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Beyrouth, la capitale du Liban.

Les attaques à Beyrouth et Téhéran représentent une « dangereuse escalade », selon Guterres

Piotr Chrobot/Unsplash
Beyrouth, la capitale du Liban.

Les attaques à Beyrouth et Téhéran représentent une « dangereuse escalade », selon Guterres

Paix et sécurité

Les attaques au sud de Beyrouth, au Liban, et à Téhéran, en Iran, représentent « une escalade dangereuse » à un moment où tous les efforts devraient plutôt aboutir à un cessez-le-feu à Gaza et à la libération de tous les otages israéliens, a déclaré mercredi le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres.

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Israël a annoncé avoir mené une « frappe aérienne ciblée » ayant visé, dans le sud de Beyrouth, un commandant du groupe libanais Hezbollah, Fouad Chokr, responsable, selon Israël, d'une attaque meurtrière au Golan.

Samedi, une attaque à la roquette meurtrière avait visé un terrain de football dans le Golan occupé par Israël. Douze civils, principalement des enfants et des adolescents, avaient été tués. Israël a imputé l'attaque au Hezbollah, qui a nié toute responsabilité.

Quelques heures après la frappe aérienne à Beyrouth, Ismail Haniyeh, l’un des plus hauts dirigeants du Hamas, a été assassiné en Iran, où il se trouvait pour l'investiture du nouveau Président iranien. Le Hamas a accusé Israël d'être responsable de cet assassinat.

« Le Secrétaire général estime que les attaques dont nous avons été témoins au sud de Beyrouth et à Téhéran représentent une escalade dangereuse à un moment où tous les efforts devraient plutôt aboutir à un cessez-le-feu à Gaza, à la libération de tous les otages israéliens, à une augmentation massive de l’aide humanitaire aux Palestiniens de Gaza et à un retour au calme au Liban et de l’autre côté de la Ligne bleue (qui sépare le Liban d'Israël) », a dit son porte-parole, Stéphane Dujarric, dans une déclaration à la presse.

« Au lieu de cela, nous assistons à des efforts visant à saper ces objectifs », a-t-il ajouté.

Appel à la désescalade

Il a rappelé que « le Secrétaire général a toujours appelé chacun à faire preuve de la plus grande retenue ». « Il est cependant de plus en plus évident que la retenue seule ne suffit pas en cette période extrêmement sensible. Le Secrétaire général exhorte chacun à œuvrer vigoureusement à une désescalade régionale dans l’intérêt d’une paix et d’une stabilité à long terme pour tous », a-t-il ajouté.

« La communauté internationale doit œuvrer de concert pour empêcher de toute urgence toute action qui pourrait pousser l’ensemble du Moyen-Orient au bord du précipice, avec des conséquences dévastatrices pour les civils. Le moyen d’y parvenir est de faire avancer une action diplomatique globale en faveur d’une désescalade régionale », a-t-il encore dit.

Mardi soir, le porte-parole du Secrétaire général avait déjà exprimé la vive inquiétude des Nations Unies face aux frappes israéliennes dans la banlieue sud densément peuplée de Beyrouth, mardi, qui ont fait des dizaines de victimes civiles.

« En attendant de plus amples éclaircissements sur les circonstances, nous exhortons à nouveau les parties à faire preuve de la plus grande retenue et appelons toutes les parties concernées à éviter toute nouvelle escalade », avait déclaré Stéphane Dujarric dans une note à la presse.

Il avait appelé toutes les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international, à s’engager de toute urgence à mettre en œuvre pleinement la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée en réponse à la guerre de 2006 entre le Hezbollah et Israël, et à revenir immédiatement à une cessation des hostilités.

La Ligne bleue, qui sépare le Liban et Israël; près des fermes de Shebaa.
Hugh Macleod/IRIN
La Ligne bleue, qui sépare le Liban et Israël; près des fermes de Shebaa.

Utiliser les voies diplomatiques

La Coordinatrice spéciale de l’ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, a également appelé au « calme » dans une déclaration exprimant sa profonde inquiétude face aux frappes dans la banlieue sud de Beyrouth.

Elle a souligné qu’il n’existe pas de solution militaire et a appelé Israël et le Liban à « utiliser toutes les voies diplomatiques pour rechercher un retour à la cessation des hostilités et à s’engager à nouveau à mettre en œuvre la résolution 1701 (2006) ».

De son côté, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, est arrivé au Liban cette semaine, dans le cadre d'une tournée au Moyen-Orient. Il a rencontré de hauts responsables gouvernementaux et militaires à Beyrouth. Les discussions ont porté sur la situation actuelle au sud du Liban et de l'autre côté de la Ligne bleue, ainsi que sur le travail crucial accompli par la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), a précisé le porte-parole du Secrétaire général.

Jeudi, M. Lacroix doit se rendre à Naquora, pour visiter le quartier général de la FINUL et rencontrer les soldats de la paix qui patrouillent actuellement activement le long de la Ligne bleue.

Implications de grande portée pour la région

Le principal envoyé de l'ONU au Moyen-Orient a également exprimé sa profonde inquiétude face aux récents développements qui, selon lui, « pourraient avoir des implications de grande portée pour la région ».

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Dans une série de messages sur la plateforme de médias sociaux X, anciennement Twitter, Tor Wennesland a appelé à la retenue et à éviter toute action susceptible de déstabiliser davantage la région.

Le Coordinateur spécial de l'ONU pour le processus au Moyen-Orient a déclaré qu'il était en contact avec toutes les parties concernées pour œuvrer à la désescalade des tensions, et que l'objectif était clair : une désescalade régionale, notamment en parvenant à un cessez-le-feu et à la libération de tous les otages à Gaza, et en travaillant à une solution durable.

Réunion du Conseil de sécurité

Lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité mercredi après-midi, la cheffe des affaires politiques de l’ONU, Rosemary DiCarlo, a estimé que « les diverses attaques de ces derniers jours représentent une escalade grave et dangereuse ».

« Elles se déroulent dans le contexte de la guerre en cours à Gaza, où le Hamas continue de détenir des otages enlevés en Israël le 7 octobre, dans un contexte de poursuite des hostilités et d’une situation humanitaire catastrophique pour la population palestinienne de la bande de Gaza », a-t-elle dit dans un exposé devant les membres du Conseil.

Mme DiCarlo a jugé qu’il était « urgent de déployer des efforts diplomatiques pour changer la trajectoire et trouver une voie vers la paix et la stabilité régionales ». « Communiquer au moyen de missiles, de drones armés et d’autres attaques meurtrières doit cesser », a-t-elle dit.

« Nous avons besoin d’une action diplomatique rapide et efficace pour une désescalade régionale », a-t-elle ajouté, rappelant que le Conseil « joue un rôle crucial à cet égard ».