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Les déplacements internes vont exploser avec la multiplication des conflits et de la crise climatique – Experte ONU

Des millions de personnes sont toujours déplacées au Nigéria en raison des conflits, des effets du changement climatique et des catastrophes naturelles. Sur cette photo d'archive, une fille transporte de l'eau jusqu'à son abri dans un camp de personnes d…
© UNICEF/KC Nwakalor
Des millions de personnes sont toujours déplacées au Nigéria en raison des conflits, des effets du changement climatique et des catastrophes naturelles. Sur cette photo d'archive, une fille transporte de l'eau jusqu'à son abri dans un camp de personnes déplacées dans le nord-est du pays.

Les déplacements internes vont exploser avec la multiplication des conflits et de la crise climatique – Experte ONU

Climat et environnement

Les mouvements de populations à l’intérieur des pays vont exploser avec la multiplication des conflits et de la crise climatique, a alerté vendredi devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, une Experte indépendante des Nations Unies. 

Présentant son rapport, qui traite de la réinstallation planifiée des personnes dans le contexte des catastrophes et des effets néfastes des changements climatiques, Paula Gaviria Betancur, Rapporteuse spéciale sur les droits humains des personnes déplacées dans leur propre pays, a indiqué que les déplacements internes dans ce contexte devraient augmenter à mesure que les changements climatiques s’intensifient.

Les changements climatiques n’agissent jamais seul comme un facteur de risque, a en outre souligné Mme Gaviria Betancur : ils contribuent à rendre les dangers plus fréquents et plus intenses, ce qui rend les communautés plus vulnérables. 

Les déplacements internes dans le contexte de catastrophes soudaines ou lentes et des effets néfastes du changement climatique devraient augmenter à mesure que le changement climatique s’intensifie. « 70 % des déplacés internes se trouvent dans des États fragiles ou touchés par des conflits, qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes du changement climatique », a-t-elle rappelé. 

7,7 millions de personnes déplacées en raison de catastrophes naturelles et du changement climatique

Cet avertissement intervient dans un contexte dans lequel chaque année, le nombre de déplacés dans le monde atteint un niveau record. Des dizaines de millions de personnes sont aux prises avec les conséquences dévastatrices des déplacements causés par de nouveaux conflits, des catastrophes plus fréquentes et l’absence de responsabilité pour les violations des droits de l’homme.

A la fin de 2023, l’ONU recensait dans le monde 68,3 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays en raison des conflits et de la violence, soit une augmentation de 49% par rapport à il y a cinq ans. Outre les personnes déplacées par les conflits et la violence, 7,7 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur de leur pays à la fin de 2023 en raison d’inondations, de tempêtes, de tremblements de terre, d’incendies de forêt et d’autres catastrophes.

Face à ces mouvements liés à la crise climatique, les personnes ont le droit fondamental de rester chez elles ou de rentrer chez elles après avoir été déplacées, et les États ont la responsabilité de développer des mesures d’adaptation aux changements climatiques et d’atténuation et de prévention des catastrophes pour préserver les établissements humains intacts chaque fois que cela est possible.

Pour l’Experte onusienne, la réinstallation ne devrait alors être envisagée qu’en dernier recours, si elle est nécessaire pour protéger la vie et la santé et sur la base de consultations avec les communautés touchées ou à leur demande.

Des familles déplacées arrivent à Gao, au Mali, après avoir été forcées de fuir leurs maisons à cause de la violence.
© UNHCR/Abdoulatif Halidou
Des familles déplacées arrivent à Gao, au Mali, après avoir été forcées de fuir leurs maisons à cause de la violence.

Le défi de la réinstallation

« Les réinstallations ne devraient être entreprises que dans des circonstances exceptionnelles où elles sont inévitables et absolument nécessaires en raison de l’impossibilité de maintenir des établissements humains dans des zones exposées au danger ». 

D’autant que trop souvent, les personnes et les communautés relocalisées sont confrontées à de profondes répercussions sociales et culturelles et à des violations de leurs droits humains, notamment en matière de logement, de soins de santé, d’éducation et de droits culturels, ainsi qu’à des incertitudes juridiques sur le régime foncier lors de la réinstallation, sans parler de l’accès à la terre ou à des moyens de subsistance basés sur l’eau. 

Elle a indiqué avoir conclu qu’une approche fondée sur les droits de l’homme pour l’évaluation, la planification et la mise en œuvre de la réinstallation planifiée peut atténuer les impacts négatifs sur les droits de l’homme et, dès le départ, jeter les bases de solutions durables. Cela nécessite une approche dirigée par le gouvernement et l’ensemble de la société, avec des cadres fondés sur les droits de l’homme, conformément aux normes internationales en matière de droits de l’homme. 

Plus de 80 % de la population de Gaza est maintenant déplacée

Au Conseil des droits de l’homme, l’Experte s’est, par ailleurs, alarmée, de « la catastrophe humanitaire sans précédent » qui se déroule à Gaza, au Soudan et en Haïti au cours des derniers mois. Près de 83% de la population de Gaza est maintenant déplacée et plus de 70% des maisons y sont détruites. 

Au Soudan, des rapports récents indiquent que 9,9 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays. 

L’escalade de la violence et la crise de protection en Haïti ont entraîné un record d’environ 600.000 déplacements internes en 2024, soit plus du double du chiffre de 2022. 

Pendant ce temps, au Myanmar, la grande majorité des 3 millions de personnes déplacées sont toujours sans abri approprié et sans accès à la nourriture et à l’eau.

 

NOTE : 

Les Rapporteurs spéciaux, les experts indépendants et les groupes de travail font partie de ce que l’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, le plus grand groupe d’experts indépendants du système des droits de l’homme des Nations unies, est le nom général des mécanismes indépendants d’enquête et de suivi du Conseil qui traitent soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les parties du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel des Nations unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et travaillent à titre individuel.