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Des femmes et des enfants déplacés vivent actuellement dans une école de Port-au-Prince après avoir fui leurs maisons lors d'attaques de gangs.

Port-au-Prince : 40.000 Haïtiens ont dû quitter leur maison en raison des violences depuis août

© UNOCHA/Giles Clarke
Des femmes et des enfants déplacés vivent actuellement dans une école de Port-au-Prince après avoir fui leurs maisons lors d'attaques de gangs.

Port-au-Prince : 40.000 Haïtiens ont dû quitter leur maison en raison des violences depuis août

Aide humanitaire

La recrudescence de la violence à Port-au-Prince, en Haïti, depuis la mi-août 2023 a poussé environ 40.000 personnes à quitter leur domicile dans plusieurs quartiers de la capitale, exacerbant une crise humanitaire déjà complexe, où près de la moitié du pays est confrontée à des niveaux aigus d'insécurité alimentaire, a indiqué lundi le Programme alimentaire mondial (PAM). 

« Rien qu'au cours des deux derniers mois et demi, des centaines de civils ont été tués dans les tirs croisés et des dizaines de milliers ont été chassés de leurs maisons dans les quartiers de Carrefour-Feuilles, Savane Pistache, Mirebalais, Saut d'Eau et Tabarre, fuyant souvent avec les seuls vêtements qu'ils portaient », a précisé le PAM.

« Haïti connaît déjà l'une des crises alimentaires les plus graves au monde, avec 1,4 million de personnes au bord de la famine. Cependant, nous n'avons tout simplement pas les ressources nécessaires pour mettre en place la réponse, et cette nouvelle crise de déplacement qui s'ajoute à la situation met à rude épreuve notre capacité de réponse », a affirmé le Directeur du PAM en Haïti, Jean-Martin Bauer.

Des maisons brûlées et des commerces détruits

Cette récente vague de déplacements porte à plus de 200.000 le nombre total de personnes déplacées dans le pays. 

Les femmes, les enfants, les personnes âgées et d'autres groupes vulnérables subissent de plein fouet les conséquences d'un conflit brutal dans lequel des dizaines de groupes armés se disputent des territoires, explique l'agence onusienne.

De nombreuses personnes affectées rapportent que leurs maisons ont été brûlées et leurs entreprises détruites, les laissant avec peu de biens et aucune source de revenus. 

« Les difficultés économiques et les facteurs de stress liés au climat sont des facteurs importants, mais le principal moteur de la faim en Haïti est la violence et l'insécurité », a expliqué Jean-Martin Bauer. 

A court de moyens 

Les personnes déplacées ont trouvé refuge dans plus de 90 endroits différents autour de Port-au-Prince, y compris des écoles, des églises et des bâtiments abandonnés. 

« Même avant cette dernière vague de déplacements, Haïti était déjà au cœur de sa pire crise humanitaire depuis le tremblement de terre de 2010 », a fait valoir M. Bauer. 

« En ce moment où les besoins sont presque sans précédent, le financement n'a tout simplement pas suivi, et nous avons besoin d'urgence de 136 millions de dollars pour répondre aux besoins des Haïtiens les plus vulnérables au cours des six prochains mois », a dit le chef du PAM.

Les biens des familles qui ont fui leurs maisons ont été placés sur un terrain de basket à Port-au-Prince.
WFP/Jonathan Dumont
Les biens des familles qui ont fui leurs maisons ont été placés sur un terrain de basket à Port-au-Prince.

550.000 repas chauds distribués

Face à la crise, le PAM a mis en place trois cuisines centrales à Port-au-Prince, où 22.000 repas sont préparés chaque jour, puis transportés vers les différents sites où séjournent les personnes déplacées. Les cuisines centrales utilisent les stocks existants de rations sèches du PAM, notamment du riz et des haricots secs, en combinaison avec des légumes frais, de la viande ou du poisson. 

Le Programme et ses partenaires ont aidé le gouvernement à distribuer 550.000 repas chauds aux dernières victimes de la crise en Haïti depuis la mi-août, mais les coupes budgétaires signifient que le PAM n'a pas été en mesure de fournir une assistance continue à toutes les personnes dans le besoin, ne fournissant souvent qu'un seul repas par jour au lieu des deux repas habituels. 

L'effet du déplacement se fait également sentir dans les villes du pays, où les écoles signalent une augmentation des inscriptions due au fait que les familles fuient la capitale pour se réfugier dans les zones rurales, où elles sont relativement en sécurité. 

Les enfants récemment déplacés qui fréquentent des écoles faisant déjà partie du programme national de repas scolaires du PAM peuvent également bénéficier de ce soutien. Ce programme fournit des repas chauds quotidiens à 460.000 élèves dans tout le pays.

Aider tout en stimulant l'économie locale 

La dernière analyse de la sécurité alimentaire indique que 4,35 millions d'Haïtiens seront confrontés à une insécurité alimentaire aiguë entre août 2023 et février 2024. Cela représente 44% de la population totale. 

Le PAM est en train de passer de la distribution de repas chauds à la fourniture d'une aide financière aux personnes déplacées. Cela permet aux familles de choisir les aliments les mieux adaptés à leurs besoins individuels, tout en stimulant l'économie locale. 

Depuis le début de l'année, le PAM a aidé près de 1,7 million de personnes en Haïti avec plus de 47 millions de dollars de transferts monétaires et 7.500 tonnes de rations alimentaires sèches essentielles pour répondre à leurs besoins alimentaires de base. 

Outre les interventions d'urgence, le PAM s'efforce également de s'attaquer aux causes profondes de la faim par différents moyens, notamment en mettant en place un filet de sécurité sociale en collaboration avec le gouvernement, en aidant les communautés à construire ou à remettre en état des infrastructures telles que des systèmes de gestion de l'eau et d'irrigation, et en aidant les Haïtiens à atténuer les problèmes liés au climat par des actions d'anticipation.

Chaque mois, le PAM achète pour plus d'un million de dollars de produits locaux, ce qui permet d'autonomiser les agriculteurs et de soutenir les marchés locaux.