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Syrie : le chef de l’ONU appelle à éviter un bain de sang à Idlib

Le Secrétaire général de l'ONU António Guterres lors d'un point de presse à New York (archives)
Photo : ONU/Manuel Elias
Le Secrétaire général de l'ONU António Guterres lors d'un point de presse à New York (archives)

Syrie : le chef de l’ONU appelle à éviter un bain de sang à Idlib

Paix et sécurité

Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a appelé mardi toutes les parties « directement et indirectement impliquées » dans le conflit en Syrie à tout faire pour éviter un « bain de sang » dans la province d’Idlib.

Dernier bastion de la rébellion syrienne, Idlib fait actuellement face à une offensive militaire de grande ampleur par les forces gouvernementales.

« Il est absolument essentiel d'éviter une bataille de grande ampleur à Idlib. Cela déclencherait un cauchemar humanitaire sans précédent dans le sanglant conflit syrien », a déclaré M. Guterres lors d’un point de presse au siège de l’ONU à New York, avant son départ pour le Ghana où il doit assister aux funérailles de son prédécesseur, Kofi Annan.

Près de la moitié des 2,9 millions des personnes vivant dans la province d’Idlib y a trouvé refuge après avoir fui des affrontements dans le reste de la Syrie. Parmi elles, près d’un million d’enfants. « Leurs vies ont été bouleversées et elles n'ont nulle part où aller », a dit le Secrétaire général.

Devant les journalistes, le chef de l’ONU a dit comprendre que la situation actuelle à Idlib n'est pas « tenable » et que la présence de groupes terroristes sur place ne peut être tolérée. « Mais la lutte contre le terrorisme ne dispense pas les parties belligérantes de leurs obligations fondamentales en vertu du droit international », a souligné M. Guterres.

« Idlib est la dernière ‘zone de désescalade’ en Syrie » prévue par les accords d’Astana, a rappelé le Secrétaire général. « Il ne faut pas la laisser se transformer en bain de sang », a-t-il ajouté.

Il faut « trouver des solutions pour protéger les civils »

M. Guterres a, en particulier, appelé les trois garants des accords d’Astana, à savoir l’Iran, la Russie et la Turquie, à ne ménager aucun effort pour trouver des solutions visant à protéger les civils. « Préservez les services de base tels que les hôpitaux. Assurez le plein respect du droit international humanitaire », leur a-t-il demandé.

« Il va sans dire qu'au 21ème siècle, toute utilisation d'armes chimiques est totalement inacceptable », a souligné le Secrétaire général. « Au-delà du coût humain immédiat, une telle utilisation conduirait à une situation incontrôlable », a-t-il prévenu.

Pour le chef de l’ONU, tous ces facteurs soulignent le besoin urgent de progresser davantage dans le processus de pourparlers enclenchés à Genève sous l’égide de son Envoyé spécial pour la Syrie, Staffan de Mistura, qui « poursuivra ses efforts 24 heures sur 24 », et en particulier la création d’un comité constitutionnel dans le cadre d’une volet politique global.

« Il n'y a pas de solution militaire au conflit. La solution doit être politique », a dit M. Guterres, assurant les médias qu’il continuera de répéter ces messages « au Conseil de sécurité et à toutes les parties, en privé comme en public ». « Nous avons la responsabilité collective de protéger les personnes qui ont déjà tant souffert », a-t-il conclu.

Réunion du Conseil de sécurité sur Idlib

Le Conseil de sécurité s’est réuni mardi matin pour discuter de la situation en Syrie. Les membres du Conseil ont exprimé des points de vue divergents sur les résultats obtenus lors du sommet des garants du processus d’Astana pour une réduction de la violence à Idlib.

La Russie, qui avait demandé la convocation de cette réunion, a déclaré que le sommet qui s’est tenu le 7 septembre à Téhéran entre les garants du processus d’Astana avait été « constructif » et était un « jalon important dans le relèvement de la Syrie ».

Les Etats-Unis en revanche ont estimé que ce processus était un « échec » et ont promis des « conséquences sérieuses » pour toute offensive militaire à Idlib. 

La France a regretté pour sa part qu’il n’y ait pas eu engagement ferme de la Russie et de l’Iran à préserver la désescalade « dont ils se sont portés garants. » La France ne tolèrera aucun nouvel usage d’armes chimiques, et est prête, avec ses proches partenaires, « à réagir en cas d’attaque chimique », a dit le Représentant de la France, appuyé par son homologue des Etats-Unis.