L'actualité mondiale Un regard humain
Le 26 mai, des frappes aériennes israéliennes ont touché un camp de personnes déplacées à Rafah, dans le sud de Gaza, tuant des dizaines de civils, dont des femmes et des enfants.

Gaza : Guterres a « le cœur brisé » par les images des frappes meurtrières sur un camp de déplacés à Rafah

UNRWA
Le 26 mai, des frappes aériennes israéliennes ont touché un camp de personnes déplacées à Rafah, dans le sud de Gaza, tuant des dizaines de civils, dont des femmes et des enfants.

Gaza : Guterres a « le cœur brisé » par les images des frappes meurtrières sur un camp de déplacés à Rafah

Paix et sécurité

Alors que les combats continuent de faire rage dans la bande de Gaza, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterresa dit mardi avoir « le cœur brisé » par les images des morts et des blessés, parmi lesquels de nombreux jeunes enfants, causés par des frappes aériennes israéliennes sur Rafah, le 26 mai, qui ont touché des tentes abritant des personnes déplacées.

Tweet URL

« Le Secrétaire général a condamné dans les termes les plus fermes les frappes aériennes du 26 mai sur Rafah », a dit son porte-parole dans une déclaration à la presse publiée mardi. « Comme il l’a déjà dit, l’horreur et la souffrance doivent cesser immédiatement ». La veille, dans un message sur le réseau social X, le chef de l'ONU avait déjà condamné ces frappes. « Cette horreur doit cesser », avait-il écrit.

« Le Secrétaire général pleure les plus de 36.000 Palestiniens et quelque 1.500 Israéliens tués dans les violences incessantes, y compris les horribles actes de terreur perpétrés par le Hamas et d'autres groupes armés palestiniens en Israël le 7 octobre 2023, l'offensive israélienne dévastatrice sur Gaza, la poursuite des tirs aveugles de roquettes vers Israël », a ajouté son porte-parole mardi, notant que « la catastrophe humanitaire à Gaza est désormais aggravée par la perspective inadmissible d’une famine provoquée par l’homme ».

Cessez-le-feu immédiat et libération des otages

Le chef de l’ONU a réitéré son exigence d'un cessez-le-feu immédiat et de la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages.

« Il rappelle les récentes ordonnances de la Cour internationale de Justice, qui sont contraignantes et doivent être respectées », a affirmé son porte-parole.

« Les autorités israéliennes doivent autoriser, faciliter et permettre l’acheminement immédiat, sûr et sans entrave de fournitures humanitaires à ceux qui en ont besoin et tous les points de passage doivent être ouverts », a-t-il ajouté. « Les organisations humanitaires doivent disposer d’un accès humanitaire complet, rapide, sûr et sans entrave pour atteindre tous les civils dans le besoin à travers Gaza ».

Selon le Secrétaire général, il faut travailler rapidement pour restaurer la sécurité, la dignité et l’espoir pour la population touchée. « Cela nécessitera des efforts urgents pour soutenir et renforcer le nouveau gouvernement palestinien et ses institutions, notamment en préparant l’Autorité palestinienne à reprendre ses responsabilités à Gaza. Nous devons également avancer par des mesures tangibles et irréversibles pour créer un horizon politique », a noté son porte-parole.

« La dévastation et la misère des sept derniers mois ont renforcé la nécessité absolue pour les Israéliens, les Palestiniens, les États de la région et la communauté internationale dans son ensemble de prendre des mesures urgentes qui permettront aux parties de se réengager sur la voie politique, longtemps retardée, pour parvenir à une solution à deux États. L’ONU continuera à soutenir tous ces efforts », a-t-il encore dit.

Indignation

Lundi, le chef des droits de l’homme de l’ONU a aussi exprimé son « horreur » face aux conséquences des frappes du 26 mai à Rafah.

« Les images du camp sont horribles et ne montrent aucun changement apparent dans les méthodes et les moyens de guerre utilisés par Israël, qui ont déjà causé la mort de tant de civils », a déclaré dans un communiqué Volker Türk.

Le chef de l'humanitaire de l'ONU, Martin Griffiths, a également vivement réagi sur le réseau X lundi soir.

« Que l’attaque de la nuit dernière contre Rafah soit un crime de guerre ou une 'erreur tragique', pour la population de Gaza, il n’y a pas de débat : Ce qui s’est passé la nuit dernière était la dernière abomination», a-t-il écrit.

Une famille palestinienne fuyant Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
© UNICEF/Eyad El Baba
Une famille palestinienne fuyant Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Plus d’un million de déplacés de Rafah en 20 jours

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) et l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) ont indiqué mardi que suite à l’intensification des hostilités et à des ordres d’évacuation à Rafah et dans le nord de Gaza, plus d’un million de personnes ont été déplacées de Rafah et 100.000 dans le nord de Gaza entre le 6 et le 26 mai.

« Au cours des trois dernières semaines, environ un million de personnes ont fui Rafah. Cela s’est produit alors qu’il n’y avait aucun endroit sûr où aller et au milieu des bombardements, du manque de nourriture et d’eau, des piles de déchets et des conditions de vie inadaptées », a déclaré sur le réseau social X, l’UNRWA, relevant que « jour après jour, il devient presque impossible de fournir une aide et une protection ».

Les agences humanitaires redoutent la poursuite de ces mouvements de population. D’autant qu’après le raid meurtrier d’un site de l’UNRWA près de Rafah, « des incursions terrestres et des combats intenses continuent également d’être signalés, notamment à Jabaliya, au sud de la ville de Gaza, au nord d’An Nuseirat, à l’est de Deir al Balah, ainsi qu’à l’est et au centre de Rafah ».

Seul un tiers des hôpitaux partiellement fonctionnels 

Par ailleurs, en raison de la fermeture forcée des frontières de Gaza par Israël, l’UNRWA signale que ses centres de santé n’ont pas reçu de fournitures médicales depuis 12 jours. Cela affecte particulièrement les stocks d’antibiotiques pour enfants et de médicaments antiépileptiques, indique l’OCHA dans son dernier rapport de situation.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), seul un tiers des hôpitaux de Gaza sont encore partiellement fonctionnels et peinent à répondre aux besoins en raison du manque de fournitures, d’équipements et de carburant adéquats et de l’épuisement de leur personnel.

« La fermeture continue de la frontière de Rafah, le manque de carburant et d’aide à l’entrée et à la sortie de Gaza, ainsi que les retards et les refus fréquents de missions ont entravé notre capacité à soutenir le système de santé à un moment où les opérations devraient se développer rapidement pour répondre aux besoins croissants », a déclaré sur X le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. 

Comme pour aggraver la situation, les attaques ont paralysé le système de santé de l’enclave, aucun de ses hôpitaux ne fonctionnant désormais à pleine capacité.

Plus d'un millions de personnes ont fui Rafah en trois semaines.
© UNRWA
Plus d'un millions de personnes ont fui Rafah en trois semaines.

Des problèmes de santé sans précédent

« Notre personnel est resté en première ligne à Gaza. En mai 2024, l’UNRWA avait perdu plus de 191 membres de son personnel, dont 11 professionnels de la santé. Nous sommes de tout cœur avec les familles touchées. Ce rapport souligne notre gratitude pour le dévouement de notre personnel de santé, qui continue à fournir des services de qualité malgré leur perte et le fait d’avoir été déplacé à plusieurs reprises », a déclaré lors d’un point de presse de l’ONU à Genève, Dr. Akihiro Seita, Directeur de la santé de l’UNRWA.

D’une manière générale, les réfugiés palestiniens de la bande de Gaza sont confrontés à « une urgence sanitaire sans précédent causée par la guerre la plus dévastatrice de leur histoire ». Les maladies transmissibles se propagent plus rapidement que jamais dans l’enclave, en raison de la surpopulation et du manque d’assainissement. 

Pendant la guerre, l’OMS a enregistré près de 1,5 million d’infections, dont la varicelle et l’hépatite. En outre, la malnutrition s’est aggravée, un enfant de moins de deux ans sur trois souffrant de malnutrition aiguë dans le nord de la bande de Gaza.

Les contraintes d’accès entravent l’acheminement de l’aide

Sur le plan humanitaire, les contraintes d’accès continuent d’entraver gravement l’acheminement de l’aide humanitaire vitale, exacerbant les souffrances de centaines de milliers de personnes dans toute la bande de Gaza.

Selon l’UNRWA, tout en faisant tout son possible pour ne pas interrompre l’acheminement de l’aide humanitaire, « chaque jour qui passe rend la fourniture d’aide et de protection presque impossible ».

Sur les 200 camions de fournitures humanitaires déchargés dimanche du côté palestinien, seuls 30 camions ont été pris en charge en raison des lourdes restrictions de circulation, des frappes aériennes continues des forces israéliennes, des tirs de roquettes par le Hamas, des retards et des limitations sur les itinéraires qui peuvent être utilisés. 

« Ce sont autant de défis et de restrictions supplémentaires qui ne nous permettent pas de distribuer l’aide. Elles étranglent encore plus l’opération humanitaire dont dépendent 2 millions de personnes dans la bande de Gaza », a affirmé sur X le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, réitérant son appel pour la « cession immédiate des opérations militaires à Rafah et l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza ».