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Gaza : Israël autorise moins de la moitié des convois d’aide en mars, selon l’ONU

L'ONU continue de distribuer des produits de première nécessité à la population de Gaza.
© UNRWA
L'ONU continue de distribuer des produits de première nécessité à la population de Gaza.

Gaza : Israël autorise moins de la moitié des convois d’aide en mars, selon l’ONU

Paix et sécurité

Alors que la famine est imminente à Gaza, avec près de 1,1 million de personnes confrontées à des niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire, Israël continue de restreindre l’acheminement de l’aide humanitaire dans la partie septentrionale de l’enclave palestinienne. 

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Pendant les deux premières semaines de mars, moins de la moitié des missions humanitaires planifiées dans le nord de Gaza ont été facilitées par les autorités israéliennes, soit 11 missions sur 24. Le reste a été soit refusé soit reporté.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), les restrictions imposées à l’accès continuent ainsi d’empêcher la fourniture en temps voulu d’une aide vitale, en particulier à des centaines de milliers de personnes dans le nord de Gaza. Une moyenne de 159 camions d’aide par jour a traversé la bande de Gaza jusqu’à présent en mars. » Ce chiffre est bien inférieur aux besoins », regrettent les agences onusiennes.

Au cours des deux premières semaines de mars, une mission d’aide humanitaire sur cinq dans le nord de Gaza s’est vu refuser l’accès par les autorités israéliennes.  Ce chiffre reste bien en deçà de la capacité opérationnelle des deux points de passage et de l’objectif de 500 camions par jour, avec des difficultés à Karem Abu Salem (Kerem Shalom) et à Rafah.

Plus de convois facilités au sud de Gaza

« La sécurité de la gestion des points de passage a été gravement affectée par la mort de plusieurs policiers palestiniens lors de frappes aériennes israéliennes près des points de passage au début du mois de février », détaille l’ONU dans son dernier rapport de situation.

Au total, cela représente  46% des missions d’aide humanitaire dans le nord de Gaza (11 sur 24) ont été facilitées par les autorités israéliennes. Selon l’OCHA, 21% ont été refusées (5) et 33% (8) ont été reportées, dont une en raison d’obstacles à l’accès.

Au cours de la même période, les trois quarts des missions d’aide dans les zones au sud de Wadi Gaza nécessitant une coordination (78 sur 103) ont été facilitées par les autorités israéliennes. Dans le même temps, 15 convois ont été refusés (14%) et 10 ont été reportés ou retirés (10%). Les missions facilitées concernaient principalement des distributions de nourriture, des évaluations nutritionnelles et sanitaires, et la livraison de fournitures aux hôpitaux.

D’une manière générale, les convois de camions sont fréquemment priés de faire demi-tour ou d’attendre de longues heures au point de contrôle de Wadi Gaza.  Dans ce climat de restriction, les agences redoutent que les convois soient pris d’assaut par des gens désespérés, soit au point de contrôle soit sur la route menant vers le nord. « La seule façon de prévenir une telle situation est de faire en sorte que l’aide soit fournie en quantité suffisante et de manière fiable ».

Il faudrait au moins 300 camions pour éviter la famine

Ces restrictions interviennent dans un contexte particulièrement critique pour les habitants du nord de l’enclave. Selon l’ONU, plus d’1,1 million de Gazaouis sont dans une situation de faim catastrophique.

Face à ces prévisions, le Programme alimentaire mondial (PAM) estime que pour ne répondre qu’aux besoins alimentaires de base, il faudrait au moins que 300 camions entrent à Gaza tous les jours et puissent distribuer de la nourriture, en particulier dans le nord. « Envoyer de l’aide vers le nord de Gaza exige des autorisations quotidiennes de la part des autorités israéliennes », insiste l’agence onusienne basée à Rome. 

« Comme n’a cessé de le dire l’OCHA, il faut que les militaires israéliens garantissent un accès sûr, soutenu et sans entrave et ouvrent le plus de points d’entrée possibles vers Gaza.  La seule manière de fournir une aide à grande échelle, à savoir l’échelle nécessaire pour éviter une famine imminente, est par voie terrestre », a fait valoir hier mardi 19 mars, Farhan Haq, porte-parole adjoint du Secrétaire général de l’ONU.

De son côté, le Coordinateur humanitaire par intérim, Jamie McGoldrick, avait souligné, lors d’une réunion d’information le 18 mars, que « rien ne permet d’acheminer l’aide plus rapidement qu’une flotte de camions poids lourds et l’utilisation de toutes les routes disponibles ».

Un médecin soigne un jeune patient à l’hôpital Al-Aqsa, dans le centre de Gaza.
OMS
Un médecin soigne un jeune patient à l’hôpital Al-Aqsa, dans le centre de Gaza.

Plus 800 attaques contre les soins de santé à Gaza et en Cisjordanie

Par ailleurs, l’OCHA rappelle que les opérations militaires à l’intérieur et autour de l’hôpital Al Shifa dans la ville de Gaza s’est poursuivie mardi pour la deuxième journée consécutive. L’hôpital et ses environs auraient été le théâtre d’intenses échanges de tirs nourris, ce qui a renforcé les craintes pour la sécurité des patients, du personnel médical et des milliers de personnes déplacées à l’intérieur de l’hôpital et dans les environs.

Depuis le premier raid militaire israélien à la mi-novembre 2023, l’hôpital Al Shifa s’est efforcé de maintenir ses services et est l’un des six hôpitaux du nord de la bande de Gaza qui ne fonctionnent que partiellement, confrontés à de graves pénuries d’électricité, de médicaments, d’équipements médicaux, de nourriture et de personnel.

Depuis le 7 octobre, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) a recensé 410 attaques contre les soins de santé dans la bande de Gaza. Ces attaques ont fait 685 morts, endommagé 99 installations et touché 104 ambulances. Les deux cinquièmes (38%) des attaques ont eu lieu dans la ville de Gaza, un quart (23%) dans le nord de Gaza et plus d’un quart (28%) à Khan Younis.

En Cisjordanie, 403 attaques contre les soins de santé ont été répertoriées. Ces attaques, ayant fait 11 morts, ont touché 48 établissements de santé et 275 ambulances. L’OMS appelle au respect du droit international et à la protection active des civils et des infrastructures sanitaires.