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Yémen : l’ONU appelle toutes les parties à respecter le droit humanitaire et à protéger les civils

Des enfants recevant des soins au Yémen, où les conflits et l'effondrement du système de santé ont provoqué la plus grande épidémie de choléra au monde
UNICEF/UN065871/Alzekri
Des enfants recevant des soins au Yémen, où les conflits et l'effondrement du système de santé ont provoqué la plus grande épidémie de choléra au monde

Yémen : l’ONU appelle toutes les parties à respecter le droit humanitaire et à protéger les civils

Aide humanitaire

Le Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU a appelé toutes les parties au conflit au Yémen à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et à faire en sorte que tout soit fait pour protéger les civils.

Dans ce pays du sud de la péninsule arabique, en guerre depuis 2014, l’escalade des conflits, les restrictions croissantes sur l'action humanitaire et la réduction des importations commerciales vitales menacent plus de 22 millions de personnes.

« Ces facteurs aggravent la pire crise humanitaire au monde à un moment où des millions de Yéménites sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë et à une résurgence possible du choléra ou de la diarrhée aqueuse », a dit Mark Lowcock dans une déclaration publiée jeudi soir.

Au Yémen, quelque 8,4 millions de personnes souffrent d'insécurité alimentaire grave et risquent de mourir de faim. « Si les conditions ne s'améliorent pas, 10 millions de personnes supplémentaires entreront dans cette catégorie d'ici la fin de l'année », a alerté M. Lowcock qui dirige le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).

Un enfant sur quatre n'est pas scolarisé en raison du conflit yéménite, « ce qui les prive d'opportunités et les expose davantage aux risques de recrutement par des groupes armés et à d'autres violations de leurs droits », a dit M. Lowcock. « Les fonctionnaires, y compris les enseignants et les agents de santé dans les régions du nord, ne sont toujours pas rémunérés », a-t-il ajouteé, appelant le gouvernement yéménite à prendre des mesures afin que tous les fonctionnaires reçoivent leurs salaires partout où ils se trouvent dans le pays.

Les frappes aériennes au Yémen mettent de nombreux Yéménites en danger et causent un grand nombre de morts parmi les civils. Depuis décembre 2017, l'escalade des conflits le long de la côte ouest et à Taizz a déplacé plus de 130.000 personnes qui s’ajoutent aux quelque 3 millions de personnes chassées de leurs foyers depuis 2015. De nombreux missiles aveugles lancés par les forces Houthi en Arabie Saoudite ajoutent une dimension supplémentaire au conflit et mettre plus de civils en danger.

Sur le terrain, les agences humanitaires sont confrontées à des restrictions croissantes sur leur travail imposées par les autorités dans les régions du nord. Le personnel humanitaire est détenu et intimidé et les visas sont retardés et refusés. « Les programmes et les missions sont entravés d'une manière qui contredit les principes humanitaires », a dénoncé M. Lowcock, demandant que des mesures soient rapidement prises pour mettre fin à ces obstructions.

Les importations de produits alimentaires en déclin

Bien que les importations d'aide se soient récemment maintenues, celles de produits alimentaires et de combustibles commerciaux restent bien en deçà des moyennes avant le blocus.

M. Lowcock s’est dit particulièrement préoccupé par le déclin récent des importations de produits alimentaires commerciaux dans les ports de la mer Rouge. La pression sur la monnaie et une crise de liquidité dans le système bancaire yéménite rendent les importations moins viables pour les négociants. La confiance entre les compagnies maritimes commerciales s'est érodée en raison des retards, notamment à la suite des inspections menées par la coalition dirigée par l'Arabie saoudite après que ces navires eurent été approuvés par le Mécanisme de vérification et d’inspection de l’ONU pour le Yémen (UNVIM).

« Certaines entreprises nous disent craindre que les ports puissent à nouveau fermer comme ils l'ont fait pendant plusieurs semaines fin 2017, même si la Coalition a envoyé une confirmation écrite aux organisations internationales confirmant que tous les ports, y compris Hudaydah et Saleef, sont ouverts », a dit M. Lowcock, également préoccupé par le fait que les fournitures humanitaires essentielles, y compris les articles nécessaires pour faire face à l'épidémie de choléra, restent sur la liste des importations interdites.

Le Coordonnateur des secours d’urgence a appelé le gouvernement du Yémen, avec le soutien de la Coalition, à prendre des mesures actives pour stimuler les importations commerciales de denrées alimentaires, de carburant et de fournitures humanitaires à travers tous les ports du pays.

Pont aérien médical entre Sanaa et l'Arabie saoudite et l'Égypte

En avril, 40 bailleurs de fonds ont promis plus de 2 milliards de dollars d'aide humanitaire au Yémen pour 2018. Un tel soutien permet aux organisations humanitaires d'atteindre des millions de personnes à travers le pays tous les mois. « Il est encourageant de voir l'impact lorsque des mesures positives sont prises » a dit le chef de l’humanitaire de l’ONU. Ce dernier a notamment salué la décision de toutes les parties d'ouvrir un pont aérien médical entre Sanaa et l'Arabie saoudite et l'Égypte pour transporter les patients atteints de maladies qui ne peuvent pas être soignés au Yémen vers des établissements où ils peuvent recevoir l'aide dont ils ont besoin.

« Les agences humanitaires sont prêtes à accroître leur aide au peuple yéménite. Nous avons les ressources pour le faire, et nous demandons une plus grande coopération de toutes les parties et parties prenantes à cette fin », a dit M. Lowcock.