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Une fille tient sa poupée sur la place centrale de Kherson, en Ukraine.

Ukraine : un climat de « terreur » règne dans les zones sous occupation russe, selon l’ONU

© UNOCHA/Oleksandr Ratushniak
Une fille tient sa poupée sur la place centrale de Kherson, en Ukraine.

Ukraine : un climat de « terreur » règne dans les zones sous occupation russe, selon l’ONU

Paix et sécurité

Dans les zones occupées de l’Ukraine, la Russie a créé un climat de peur, commettant des violations généralisées du droit international humanitaire et des droits de l’homme dans le but de consolider son contrôle sur la population qui y vit, selon un rapport du Bureau des droits de l’homme des Nations Unies publié ce mercredi.

« Les actions de la Fédération de Russie ont rompu le tissu social des communautés et isolé les individus, avec des conséquences profondes et durables pour la société ukrainienne dans son ensemble », a déclaré dans un communiqué le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk.

Le rapport s’est concentré sur la situation dans les territoires ukrainiens tombés sous l’occupation russe à la suite de l’invasion russe le 24 février 2022.  Dès le début du conflit, les forces armées russes, agissant dans une impunité généralisée, ont commis des violations à grande échelle, notamment des détentions arbitraires de civils, souvent accompagnées de torture et de mauvais traitements, qui s’apparentent dans certains cas à des disparitions forcées. 

Suppression des expressions de la culture ukrainienne

Si les forces armées russes ont d’abord ciblé les personnes perçues comme représentant une menace pour la sécurité, elles ont ensuite élargi le filet à toute personne perçue comme s’opposant à l’occupation. 

Les forces russes ont également eu recours à la force pour réprimer les manifestations pacifiques, ont restreint la liberté d’expression, ont imposé des contrôles stricts sur les mouvements des résidents et ont pillé les maisons et les entreprises. Les autorités d’occupation ont coupé l’internet et les réseaux mobiles ukrainiens, ainsi que les chaînes de télévision et de radio, le trafic étant redirigé vers les réseaux russes.

Ce rapport, qui s’appuie sur plus de 2.300 entretiens avec des victimes et des témoins, décrit en détail les mesures prises par la Russie pour imposer la langue, la citoyenneté, les lois, le système judiciaire et les programmes d’enseignement russes dans les régions occupées. 

L’objectif est de supprimer les expressions de la culture et de l’identité ukrainiennes.

De telles actions ont eu un impact sur les enfants en particulier. Selon les services du Haut-Commissaire Türk, la Russie a remplacé le programme ukrainien par le programme russe dans de nombreuses écoles.

Moscou a ainsi introduit des manuels scolaires contenant des récits cherchant à justifier l’attaque armée contre l’Ukraine. Elle a également enrôlé des enfants dans des groupes de jeunes pour leur inculquer l’expression russe du patriotisme.

Un bâtiment endommagé dans la région de Mykolaiv en Ukraine.
© WFP/Anastasiia Honcharuk
Un bâtiment endommagé dans la région de Mykolaiv en Ukraine.

La traque des « collaborateurs » sous occupation russe

Les habitants des territoires occupés ont été contraints et forcés de prendre des passeports russes. 

Ceux qui ont refusé ont été montrés du doigt par les autorités d’occupation, ont subi des restrictions plus sévères de leur liberté de mouvement et se sont vus progressivement refuser des emplois dans le secteur public, ainsi que l’accès aux soins de santé et aux prestations de sécurité sociale.

S’agissant des zones reprises par les forces ukrainiennes à la fin de 2022, y compris Mykolaiv et certaines parties des régions de Kharkiv et de Kherson, le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies s’inquiète du fait qu’une disposition trop large et imprécise du code pénal ukrainien a conduit à des poursuites pour collaboration avec les autorités d’occupation. D’autres poursuites ont été engagées contre des personnes ayant coopéré avec les autorités d’occupation sous la contrainte ou la coercition. 

« Ces poursuites ont eu pour conséquence tragique que certaines personnes ont été victimes deux fois - d’abord sous l’occupation russe, puis à nouveau lorsqu’elles sont poursuivies pour avoir collaboré. Ce risque d’être potentiellement poursuivi a semé la peur parmi ceux qui ont vécu, ou vivent encore, sous l’occupation et renforce les divisions », a averti le Haut-Commissaire, exhortant l’Ukraine à revoir son approche de ces poursuites.