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Sri Lanka : l'ONU appelle le nouveau gouvernement à lutter contre l'impunité

La crise économique au Sri Lanka a pour conséquence que les familles ont de plus en plus de mal de joindre les deux bouts.
© UNICEF/Chameera Laknath
La crise économique au Sri Lanka a pour conséquence que les familles ont de plus en plus de mal de joindre les deux bouts.

Sri Lanka : l'ONU appelle le nouveau gouvernement à lutter contre l'impunité

Droits de l'homme

Le nouveau gouvernement du Sri Lanka devrait entamer un dialogue national pour faire progresser les droits de l'homme et la réconciliation. C’est ce qu’affirme un nouveau rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH).

Il appelle à lutter contre l'impunité et à des réformes institutionnelles plus profondes pour éviter que les violations passées ne se reproduisent.

Le rapport reconnaît que le Sri Lanka se trouve à un moment critique de sa vie politique et qu'il traverse une grave crise économique qui a eu de graves répercussions sur les droits de l'homme de toutes les communautés et de tous les milieux.

Cette situation a incité les Sri Lankais de toutes les communautés à réclamer des réformes plus poussées, et donne au gouvernement une occasion d'engager le pays sur une nouvelle voie. 

Toutefois, pour que des améliorations durables puissent avoir lieu, il est essentiel de reconnaître et de traiter les facteurs sous-jacents qui ont contribué à la crise économique, notamment l'impunité qui règne pour les violations passées et présentes des droits de l'homme, les crimes économiques et la corruption endémique, indique le HCDH.

« Des changements fondamentaux seront nécessaires pour relever les défis actuels et éviter la répétition des violations des droits de l'homme du passé », insiste le rapport. 

Des manifestants expriment leur mécontentement contre le gouvernement du Sri Lanka à Londres, au Royaume-Uni en mai 2022.
© Unsplash/Ehimetalor Akhere Unuabona
Des manifestants expriment leur mécontentement contre le gouvernement du Sri Lanka à Londres, au Royaume-Uni en mai 2022.
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Des mesures de sécurité draconiennes

Le HCDH appelle le gouvernement à cesser immédiatement de s'appuyer sur des mesures de sécurité draconiennes et de réprimer les manifestations pacifiques, à inverser la tendance à la militarisation et à faire preuve d'un engagement renouvelé en faveur de la réforme du secteur de la sécurité et de la fin de l'impunité. 

Si les forces de sécurité ont récemment fait preuve d'une grande retenue en réponse à des manifestations de masse, le gouvernement a depuis adopté une approche plus dure, arrêtant certains leaders étudiants en vertu de la loi sur la prévention du terrorisme et réprimant violemment les manifestations pacifiques, a-t-il expliqué, indiquant qu’un environnement fortement militarisé et une culture de la surveillance persistaient dans le nord et l'est du pays.

Le rapport du HCDH exhorte le nouveau gouvernement à relancer une stratégie globale et centrée sur les victimes en matière de justice transitionnelle et de responsabilité. Un plan assorti d'un calendrier est nécessaire pour mettre en œuvre les engagements en suspens, notamment en prenant des mesures relatives à l'établissement d'un mécanisme crédible de recherche de la vérité et d'un tribunal spécial ad hoc.  

Il a aussi indiqué qu’il était important que les victimes se voient attribuer un rôle central dans la conception et la mise en œuvre de tous les mécanismes de responsabilité et de justice transitionnelle. 

Enquête de suivi indépendante sur les attentats de 2019

Exprimant son inquiétude quant à l'absence de progrès pour établir la vérité sur les attentats du dimanche de Pâques en 2019, le rapport appelle également à une enquête de suivi indépendante et transparente, avec une assistance internationale et la pleine participation des victimes et de leurs représentants, afin d'approfondir les pistes d'enquête. 

« L'État sri-lankais, y compris par l'intermédiaire de ses gouvernements successifs, n'a jamais réussi à mettre en œuvre un processus de justice transitionnelle efficace permettant de demander des comptes aux auteurs de violations flagrantes des droits humains et d'abus et de faire respecter les droits des victimes à la vérité, à la justice et aux réparations », a indiqué le rapport. « Ils ont plutôt créé des obstacles politiques à l'obligation de rendre des comptes, et ont activement promu et intégré certains responsables militaires impliqués de manière crédible dans des crimes de guerre présumés aux plus hauts niveaux du gouvernement ». 

En l'absence de progrès vers la reddition des comptes au niveau national, le rapport des droits de l’homme exhorte les autres États à coopérer aux efforts en la matière, notamment en utilisant les voies disponibles de la compétence extraterritoriale et universelle, pour enquêter et poursuivre les crimes de droit international commis au Sri Lanka.

Enfin, le rapport invite les États à envisager d'autres mesures visant les personnes présumées responsables de violations flagrantes et d'abus du droit international des droits de l'homme ou de violations graves du droit international humanitaire.