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L’OMS s’inquiète d’une flambée de dengue dans des pays auparavant épargnés

Les moustiquaires protègent contre les moustiques qui transmettent des maladies comme le paludisme et la dengue. (Archives)
©PNUD/Gwenn Dubourthoumieu
Les moustiquaires protègent contre les moustiques qui transmettent des maladies comme le paludisme et la dengue. (Archives)

L’OMS s’inquiète d’une flambée de dengue dans des pays auparavant épargnés

Santé

L'augmentation surprenante des infections par la dengue cette année à l'échelle mondiale, y compris dans des pays épargnés jusque-là, représente une menace potentiellement élevée pour la santé publique, a déclaré ce vendredi l'Organisation mondiale de la santé (OMS) des Nations Unies.

Cet avertissement intervient alors que l'OMS a signalé plus de 5 millions d'infections et 5 000 décès dus à la dengue cette année dans le monde. S'adressant aux journalistes de l'ONU à Genève, le Dr Diana Rojas Alvarez, Cheffe d'équipe de l'OMS sur les arbovirus, a déclaré que la menace nécessitait « une attention et une réponse maximales à tous les niveaux » pour aider les pays à contrôler les épidémies actuelles de dengue et à se préparer pour la prochaine saison chaude.

Le réchauffement climatique mis en cause

Parmi les infections virales transmises par piqûre de moustique, la dengue est la plus courante au monde. On la retrouve principalement dans les zones urbaines des climats tropicaux et subtropicaux.

L'augmentation des pays touchés s'explique par le fait que les moustiques infectés prospèrent désormais dans un plus grand nombre de pays en raison du réchauffement climatique, lui-même associé à l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre. 

« Le changement climatique a un impact sur la transmission de la dengue car il augmente les précipitations, l'humidité et la température », a déclaré la Dr Alvarez. 

Un agent de santé fumige une maison à Guayaramerín, en Bolivie, pour se protéger contre les maladies transmises par les moustiques. (Archives)
© PNUD Bolivie/Miguel Samper
Un agent de santé fumige une maison à Guayaramerín, en Bolivie, pour se protéger contre les maladies transmises par les moustiques. (Archives)

Sans traitement spécifique, la détection précoce est essentielle

Bien que 4 milliards de personnes soient exposées au risque de contracter la dengue, la plupart des personnes infectées ne présentent aucun symptôme et se rétablissent généralement en une à deux semaines.

Il arrive cependant que des symptômes graves apparaissent. Ceux-ci se caractérisent par un état de choc, des saignements ou une déficience organique. Ils apparaissent souvent après la disparition de la fièvre, prenant par surprise les soignants et les professionnels de la santé.

Les signes avant-coureurs à surveiller comprennent des douleurs abdominales intenses, des vomissements persistants, des saignements des gencives, un état léthargique, une agitation et une hypertrophie du foie.

Comme il n’existe pas de traitement spécifique contre la dengue, une détection précoce et un accès à des soins médicaux appropriés sont essentiels afin de réduire le risque de décès dû à une forme grave de dengue.

Les pays fragiles et en conflits sont les plus touchés

« Depuis le début de cette année, plus de 5 millions de cas et environ 5 000 décès de dengue ont été signalés dans le monde et près de 80% de ces cas ont été signalés dans les Amériques, suivies par l'Asie du Sud-Est et le Pacifique occidental », a rapporté la Dr Alvarez.

Ces épidémies de dengue surviennent dans des pays fragiles et touchés par des conflits dans la région de la Méditerranée orientale, comme l'Afghanistan, le Pakistan, le Soudan, la Somalie et le Yémen, s’est-elle inquiétée. 

La prévalence mondiale des moustiques a changé ces dernières années en raison du phénomène El Niño de 2023 qui a accentué les effets du réchauffement climatique, a précisé l'OMS. Des pays auparavant exempts de dengue, comme la France, l’Italie et l’Espagne, signalent des cas d’infections provenant de leur pays – ce qu’on appelle la « transmission autochtone » – plutôt qu’à l’étranger. Le vecteur de la maladie est le moustique Aedes aegypti, largement répandu en Europe et également plus communément appelé « moustique tigre ». 

« Habituellement, l'Europe signale des cas importés des Amériques, du Pacifique occidental, des régions endémiques », a déclaré la Dr Alvarez. « Mais cette année, nous avons constaté des foyers limités de transmission autochtone. Comme nous le savons, les étés sont de plus en plus chauds », a-t-elle commenté.