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Afghanistan : le Conseil de sécurité demande la nomination « sans délai » d’un envoyé spécial

Une jeune fille se blottit contre le froid dans un camp pour personnes déplacées en Afghanistan.
© UNOCHA/Christophe Verhellen
Une jeune fille se blottit contre le froid dans un camp pour personnes déplacées en Afghanistan.

Afghanistan : le Conseil de sécurité demande la nomination « sans délai » d’un envoyé spécial

Paix et sécurité

Le Conseil de sécurité a adopté vendredi une résolution dans laquelle il prend note « avec satisfaction » des conclusions de l’évaluation indépendante sur l’Afghanistan et demande au Secrétaire général de nommer « sans délai » un envoyé spécial pour ce pays.

La résolution 2721 (2023) a été adoptée par 13 voix pour et 2 abstentions (Chine et Russie).

Dans une précédente résolution, votée plus tôt dans l’année, le Conseil de sécurité avait demandé au Secrétaire général de lui présenter une évaluation intégrée et indépendante sur l’Afghanistan au plus tard le 17 novembre 2023, après avoir consulté tous les acteurs politiques et parties prenantes en Afghanistan, y compris les femmes afghanes et la société civile.

Evaluation indépendante

Cette évaluation indépendante devait s’accompagner de recommandations s’inscrivant dans une perspective d’avenir, afin que les acteurs concernés adoptent une « stratégie intégrée et cohérente » pour relever les défis de l’Afghanistan, notamment dans les domaines de l’action humanitaire et des droits humains, particulièrement les droits des femmes.  En avril, Feridun Sinirlioğlu avait été nommé Coordonnateur spécial afin de mener cette évaluation qui a été remise au Conseil le 8 novembre. 

Rappelant que le statu quo actuel ne fonctionne pas en Afghanistan, quatre recommandations ont été formulées :

  • Adoption de mesures immédiates pour répondre aux besoins fondamentaux de la population afghane
  • Attention plus soutenue de la communauté internationale sur les questions de sécurité régionale et mondiale
  • Proposition de feuille de route aux fins d’un dialogue politique visant à réintégrer le pays dans la communauté internationale
  • Mise sur pied des mécanismes de coordination nécessaires.

Intensifier le dialogue

Dans la résolution adoptée vendredi le Conseil de sécurité invite les États Membres et les autres parties prenantes à prendre en considération ces recommandations, notamment en intensifiant le dialogue au niveau international « d’une manière plus cohérente, plus coordonnée et plus structurée ».  L’objectif final visé est un Afghanistan en paix avec lui-même et avec ses voisins, « pleinement réintégré » au sein de la communauté internationale et honorant ses obligations internationales, souligne le Conseil. 

Il rappelle également que les femmes afghanes doivent participer, « en toute sécurité et sur un pied d’égalité », à l’ensemble du processus.  Le Conseil précise que l’envoyé spécial pour l’Afghanistan devra être doté d’une parfaite connaissance des sujets relatifs aux droits humains et des questions de genre, afin de favoriser l’application desdites recommandations, sans préjudice du mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et de la Représentante spéciale du Secrétaire général. 

Avant le vote, le Japon, en sa qualité de coauteur du texte avec les Émirats arabes unis, a estimé que le texte de la résolution illustre la détermination du Conseil à faciliter l’élaboration d’une nouvelle stratégie visant à répondre aux défis du pays. « Nous montrons au peuple afghan, à ses autorités, aux femmes, aux filles et à la société civile que la communauté internationale demeure engagée en faveur d’un Afghanistan pacifique, stable, prospère et inclusif », a-t-il fait valoir. 

Après le vote, les délégations ont été nombreuses à saluer le « front uni » du Conseil sur le dossier afghan, selon l’expression des Émirats arabes unis, qui ont souhaité qu’une « nouvelle page » s’ouvre en Afghanistan.

Les délégations ont par ailleurs dénoncé avec force les discriminations pratiquées contre les femmes en Afghanistan.

Une note dissonante est venue de la Chine, qui a demandé que les décisions qui seront prises sur la base des recommandations de l’évaluation indépendante, ainsi que le choix de l’envoyé spécial, se fassent en concertation avec Kaboul. 

« Les tentatives visant à imposer des mesures à l’Afghanistan sous les auspices de l’ONU sont contre-productives et peu susceptibles d’avoir des résultats », a tranché la Fédération de Russie, en rappelant l’histoire du pays.