ».

Le rabbin Yisroel Goldstein, de Californie, s'exprime devant l'Assemblée générale des Nations Unies.
Photo : ONU/Manuel Elias
Le rabbin Yisroel Goldstein, de Californie, s'exprime devant l'Assemblée générale des Nations Unies.

Un  « tsunami de haine »

Face au « tsunami de haine », le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a, pour sa part, assuré qu’il continuera à dénoncer « haut et fort et sans réserve » l'antisémitisme, le racisme et toutes autres formes de discrimination.

Pour M. Guterres, le combat de l’ONU face à ces maux est au cœur de l’identité de l’organisation fondée en réponse au génocide des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale.

« L’Holocauste s’est produit très récemment - il n’est pas plus vieux qu’une durée de vie humaine moyenne », a-t-il rappelé. « Et il s’est produit pas très loin (d’ici) : c’est arrivé au cœur de l’Europe et cela reste au centre de notre conscience alors que nous luttons contre l’antisémitisme et d’autres formes d’intolérance aujourd'hui ».

Si Hitler a été vaincu en 1945, « l'antisémitisme ne s'est pas éteint. Loin de là », a souligné le chef de l’ONU. « Aux États-Unis, en Europe et ailleurs, les attaques contre les synagogues, les cimetières et les individus continuent de mettre beaucoup de Juifs en danger. Cette haine séculaire montre un pouvoir insoutenable », a déploré M. Guterres.

Le Secrétaire général a toutefois souligné que l'intolérance est « un monstre à plusieurs têtes », faisant référence aux attaques meurtrières perpétrées ces derniers mois dans différentes parties du monde contre des synagogues, des mosquées et des églises et à l'hostilité à l’égard des réfugiés et des migrants.

Alors que « les suprémacistes blancs et les néo-nazis sont encouragés par des élections montrant l'attrait de leurs messages racistes », M. Guterres a appelé à renforcer la cohésion sociale afin que tous les membres de la société puissent avoir le sentiment que leur identité est respectée et qu’ils soient acteurs de leur avenir.