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Des équipes d'inspecteurs travaillaient dans le cadre de l'Initiative de la mer Noire.

L’ONU regrette la décision de la Russie de mettre fin à l’Initiative de la mer Noire

© UNODC/Duncan Moore
Des équipes d'inspecteurs travaillaient dans le cadre de l'Initiative de la mer Noire.

L’ONU regrette la décision de la Russie de mettre fin à l’Initiative de la mer Noire

Aide humanitaire

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a déclaré lundi regretter profondément la décision de la Russie de mettre fin à l’Initiative de la mer Noire, un accord qui a permis notamment à l'Ukraine d'exporter ses céréales par voie maritime et ainsi de contribuer à maintenir la stabilité des prix alimentaires mondiaux. 

« Je regrette profondément la décision de la Fédération de Russie de mettre fin à la mise en œuvre de l'Initiative de la mer Noire - notamment le retrait des garanties de sécurité russes pour la navigation dans la partie nord-ouest de la mer Noire », a dit le chef de l’ONU lors d’un point de presse au siège des Nations Unies à New York.

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Une initiative signée il y a un an

L’Initiative de la mer Noire a été signée en juillet 2022 à Istanbul par la Russie, l’Ukraine et la Türkiye, sous l’égide des Nations Unies.

M. Guterres a rappelé que cette initiative a assuré le passage en toute sécurité de plus de 32 millions de tonnes de denrées alimentaires depuis les ports ukrainiens et que le Programme alimentaire mondial (PAM) a expédié plus de 725.000 tonnes pour soutenir les opérations humanitaires – « soulageant la faim dans certaines des régions les plus durement touchées du monde, notamment l'Afghanistan, la Corne de l'Afrique et le Yémen ».

« L'Initiative de la mer Noire - ainsi que le protocole d'accord visant à faciliter les exportations de produits alimentaires et d'engrais russes - ont été une bouée de sauvetage pour la sécurité alimentaire mondiale et une lueur d'espoir dans un monde troublé », a affirmé M. Guterres.

Selon lui, à une époque où la production et la disponibilité des denrées alimentaires sont perturbées par les conflits, le changement climatique, les prix de l'énergie, ces accords ont contribué à réduire les prix des denrées alimentaires de plus de 23% depuis mars de l'année dernière.

« Au final, la participation à ces accords est un choix. Mais les personnes en difficulté partout dans le monde et les pays en développement n'ont pas le choix. Des centaines de millions de personnes souffrent de la faim et les consommateurs sont confrontés à une crise mondiale du coût de la vie. Ils en paieront le prix », a déploré le Secrétaire général, notant qu’on assistait déjà lundi matin à une flambée des prix du blé.

Il s’est dit conscient de certains obstacles qui subsistaient dans les exportations des produits alimentaires et des engrais russes et que c'est précisément la raison pour laquelle il a envoyé une lettre au Président russe Vladimir Poutine avec une nouvelle proposition visant à maintenir en vie l'Initiative de la mer Noire.

Dans cette lettre, qu’il a citée, il notait que depuis la signature du protocole d'accord, le commerce des céréales russes avait atteint des volumes d'exportation élevés et que les marchés des engrais se stabilisaient. Il détaillait aussi les mesures prises par les Nations Unies pour faciliter les échanges dans un contexte de sanctions américaines et européennes visant la Russie.

Des inspecteurs de l'ONU participant aux opérations gérées par le Centre de coordination conjoint de l'Initiative de la mer Noire.
Nations Unies
Des inspecteurs de l'ONU participant aux opérations gérées par le Centre de coordination conjoint de l'Initiative de la mer Noire.

Des propositions restées lettre morte

Le Secrétaire général s’est dit « profondément déçu » que ses propositions soient restées lettre morte.

Des centaines de millions de personnes souffrent de la faim... Elles en paieront le prix

« La décision d'aujourd'hui de la Fédération de Russie portera un coup dur aux personnes dans le besoin partout dans le monde. Mais cela n'arrêtera pas nos efforts pour faciliter l'accès sans entrave aux marchés mondiaux des produits alimentaires et des engrais en provenance d'Ukraine et de la Fédération de Russie », a-t-il prévenu, tenant particulièrement à reconnaître les efforts du gouvernement de Türkiye à cet égard.

« À l'avenir, notre objectif doit continuer à faire progresser la sécurité alimentaire mondiale et la stabilité des prix alimentaires mondiaux. Cela restera au centre de mes efforts, compte tenu de l'augmentation de la souffrance humaine qui résultera inévitablement de la décision d'aujourd'hui », a-t-il conclu. « Nous resterons déterminés à trouver des voies de solutions. Il y a tout simplement trop d'enjeux dans un monde affamé et souffrant ».

Regret du Président de l'Assemblée générale

Le Président de l'Assemblée générale des Nations Unies, Csaba Kőrösi, a également déclaré, dans un communiqué de sa porte-parole, regretter profondément la décision de la Russie, rappelant que l'Initiative de la mer Noire avait fourni « une bouée de sauvetage à des millions de personnes durement touchées par la crise mondiale de la sécurité alimentaire déclenchée par la guerre en Ukraine ».

Il a salué les « efforts inlassables » du Secrétaire général ainsi que le travail « exemplaire » du Centre conjoint de coordination et de son personnel. Il a également souligné les efforts du gouvernement de Türkiye.

« Comme c'est souvent le cas, les personnes les plus vulnérables souffrent lorsque l'approvisionnement alimentaire se fait rare et que les prix augmentent, comme nous le constatons déjà aujourd'hui », a estimé le Président de l'Assemblée générale.

Il a réitéré son appel aux parties à reprendre le dialogue. « Les défis sont complexes, ils sont interconnectés, mais ils ne sont pas insurmontables. Ce n'est pas trop tard ».