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Le chef de l'ONU réclame un cessez-le-feu à Gaza où 35% des bâtiments sont détruits ou endommagés

Un homme regarde les ruines de maisons détruites dans la bande de Gaza.
© UNRWA
Un homme regarde les ruines de maisons détruites dans la bande de Gaza.

Le chef de l'ONU réclame un cessez-le-feu à Gaza où 35% des bâtiments sont détruits ou endommagés

Paix et sécurité

Alors que le conflit à Gaza déclenché par une attaque sanglante du Hamas en Israël dure depuis plus de cinq mois, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a appelé une nouvelle fois jeudi à un cessez-le-feu dans l'enclave palestinienne où 35% des bâtiments ont été détruits ou endommagés selon des images satellites.

Le chef de l'ONU a dénoncé une situation mondiale « chaotique » et tout pays ou groupe armé qui pense « qu'il peut faire ce qu'il veut parce qu'il n’y a pas de comptes à rendre ».

« Lorsque nous vivons dans un monde chaotique, il est très important de s'en tenir aux principes et les principes sont clairs : la Charte des Nations Unies, le droit international, l'intégrité territoriale des pays et le droit international humanitaire », a déclaré le Secrétaire général, s'exprimant à l'ouverture d’une réunion du Conseil européen à Bruxelles.

« C’est la raison pour laquelle nous pensons qu’il est essentiel d’avoir la paix pour l’Ukraine… (et) c’est la raison pour laquelle, pour les mêmes raisons, nous avons besoin d’un cessez-le-feu à Gaza », a-t-il ajouté.

Lors d'une brève rencontre avec la presse, M. Guterres a répété sa condamnation des attaques sanglantes du Hamas le 7 octobre 2023 et a réitéré son inquiétude quant au fait que « nous assistons à un nombre de victimes civiles à Gaza sans précédent pendant mon mandat de Secrétaire général ».

La destruction de biens se poursuit à Khan Younis, Gaza.
© UNICEF/James Elder
La destruction de biens se poursuit à Khan Younis, Gaza.

Destructions

Le Centre satellitaire des Nations Unies (UNOSAT) a déclaré avoir constaté que 35% de tous les bâtiments à Gaza – 88.868 structures – ont été endommagés ou détruits, en comparant les images satellites haute résolution de Gaza recueillies le 29 février avec les images prises avant et après le début du dernier conflit.

Parmi ceux-ci, le Centre a identifié 31.198 structures comme détruites, 16.908 comme gravement endommagées, et 40.762 comme modérément endommagées.Cela représente une augmentation de près de 20.000 structures endommagées par rapport à l’évaluation précédente basée sur des images prises en janvier, lorsque le chiffre total s’élevait à 30%.

L'UNOSAT a comparé l’image susmentionnée avec d’autres images datées des 1er et 10 mai 2023, 18 septembre 2023, 15 octobre 2023, 7 et 26 novembre 2023 et 6 et 7 janvier 2024.

Selon le document, les gouvernorats de Khan Younis et de Gaza ont connu l’augmentation la plus significative des dégâts, avec 12.279 structures endommagées supplémentaires à Khan Younis et 2.010 à Gaza . La ville de Khan Younis a été particulièrement touchée, avec 6 663 structures récemment détruites.

Au-delà du nombre de bâtiments endommagés, cette mise à jour fournit une estimation de 121.400 logements touchés par la destruction dans la bande de Gaza. L’analyse des images satellitaires réalisée par l’UNOSAT documente la destruction généralisée et souligne le besoin de soutien de la population touchée.

Un habitant de Gaza tient un repas chaud distribué par le Programme alimentaire mondial de l'ONU.
© WFP/Ali Jadallah
Un habitant de Gaza tient un repas chaud distribué par le Programme alimentaire mondial de l'ONU.

Inquiétudes sur les combats près de l’hôpital Al Shifa

Ce nouveau rapport intervient alors que les inquiétudes internationales s’amplifient face à la menace de famine et au bilan humain qui ne cesse de s’alourdir à Gaza avec plus de 31.923 morts, selon le bilan mercredi du ministère de la Santé de Gaza.

Au 20 mars, 250 soldats avaient été tués depuis le début de l’opération terrestre, selon l’armée israélienne. En outre, plus de 1.200 Israéliens et ressortissants étrangers ont été tués en Israël, la grande majorité le 7 octobre. Au 20 mars, les autorités israéliennes estiment que 134 Israéliens et ressortissants étrangers sont toujours captifs à Gaza, y compris les morts dont les corps sont retenus.

Sur le terrain, des bombardements israéliens intenses et des opérations terrestres ainsi que de violents combats entre les forces israéliennes et les groupes armés palestiniens continuent d’être signalés dans une grande partie de la bande de Gaza, en particulier dans le sud-est de la ville de Gaza et dans les environs de l’hôpital Al Shifa.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), cela a entraîné d’autres pertes civiles, des déplacements et la destruction de maisons et d’autres infrastructures civiles.

Les tueries se poursuivent sans relâche

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C’est dans ce contexte que des rapports des médias font état de l’annonce faite par le Secrétaire d’État américain Antony Blinken. Le chef de la diplomatie américaine a déclaré que les États-Unis ont présenté un projet de résolution devant le Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un « cessez-le-feu immédiat lié à la libération des otages ».

Alors que les enfants du nord de Gaza sont confrontés à une famine imminente et que d’autres enfants de la bande de Gaza sont menacés d’insécurité alimentaire catastrophique, le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies a réitéré, jeudi, son appel à un cessez-le-feu immédiat.

Depuis son précédent appel au cessez-le-feu de février dernier, la situation s’est considérablement détériorée. « Les tueries se poursuivent sans relâche et, aujourd’hui, des enfants meurent de faim », ont regretté les experts indépendants onusiens.

Même des miettes ne sont pas faciles à trouver

Depuis l’ordonnance de la Cour internaitonale de Justice (CIJ) du 26 janvier et du 19 mars, plus de 108 Palestiniens en moyenne ont été tués et 178 autres blessés chaque jour à Gaza, dont des enfants. « L’invasion imminente de Rafah amènera la situation fragile au point de rupture, mettant la vie de 60.0000 enfants en danger immédiat, et atteindra rapidement le point de basculement de la famine », a estimé le Comité.

En attendant, les enfants de Gaza meurent de faim, même les miettes ne sont pas faciles à trouver. « Une petite fille a pleuré devant la caméra de la BBC en disant : [Le pain me manque] », a dit le Comité, relevant qu’à ce jour, 27 décès d’enfants dus à la malnutrition et à la déshydratation ont été signalés à Gaza.

Pour les experts, les enfants de Gaza ne peuvent plus attendre, car chaque minute qui passe risque de faire mourir de faim un autre enfant sous les yeux du monde. Le Comité appelle donc les États à reprendre et à renforcer le financement de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, l'UNRWA, et demande instamment l’ouverture de plusieurs postes frontaliers terrestres pour permettre une augmentation massive de l’aide, y compris dans le nord de Gaza.