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Il faut repenser le partenariat entre les entreprises privées et l’aide humanitaire, propose le PAM

Cindy McCain (sur l'écran), Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial, s'adresse au Conseil de sécurité.
UN Photo/Loey Felipe
Cindy McCain (sur l'écran), Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial, s'adresse au Conseil de sécurité.

Il faut repenser le partenariat entre les entreprises privées et l’aide humanitaire, propose le PAM

Aide humanitaire

Devant le Conseil de sécurité, jeudi, la cheffe du Programme alimentaire mondial (PAM), Cindy McCain, a évoqué la croissance des besoins d’assistance dans le monde sur fond de baisse inquiétante des financements par les Etats, et préconisé des partenariats innovants avec les entreprises pour répondre aux crises persistantes de demain. 

« Je viens moi-même du secteur privé », a confié Mme McCain, Directrice exécutive du PAM, au début de son allocution lors d’un débat sur les partenariats entre le public et le privé dans l’humanitaire, à l’initiative de l’Albanie, qui occupe la Présidence tournante du Conseil en septembre.

« Les entreprises prospères et les économies florissantes sont des moteurs essentiels pour contribuer aux efforts mondiaux visant à éradiquer la faim et à renforcer la paix et la sécurité », a affirmé la veuve du sénateur et candidat à la présidence américaine John McCain, philanthrope active et héritière depuis 2000 de l’entreprise familiale Hensley & Co, l’une des plus grandes sociétés de distribution de bières aux Etats-Unis, fondée par son père dans les années 1950. 

Les besoins humanitaires ne peuvent qu’augmenter à l’avenir 

« Pourtant, malheureusement, aujourd’hui, le secteur humanitaire est l’une des premières industries en croissance dans le monde », a lancé la cheffe du PAM. « La guerre, les turbulences économiques, et de plus en plus, le changement climatique et la dégradation de l’environnement plongent chaque année des millions de personnes dans la pauvreté et le désespoir ».

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Rappelant que près de 783 millions de personnes vivent une profonde précarité alimentaire, et 47 millions d’entre elles, dans 50 pays, sont au bord de la famine, alors que 45 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition aigüe, Cindy McCain s’est montrée pessimiste sur les crises humanitaires à venir.

« J’aimerais pouvoir dire aux membres du Conseil que la montée de la faim observée dans de nombreuses régions du monde découle de causes ponctuelles et s’infléchira à mesure que les circonstances s’amélioreront », a-t-elle déclaré. « Mais ce ne sera pas le cas. Nous sommes en présence d’une série de crises simultanées et à long terme qui continuera d’alimenter les besoins humanitaires mondiaux », a-t-elle dit. 

Les financements se tarissent

A l’essor de la demande d’aide vitale, la haute responsable de l’ONU a opposé le recul du financement des opérations de secours humanitaire, révélant que même le PAM a dû opérer « des choix déchirants et réduire les rations alimentaires pour des millions de personnes vulnérables », avant d’engager d’autres coupes nécessaires. « C’est la nouvelle réalité de la communauté humanitaire, notre nouvelle normalité », a-t-elle déploré. « Et nous en subirons les retombées dans les années à venir ». 

Plutôt que de se résigner à « l’impuissance face à cette souffrance humaine », la cheffe du PAM a préconisé un meilleur recours au secteur privé, un facteur de croissance économique qui « au cours des 200 dernières années à en grande partie contribué au progrès réalisés dans la réduction de la pauvreté dans le monde ». 

La collaboration public-privé a déjà fait ses preuves

Citant en exemple des partenariats public-privé efficaces qui ont déjà permis récemment de produire et distribuer médicaments et vaccins comme de maitriser des maladies comme le VIH/sida et la tuberculose, Cindy McCain a jugé que le moment est venu, face à la nouvelle réalité des besoins humanitaires et des coupes budgétaires, de « repenser la façon dont nous nous engageons et trouvons de nouveaux partenariats intersectoriels »

Aux yeux de cette présidente d’un fleuron de l’agroalimentaire américain, par ailleurs dirigeante de plusieurs organisations caritatives respectées dans le domaine social et médical, les chefs d’entreprises peuvent prodiguer leur aide par « des innovations qui renforcent la résilience et s’attaquent aux causes profondes de la faim et de la pauvreté, réduisant ainsi les besoins humanitaires à long terme ». 

Le secteur privé peut aider les humanitaires sur le terrain

« L’entreprise privée doit axer ses efforts sur la construction d’infrastructures essentielles, l’offre de biens et de services abordables, élargir les compétences et créer de nouvelles possibilités d’emplois », a-t-elle dit. Cindy McCain a ainsi invité les partenaires du secteur privé, dont les entreprises locales, « à prodiguer leur ingéniosité et leurs qualités d’entrepreneurs partout où le PAM conduit ses opérations », afin d’aider la première organisation humanitaire au monde « à atteindre ses objectifs sur le terrain ».

La cheffe du PAM juge naturelle cette collaboration entre le public et le privé. « Tout le monde bénéficie de cette approche », a-t-elle expliqué. « Réduire la pauvreté et la faim est l’une des conditions préalables à la bonne santé de la main d’œuvre, au bon fonctionnement des marchés, à une croissance économique et à une prospérité durable. Lorsque les gens et les communautés prospèrent, les entreprises font de même ».