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Une vue aérienne de Colombo, capitale du Sri Lanka.

Sri Lanka : l'obligation de rendre des comptes est essentielle, selon un rapport de l’ONU

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Une vue aérienne de Colombo, capitale du Sri Lanka.

Sri Lanka : l'obligation de rendre des comptes est essentielle, selon un rapport de l’ONU

Droits de l'homme

Le Sri Lanka souffre d'un déficit continu de reddition des comptes, que ce soit pour les atrocités des crimes de guerre, les violations plus récentes des droits de l'homme, la corruption ou l'abus de pouvoir, et cela doit être résolu pour que le pays puisse aller de l'avant, selon un rapport du Bureau des droits de l'homme de l'ONU (HCDH) publié mercredi. 

« Il y a plus d'un an, des manifestations de masse ont exigé une meilleure gouvernance et une vision inclusive pour le Sri Lanka - en bref, un renouvellement du contrat social. Mais le potentiel d'une transformation historique qui répondrait à des défis de longue date est loin d'être réalisé », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, dans un communiqué. 

Le HCDH souligne que quatorze ans après la fin de la guerre, des dizaines de milliers de victimes et leurs familles continuent de vivre la douleur de la recherche de la vérité, de la justice et de la réparation. 

Aller plus loin que la recherche de la vérité

Même si le gouvernement a proposé un nouveau mécanisme de recherche de la vérité, de véritables efforts visant à créer un environnement propice à la réussite de tout processus de justice transitionnelle sont nécessaires, souligne le rapport. 

« La recherche de la vérité ne suffit pas. Elle doit également s'accompagner d'un engagement clair en faveur de la reddition des comptes et de la volonté politique de mettre en œuvre des changements profonds », a dit M. Türk. 

Cela commence par des consultations significatives et transparentes avec les victimes et la société civile sur la proposition actuelle de recherche de la vérité et inclut la fin de toutes les formes de harcèlement et de surveillance illégale et arbitraire contre les défenseurs des droits de l'homme et les groupes de victimes, ainsi que le soutien aux initiatives visant à reconnaître et à commémorer l'expérience des victimes. 

Accélérer les enquêtes

Parmi recommandations, le rapport appelle les autorités à accélérer les enquêtes et les poursuites sur les cas emblématiques de violations des droits de l'homme, ainsi que sur les attentats à la bombe du dimanche de Pâques 2019.

Le chef des droits de l’homme de l’ONU avait déjà demandé qu'une enquête indépendante soit menée avec l'aide de la communauté internationale afin de déterminer les circonstances des attentats du dimanche de Pâques 2019. 

Le rapport fait le point sur les travaux du projet de reddition des comptes mis en place par le Bureau des droits de l'homme des Nations Unies conformément aux résolutions 46/1 et 51/1. Le Haut-Commissaire a réitéré son appel à la communauté internationale pour qu'elle soutienne les initiatives de reddition des comptes, notamment par le biais d'enquêtes et de poursuites utilisant la compétence universelle ou extra-territoriale, avec d'autres mesures complémentaires. 

Le rapport fait également état d'un certain nombre de préoccupations concernant les nouvelles lois proposées, notamment un nouveau projet de loi antiterroriste et une législation visant à réglementer la radiodiffusion. 

Il note que le Président a adopté un ton différent pour faire avancer les initiatives de réconciliation et a promis de mettre fin à l'acquisition de terres à des fins archéologiques ou de sécurité, ce qui a été une source croissante de conflits et de tensions au niveau local. 

Dans le même temps, le Bureau des droits de l'homme des Nations Unies a continué à recevoir des rapports faisant état de litiges fonciers, en particulier dans le nord et l'est du pays. 

En juillet 2022, des pousse-pousse font la queue dans une station-service au Sri Lanka, en pleine crise économique.
© UNICEF/Weerasinghe
En juillet 2022, des pousse-pousse font la queue dans une station-service au Sri Lanka, en pleine crise économique.

Soutenir le Sri Lanka dans son redressement économique 

L'impact continu de la crise économique de 2022 et de la récession mondiale sur les droits de l'homme et le bien-être de la population est souligné dans le rapport, notamment l'augmentation spectaculaire du taux de pauvreté au Sri Lanka, qui a doublé, passant de 13% en 2021 à 25% en 2022. L'insécurité alimentaire touche une grande partie de la population, ce qui a un impact sur le droit à la santé et augmente le risque d'abandon scolaire. 

Le Haut-Commissaire a déclaré que la communauté internationale, y compris les institutions financières internationales, devrait soutenir le Sri Lanka dans son redressement économique et dans le respect de ses obligations internationales, tout en faisant pression pour que de véritables progrès soient accomplis en matière de gouvernance, de transparence et de responsabilité. 

« J'exhorte le gouvernement et les partis politiques sri-lankais à s'efforcer de répondre au besoin urgent de renouveau, de réformes institutionnelles plus profondes et de progrès tangibles en matière de reddition des comptes, de réconciliation et de droits de l'homme », a fait valoir M. Türk, pour qui « cela serait particulièrement approprié en cette année qui marque à la fois le 75e anniversaire de l'indépendance du Sri Lanka et le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme ».