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Ils ont mis deux mois mais Victoria et Johan ont pu participer à la COP28 sans prendre l'avion.

Aller à la COP28 sans prendre l’avion : défi relevé

UNRIC Brussels
Ils ont mis deux mois mais Victoria et Johan ont pu participer à la COP28 sans prendre l'avion.

Aller à la COP28 sans prendre l’avion : défi relevé

Climat et environnement

Quand Johan, alias @lejeuneengagé, a annoncé sur son compte Instagram qu’il participait à la COP28 à Dubaï, les réactions ont été parfois violentes : « On se dit écolo mais on prend l’avion ! » « Un donneur de leçon nous fait un aller-retour à Dubaï ». Pourtant pour aller à la COP, Johan n’a pas pris l’avion.

Johan Reboul, ancien stagiaire au Centre d'information des Nations Unies pour l'Europe occidentale (UNRIC Bruxelles), et auteur du livre « Guide du jeune engagé », est parti depuis fin septembre de France, avec sa complice Victoria Guillomon, autrice et conférencière, pour un périple de 6 mois de Paris à Shimla, en Inde. Leur projet : réaliser un documentaire sur la problématique de l’eau, ressource qui se raréfie. Leur défi : aller jusqu’en Inde avec les moyens de transports les moins polluants possibles.

Avec deux sacs à dos et une caméra, ces deux jeunes de 24 ans à peine ont décidé de partir à la rencontre de ceux qui subissent les impacts du changements climatiques sur l’eau et de ceux qui innovent, trouvent des solutions, se battent pour protéger cette ressource.

« La question de l’eau soulève de nombreuses problématiques : élévation du niveau de la mer, inondations marines, salinisation des nappes phréatiques, impacts sur l’agriculture, disparition des forêts, érosions, perte des sols, migrations climatiques etc », écrivent-ils sur le site consacré à leur projet.

Leur trajet est déjà passé par la Turquie, l’Egypte, l’Arabie Saoudite.

En train, en bateau, en stop jusqu’à Dubaï

Pour cette première partie de leur voyage, ils ont pris des trains, des bateaux, fait du stop et marché un peu.

« On a une tonne d’anecdotes à raconter, chaque journée semble une semaine. On a à peine le temps de digérer ce que l’on vient de vivre, que l’on repart sur une autre aventure. Ce qu’on vit depuis le début est incroyable. Au début on essayait vraiment de contrôler ce qu’on voulait faire et comment le faire, à partir du moment où on a lâché prise et la magie des rencontres a vraiment débuté. », commente Victoria, lors d’un entretien avec UNRIC Bruxelles.

Ils étaient encore en Arabie Saoudite quand ils se sont dit que ce serait trop bête de ne pas passer par la COP, aux Emirats arabes unis, maintenant si proches.

Quelques emails et coups de téléphone plus tard, ils ont réussi à se faire intégrer dans la délégation française. Il ne restait plus qu’à se mettre au bord de la route, lever le pouce et attendre qu’un véhicule veuille bien les prendre en stop. Pas simple et même un peu périlleux, car aux Emirats arabes unis, le stop est interdit. Passer la frontière à pied aussi.

Des personnes entrant dans le dôme Al Wasl à Expo City à Dubaï, où se déroule la COP28.
UNFCCC/Kiara Worth
Des personnes entrant dans le dôme Al Wasl à Expo City à Dubaï, où se déroule la COP28.

De la sobriété à la démesure

Pour un influenceur climat et une militante écologiste, Dubaï était un choc. « Les shopping center sont tellement froids que les ours polaires pourraient y vivre », s’amusait Johan sur une de ses vidéos.

« Cela fait deux mois qu’on est sur la route et qu’on essaie de parler sobriété. Arriver ici, cette démesure, l’eau qui coule à flot dans une des régions les plus désertiques du monde… c’est un peu flippant », estime Johan.

« C’était la première fois que j’assistais à une COP et celle-ci était particulière avec 80.000 personnes attendues dans un pays où la démesure est totale. C’est une COP aux multiples paradoxes », poursuit-il. « Il y avait plein de profils différents. On a pu échanger avec plein de personnes extraordinaires, qui font bouger les choses et en même temps constaté le nombre important de représentants des industries pétrolières ».

« Tout semble un peu faux ici, comme un monde parallèle. Dubaï c’est un peu l’inverse de tout ce que nous prônons et défendons », commente Victoria.

Elle repart avec une impression mitigée : « Je suis repartie avec un sentiment d’impuissance. On y dit tout et son contraire, il y a des intérêts divergents. Mais c’est très important que tout le monde se retrouve et que des conférences comme la COP existent, même si elles pourraient être plus efficaces ».

Objectif l’Inde, toujours sans avion

Partis avec un budget limité, alimenté par quelques sponsors et une campagne de levée de fonds, ils dorment souvent chez l’habitant, partagent le repas de bédouins rencontrés en chemin, et aux Emirats arabes unis, ont profité de l’hospitalité de la glaciologue Heidi Sevestre, qui a partagé sa chambre d’hôtel avec les jeunes aventuriers.

Le 5 décembre, ils ont quitté la COP pour continuer leur voyage, direction Oman. Leur trajet n’est pas tout à fait défini et se modifie au fil des rencontres et des opportunités.

D’ici quelques semaines, ils devraient arriver à leur destination finale, Shimla, la capitale de l’Himachal Pradesh, dans les contreforts de l’Himalaya. Ici les changements climatiques et les modifications de l’utilisation des terres ont entraîné une hausse extrême des températures et des précipitations irrégulières, qui affectent l’accès à l’eau de la ville.

Leur projet a séduit l’UNESCO, qui les a intégrés dans son programme « Green Citizen ». Ils ont créé un compte Instagram, @shimla_film dédié à leur voyage qui permet de suivre leur quotidien en attendant de pouvoir voir leur documentaire.

Plus d’information : sommet de l’ONU sur l’eau 2023

La crise de l’eau, entretien avec Emma Haziza

Une appli pour une meilleure gestion de l’eau, développée par le Partenariat français pour l’eau

Pour en savoir plus, retrouvez toute notre couverture de la COP28 dans notre page spéciale.