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Des groupes de la société civile travaillent sur le site d'une récente attaque à Dnipro.

Ukraine : cibler des infrastructures énergétiques essentielles est inacceptable, déclare une haute responsable de l’ONU

Angels of Salvation CSO/Mariia Ostashko
Des groupes de la société civile travaillent sur le site d'une récente attaque à Dnipro.

Ukraine : cibler des infrastructures énergétiques essentielles est inacceptable, déclare une haute responsable de l’ONU

Paix et sécurité

Au Conseil de sécurité ce vendredi, Izumi Nakamitsu, Haute-Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement, a dénoncé le ciblage d’infrastructures énergétiques essentielles en Ukraine par des attaques.

Rappelant les récentes attaques de missiles et de drones menées par la Fédération de Russie visant des installations électriques en Ukraine qui ont privé d’eau et d’électricité plus d'un million de personnes, elle a déclaré que le ciblage des infrastructures énergétiques fournissant des services publics essentiels est inacceptable.

« Les civils et les infrastructures civiles ne doivent pas être pris pour cible des attaques indiscriminées », a-t-elle dit. « Toutes les parties à un conflit armé ont le devoir de protéger les civils et de veiller au respect du droit international et du droit international humanitaire. »

Pour elle, « cette destruction à grande échelle et ces souffrances humaines ne peuvent plus continuer ».

Le chef de l'ONU condamne les attaques

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a également condamné vendredi dans les termes les plus fermes « les attaques à grande échelle de missiles et de drones lancées aujourd’hui par la Fédération de Russie contre des villes ukrainiennes à travers le pays, notamment contre des infrastructures civiles, énergétiques et autres infrastructures critiques ».

Les attaques auraient tué et blessé de nombreux civils et causé des dégâts importants, notamment à la centrale hydroélectrique de Dnipro, dans la région de Zaporijjia, laissant plus d'un million d'Ukrainiens sans accès à l'électricité et à l'eau à Kharkiv, Kryvyi Rih et Zaporijjia.

« Le Secrétaire général est consterné par la poursuite des tueries et des destructions et souligne une fois de plus que les attaques contre des civils et des infrastructures civiles violent le droit international humanitaire. Elles sont inacceptables et doivent cesser immédiatement », a dit son porte-parole adjoint, Farhan Haq, dans une déclaration à la presse.

Izumi Nakamitsu, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, s'adresse au Conseil de sécurité sur les menaces à la paix et à la sécurité internationales.
UN Photo/Loey Felipe
Izumi Nakamitsu, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, s'adresse au Conseil de sécurité sur les menaces à la paix et à la sécurité internationales.

Tout transfert d'armes doit se faire dans le cadre juridique international

« L'invasion de l'Ukraine par la Fédération de Russie est une violation de la Charte des Nations Unies et du droit international », a souligné la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement. Elle a noté que « dans ce contexte, la fourniture d'une assistance militaire et les transferts d'armes et de munitions aux forces armées ukrainiennes se sont poursuivis ». 

« Une grande partie des informations fournies par les gouvernements sur leurs transferts d'armes et de munitions vers l'Ukraine est disponible via des sources ouvertes », a ajouté Mme Nakamitsu, rappelant que « tout transfert d'armes doit se faire dans le cadre juridique international applicable, y compris les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité ».

Elle a dit être « préoccupée par l'utilisation de mines terrestres antipersonnel et par le transfert et l'utilisation d'armes à sous-munitions en Ukraine ».  « Les mines antipersonnel n'ont pas de place dans notre monde d’aujourd’hui. Il faut les éradiquer et condamner leur utilisation », a exhorté Mme Nakamitsu. 

« Les États importateurs et exportateurs d’armes doivent agir de manière responsable afin d'empêcher le détournement, le trafic illicite et leur utilisation abusive », a-t-elle encore réitéré. 

Plus de 10.700 civils tués en Ukraine en deux ans

« Pour lutter efficacement contre le détournement, le trafic illicite et l'utilisation abusive d'armes et de munitions, il faut mettre en œuvre efficacement des instruments juridiquement contraignants tels que le Traité sur le commerce des armes et le Protocole sur les armes à feu », a dit Mme Nakamitsu, qui a exhorté également les États à prendre en compte le risque que des armes et des munitions transférées soient utilisées pour faciliter et perpétrer des violences sexistes notant les allégations persistantes et préoccupantes de violences sexuelles liées au conflit en Ukraine.

« Le Secrétaire général exhorte sans équivoque tous les États à éviter l'utilisation d'armes explosives dans des zones peuplées dans toutes les guerres et tous les conflits », a rappelé la Haute-Représentante. 

Selon elle, « la Déclaration politique sur le renforcement de la protection des civils contre les conséquences humanitaires découlant de l'utilisation d'armes explosives dans les zones peuplées, adoptée en novembre 2022, reste au cœur des efforts de désarmement centrés sur l'humain ». « Les États Membres doivent mettre en œuvre cette Déclaration ».

Elle a rappelé que du 24 février 2022 au 19 mars 2024, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a vérifié 10.756 civils tués et 20.320 blessés en Ukraine. Les chiffres réels sont probablement beaucoup plus élevés.

« L’utilisation des drones et de missiles continue d'avoir de graves répercussions sur les civils et provoque des dommages aux infrastructures civiles. Les drones et les missiles ne doivent pas être utilisés d'une manière incompatible avec le droit international humanitaire », a-t-elle mis en garde.