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Les agences humanitaires de l'ONU mettent en garde contre une catastrophe humanitaire à Idlib

Un enfant de sept ans debout devant son école endommagée à Idlib, en Syrie, en octobre 2016.
UNICEF
Un enfant de sept ans debout devant son école endommagée à Idlib, en Syrie, en octobre 2016.

Les agences humanitaires de l'ONU mettent en garde contre une catastrophe humanitaire à Idlib

Aide humanitaire

De hauts responsables humanitaires de l’ONU se sont déclarés vivement préoccupés par la récente escalade des hostilités à Idlib, région du nord-ouest de la Syrie.

Le coordonnateur humanitaire régional de l’ONU pour la crise syrienne, Panos Moumtzis, a condamné les attaques meurtrières perpétrées ces derniers jours dans des zones peuplées par des civils, soulignant qu’elles ont entrainé le déplacement de plus de 30.000 hommes, femmes et enfants.

« Cette dernière escalade militaire a une nouvelle fois un impact dramatique sur les civils. En tant qu’humanitaires, notre crainte est que le pire est peut-être encore à venir », a déclaré mardi Jens Laerke, le porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) lors d’un point de presse à Genève.

Les inquiétudes d’OCHA portent principalement « sur la sécurité et la protection d’environ 2,9 millions de civils résidant à Idlib, notamment le sort de 1,4 million de personnes déplacées internes, dont la majorité sont des femmes et des enfants venus d'autres régions de Syrie », a souligné M. Laerke.

Les récentes attaques à Idlib n’ont pas épargné les établissements de santé. En moins d'une semaine, quatre hôpitaux de la région ont été frappés. M. Moumtzis a rappelé à toutes les parties au conflit en Syrie qu'elles ont, en vertu du droit humanitaire international, l'obligation de protéger les civils.

Cette crainte sur le sort des civils d’Idlib a été partagée par le Secrétaire général adjoint de l’ONU pour les affaires humanitaires, Mark Lowcock. Celui qui est également Coordonnateur des secours d’urgence a averti que la bataille d’Idlib - ultime bastion des rebelles dans la Syrie en guerre - pourrait devenir la « pire catastrophe humanitaire » du 21e siècle.

« Il est reconnu qu'il y a là un grand nombre de combattants, y compris des terroristes d'organisations proscrites. Mais je pense qu'il y a 100 civils, la plupart des femmes et des enfants, pour chaque combattant à Idlib », a déclaré lundi M. Lowcock lors d’une conférence de presse à Genève.

Manar, 13 ans, est assise dans un camion qui l'emmène travailler dans un champ de pommes de terre, à Fayda, dans la vallée de Bekaa, au Liban (juin 2014). Manar a fui Idlib avec sa famille en 2011.
HCR/Andrew McConnell
Manar, 13 ans, est assise dans un camion qui l'emmène travailler dans un champ de pommes de terre, à Fayda, dans la vallée de Bekaa, au Liban (juin 2014). Manar a fui Idlib avec sa famille en 2011.

Déficit de financement pour les programmes d’aide aux réfugiés

Dans ce contexte de poursuite des violences, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a sonné l’alarme sur le grave manque de financement de ses opérations d’aide aux millions de Syriens déplacés au sein du pays (plus de 6 millions) et réfugiés (plus de 5,6 millions, dont 2,6 millions d'enfants) dans la région.

Environ 270 millions de dollars sont nécessaires d’urgence cette année pour venir en aide aux Syriens les plus vulnérables, notamment à l’approche de l'hiver. Sur ces 270 millions de dollars, 44 millions de dollars doivent servir à financer les activités de prestations en espèces dont l’arrêt est prévu en novembre.

« Actuellement, 196,5 millions de dollars permettraient au HCR de poursuivre ses programmes essentiels jusqu'à la fin de l'année en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Iraq et en Égypte », a déclaré Babar Baloch, le porte-parole du HCR lors d’un point de presse mardi à Genève.

« Sur le montant total de 1,97 milliard de dollars pour 2018 pour la Syrie, le HCR a reçu jusqu’ici 610 millions de dollars, soit 31% des besoins », a ajouté M. Baloch.

Réunion entre Staffan de Mistura et les garants d’Astana

Sur le front diplomatique, l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, poursuit ses consultations avec les garants de l’accord signé à Astana.

M. de Mistura a entamé mardi à Genève une réunion avec les représentants de la Russie, de l'Iran et de la Turquie. L’envoyé onusien s’est entretenu avec les délégations menées par l'émissaire du Kremlin sur la Syrie, Alexandre Lavrentiev, le ministre iranien des affaires étrangères, Hossein Jaberi Ansari et le vice-ministre turc des affaires étrangères, Sedat Önal.

Le Conseil de sécurité doit se réunir mardi matin (11 heures, heure de New York) sur la situation à Idlib.