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Rosemary DiCarlo, cheffe des affaires politiques de l'ONU, devant le Conseil de sécurité.

Les attaques contre les ports ukrainiens, « un nouveau coup porté à la sécurité alimentaire mondiale », selon l’ONU

UN Photo/Manuel Elias
Rosemary DiCarlo, cheffe des affaires politiques de l'ONU, devant le Conseil de sécurité.

Les attaques contre les ports ukrainiens, « un nouveau coup porté à la sécurité alimentaire mondiale », selon l’ONU

Paix et sécurité

Les frappes aériennes russes contre des ports ukrainiens au bord de la mer Noire pourraient avoir des répercussions considérables sur la sécurité alimentaire mondiale, a déclaré vendredi la chef des affaires politiques de l'ONU, Rosemary DiCarlo, devant le Conseil de sécurité.

Mme DiCarlo a fermement condamné les frappes aériennes de cette semaine sur les ports d'Odessa, Chornomorsk et Mykolaïv, qui ont détruit des infrastructures essentielles et tué ou blessé des civils.

Ces attaques ont suivi la décision de la Russie lundi mettant effectivement fin à l'accord négocié par l'ONU qui facilitait l'exportation de céréales et de denrées alimentaires ukrainiennes vers les marchés internationaux, à une époque de flambée des prix alimentaires mondiaux et d'augmentation de la faim.

Le navire marchand Razoni quittant Odessa  aussitôt après le feu vert donné le 1er août 2022 par le Centre conjoint de coordination, créé sous l'égide de l'Initiative céréalière de la mer Noire.
OCHA/Saviano Abreu
Le navire marchand Razoni quittant Odessa aussitôt après le feu vert donné le 1er août 2022 par le Centre conjoint de coordination, créé sous l'égide de l'Initiative céréalière de la mer Noire.

Garanties de sécurité retirées

« La fin par la Russie de sa participation à l'Initiative de la mer Noire, associée à son bombardement de ports cruciaux, aggravera encore la crise », a-t-elle averti.

En mettant fin à l'accord, Moscou a également retiré les garanties de sécurité pour les navires naviguant dans la partie nord-ouest de la mer Noire.

Mme DiCarlo a déclaré que les prix des denrées alimentaires ont augmenté dans le monde entier depuis l'effondrement de l'accord, aggravant ainsi les crises agricole, énergétique et financière qui affectent déjà les personnes les plus vulnérables du monde.

« Nous avons maintenant assisté à un nouveau coup porté à la sécurité alimentaire mondiale, alors que la Russie, pour le quatrième jour consécutif, a frappé les ports ukrainiens de la mer Noire à Odessa, Chornomorsk et Mykolaïv avec des missiles et des drones, détruisant des infrastructures portuaires critiques, des installations et des approvisionnements en céréales », a-t-elle dit.

Une opération de nettoyage est en cours à la suite d'une attaque contre le centre-ville de Mykolaïv, en Ukraine, le 20 juillet.
© UNOCHA/Volodymyr Tsololo
Une opération de nettoyage est en cours à la suite d'une attaque contre le centre-ville de Mykolaïv, en Ukraine, le 20 juillet.

Victimes civiles

Les raids aériens ont fait des victimes civiles, a-t-elle ajouté. Une personne aurait été tuée à Odessa jeudi et au moins huit blessées, tandis que deux personnes auraient été tuées et 19 blessées à Mykolaïv.

« Nous condamnons fermement ces attaques et exhortons la Russie à les arrêter immédiatement », a déclaré Mme DiCarlo, notant que de tels incidents pourraient constituer une violation du droit international humanitaire.

« La nouvelle vague d'attaques contre les ports ukrainiens risque d'avoir des impacts considérables sur la sécurité alimentaire mondiale, en particulier dans les pays en développement », a-t-elle souligné.

Mme DiCarlo s'est également dit préoccupée par les informations faisant état de mines marines posées dans les eaux de la mer Noire, ce qui mettrait en danger les navires civils. Elle a exhorté à éviter toute nouvelle rhétorique ou action qui pourrait détériorer une situation déjà dangereuse.

« Tout risque de débordement d'un conflit à la suite d'un incident militaire en mer Noire - qu'il soit intentionnel ou accidentel - doit être évité à tout prix, car cela pourrait avoir des conséquences potentiellement catastrophiques pour nous tous », a-t-elle dit.

Mme DiCarlo a souligné l'engagement de l'ONU à faire en sorte que les aliments et les engrais d'Ukraine et de Russie puissent continuer à atteindre les marchés mondiaux.

Ce message a été repris par le chef de l’humanitaire de l'ONU, Martin Griffiths, qui a rappelé que 362 millions de personnes dans 69 pays dépendent de l'aide pour survivre. Le retrait de la Russie de l'Initiative de la mer Noire est « immensément décevant » et les frappes sur les installations portuaires alarmantes, a-t-il déclaré.

Martin Griffiths, le chef de l'humanitaire de l'ONU, devant le Conseil de sécurité.
UN Photo/Manuel Elias
Martin Griffiths, le chef de l'humanitaire de l'ONU, devant le Conseil de sécurité.

Inquiétude pour les agriculteurs ukrainiens

« Les agriculteurs, comme nous pouvons l'imaginer, regardent cet assaut nocturne avec une grande anxiété alors qu'ils récoltent maintenant ce qui a été cultivé à l'ombre de la guerre », a ajouté M. Griffiths.

Il a indiqué que les prix mondiaux des céréales ont grimpé en flèche cette semaine, citant des informations du Programme alimentaire mondial (PAM). Mercredi, les prix à terme du blé et du maïs ont augmenté de près de 9% et 8%, respectivement, et la hausse des prix sera surtout ressentie par les familles des pays en développement déjà à risque.

Il a en outre averti que la « rhétorique de l'escalade » menace également de saper davantage la sécurité du transport des aliments à travers la mer Noire. Sans accès aux ports ou aux marchés mondiaux, les agriculteurs n'ont d'autre choix que d'arrêter l'agriculture.

« En plus des effets mondiaux, cela aurait un impact immédiat sur les prix alimentaires intérieurs et sur la stabilité économique de l'Ukraine. Cela affecterait à son tour la sécurité alimentaire en Ukraine et dans la région », a-t-il ajouté.