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Ukraine : l’AIEA juge inquiétante une nouvelle attaque de drone ayant visé la centrale nucléaire de Zaporijjia

Une mission d'experts de l'AIEA à la centrale nucléaire de Zaporjjia et ses environs, en Ukraine (photo d'archives).
© IAEA/Fredrik Dahl
Une mission d'experts de l'AIEA à la centrale nucléaire de Zaporjjia et ses environs, en Ukraine (photo d'archives).

Ukraine : l’AIEA juge inquiétante une nouvelle attaque de drone ayant visé la centrale nucléaire de Zaporijjia

Paix et sécurité

Une nouvelle attaque de drone a visé mardi la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia (ZNPP), un nouveau signe d'une aggravation majeure de la situation en matière de sûreté et de sécurité nucléaires sur le site, a déclaré le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi.

L'équipe d'experts de l'AIEA stationnée sur place – qui a vérifié l'impact de plusieurs attaques de ce type dimanche – a rapporté avoir entendu des rafales de fusils suivies d'une forte explosion à 11 h 05, heure locale aujourd'hui, au même moment où la centrale a déclaré plus tard qu'un drone avait explosé sur le toit du centre de formation de l'établissement.

Situation précaire

« Cet incident s’ajoute aux inquiétudes croissantes concernant la situation déjà très précaire en matière de sûreté et de sécurité nucléaires dans la plus grande centrale nucléaire d’Europe, qui a été bombardée à plusieurs reprises depuis le début du conflit en février 2022 et a perdu huit fois toute alimentation électrique hors site », a déclaré l’AIEA dans un communiqué de presse.

Le centre de formation est situé juste à l'extérieur du périmètre du site, à environ un demi-kilomètre de la tranche 1, et l'incident ne constitue pas une menace pour la sûreté et la sécurité nucléaires de la ZNPP, dont les six réacteurs sont tous à l'arrêt depuis 20 mois. Cependant, du personnel du ZNPP est régulièrement présent dans le centre de formation. L'équipe de l'AIEA a demandé un accès immédiat au bâtiment pour évaluer l'impact possible, mais a été informée que la situation en matière de sécurité militaire ne le permettait pas.

« L’incident signalé aujourd’hui – bien qu’en dehors du périmètre du site – est un développement inquiétant car il indique une volonté apparente de poursuivre ces attaques, malgré les graves dangers qu’elles représentent pour la sûreté et la sécurité nucléaires et nos appels répétés à la retenue militaire. Ceux qui se trouvent derrière eux jouent avec le feu. Attaquer une centrale nucléaire est extrêmement irresponsable et dangereux, et cela doit cesser », a déclaré le chef de l’AIEA.

Le Directeur général de l'AIEA, Rafael Mariano Grossi,  lors d'une visite de la centrale nucléaire de Zaporijjia, en Ukraine.
© IAEA/Fredrik Dahl
Le Directeur général de l'AIEA, Rafael Mariano Grossi, lors d'une visite de la centrale nucléaire de Zaporijjia, en Ukraine.

Eviter un accident nucléaire

Les frappes de drones de dimanche ont signalé une nouvelle menace sérieuse pour la sécurité de la centrale, car c’était la première fois depuis novembre 2022 que la ZNPP était directement ciblée dans une action militaire. Il s'agit également de la première violation flagrante des cinq principes concrets de protection des installations établis par le Directeur général de l’AIEA au Conseil de sécurité des Nations Unies en mai de l'année dernière.

Outre les incidents de dimanche et de mardi– étayés par les observations de l'équipe de l'AIEA – les experts de l'Agence ont également été informés par la ZNPP d'autres événements similaires survenus au cours des derniers jours.

Vendredi, la ZNPP a annoncé qu’il y avait eu une frappe de drone près de l’installation de production d’oxygène et d’azote du site. Dimanche, l'équipe de l’AIEA a entendu des explosions, en plus de celles déjà signalées, et a été informée de deux autres attaques présumées de drones en dehors du périmètre du site, au port voisin et au centre de formation. Lundi, le ZNPP a indiqué qu'un drone avait été abattu au-dessus de la salle des machines de la tranche 6, sans provoquer d'explosion. Dans tous les cas, l’équipe de l’AIEA a demandé à se rendre sur ces sites, mais s’est vu refuser l’accès pour des raisons de sécurité.

« Je reste déterminé à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour éviter un accident nucléaire majeur au cours de cette guerre tragique », a dit M. Grossi.