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Les femmes et les filles sont les principales victimes de la crise de l'eau et de l'assainissement

Des élèves se lavent les mains dans un point de lavage des mains nouvellement construit dans une école primaire du district de Pemba, en Zambie.
© UNICEF/Karin Schermbrucke
Des élèves se lavent les mains dans un point de lavage des mains nouvellement construit dans une école primaire du district de Pemba, en Zambie.

Les femmes et les filles sont les principales victimes de la crise de l'eau et de l'assainissement

Femmes

À l'échelle mondiale, les femmes sont plus susceptibles d'être chargées d'aller chercher de l'eau pour les ménages, tandis que les filles sont près de deux fois plus susceptibles que les garçons d'assumer cette responsabilité et de passer plus de temps à le faire chaque jour, selon un nouveau rapport publié jeudi par l'UNICEF et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Le rapport, intitulé Progrès en matière d'eau potable, d'assainissement et d'hygiène des ménages (WASH) 2000-2022 : un accent particulier sur le genre, fournit la première analyse approfondie des inégalités entre les sexes en matière d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène. Il note également que les femmes et les filles sont plus susceptibles de ne pas se sentir en sécurité lorsqu'elles utilisent des toilettes à l'extérieur de la maison et ressentent de manière disproportionnée l'impact du manque d'hygiène.

« Chaque pas qu'une fille fait pour aller chercher de l'eau est un pas loin de l'apprentissage, du jeu et de la sécurité », a déclaré Cecilia Sharp, Directrice de WASH et CEED à l'UNICEF. « L'eau, les toilettes et le lavage des mains insalubres à la maison privent les filles de leur potentiel, compromettent leur bien-être et perpétuent les cycles de la pauvreté. Répondre aux besoins des filles dans la conception et la mise en œuvre des programmes d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène est essentiel pour atteindre l'accès universel à l'eau et l'assainissement et la réalisation de l'égalité des sexes et de l'autonomisation ».

Au Yémen, Yaqoot Saleh, une volontaire de la Fondation Taybah, aide une enfant d'un camp, dans le gouvernorat d'Hodeïda, à se laver correctement les mains avec du savon fourni par l'UNICEF et ses partenaires.
© UNICEF/SalehHayyan
Au Yémen, Yaqoot Saleh, une volontaire de la Fondation Taybah, aide une enfant d'un camp, dans le gouvernorat d'Hodeïda, à se laver correctement les mains avec du savon fourni par l'UNICEF et ses partenaires.

Vie privée, dignité et sécurité

Selon le rapport, dans le monde, 1,8 milliard de personnes vivent dans des ménages sans approvisionnement en eau sur place. Les femmes et les filles âgées de 15 ans et plus sont principalement responsables de la collecte de l'eau dans 7 de ces ménages sur 10, contre 3 ménages sur 10 pour leurs homologues masculins.

Les filles de moins de 15 ans (7%) sont également plus susceptibles que les garçons de moins de 15 ans (4%) d'aller chercher de l'eau. Dans la plupart des cas, les femmes et les filles font de plus longs trajets pour la récupérer, perdant du temps dans l'éducation, le travail et les loisirs, et s'exposent à des risques de blessures physiques et de dangers en cours de route.

Le rapport montre également que plus d'un demi-milliard de personnes partagent encore des installations sanitaires avec d'autres ménages, compromettant la vie privée, la dignité et la sécurité des femmes et des filles. Par exemple, des enquêtes récentes menées dans 22 pays montrent que parmi les ménages disposant de toilettes partagées, les femmes et les filles sont plus susceptibles que les hommes et les garçons de ne pas se sentir en sécurité lorsqu'elles marchent seules la nuit et d'être confrontées au harcèlement sexuel et à d'autres risques pour leur sécurité.

En outre, des services d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène inadéquats augmentent les risques pour la santé des femmes et des filles et limitent leur capacité à gérer leurs règles en toute sécurité et en privé. Parmi les 51 pays pour lesquels des données sont disponibles, les femmes et les adolescentes des ménages les plus pauvres et les personnes handicapées sont les plus susceptibles de ne pas avoir d'endroit privé pour se laver et se changer.

« Les dernières données de l'OMS montrent une dure réalité : 1,4 million de vies sont perdues chaque année en raison d'un manque d'eau, d'assainissement et d'hygiène », a déclaré le Dr Maria Neira, Directrice du département Environnement, changement climatique et santé de l'OMS. « Les femmes et les filles sont non seulement confrontées à des maladies infectieuses liées à WASH, comme la diarrhée et les infections respiratoires aiguës, mais elles sont également confrontées à des risques sanitaires supplémentaires car elles sont vulnérables au harcèlement, à la violence et aux blessures lorsqu'elles doivent sortir de chez elles pour aller chercher de l'eau ou simplement pour utiliser les toilettes ».

Des latrines à l'école primaire de Lubile dans la province du Tanganyika en République démocratique du Congo, qui ont été construites par l'UNICEF.
© UNICEF/Josue Mulala
Des latrines à l'école primaire de Lubile dans la province du Tanganyika en République démocratique du Congo, qui ont été construites par l'UNICEF.

Des chances plus limitées

Les résultats montrent ensuite que le manque d'accès à l'hygiène affecte également de manière disproportionnée les femmes et les filles. Dans de nombreux pays, les femmes et les filles sont principalement responsables des tâches domestiques et des soins aux autres - y compris le nettoyage, la préparation de la nourriture et les soins aux malades - ce qui les expose probablement à des maladies et à d'autres risques pour leur santé sans la protection du lavage des mains. Le temps supplémentaire consacré aux tâches ménagères peut également limiter les chances des filles de terminer leurs études secondaires et de trouver un emploi.

Aujourd'hui, environ 2,2 milliards de personnes - soit 1 sur 4 - n'ont toujours pas d'eau potable gérée en toute sécurité à domicile et 3,4 milliards de personnes - soit 2 sur 5 - ne disposent pas d'installations sanitaires gérées en toute sécurité. Environ 2 milliards de personnes - soit 1 personne sur 4 - ne peuvent pas se laver les mains à l'eau et au savon à la maison.

Le rapport note certains progrès vers la réalisation de l'accès universel à l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène. Entre 2015 et 2022, l'accès des ménages à une eau potable gérée en toute sécurité est passé de 69 à 73% ; l'assainissement géré en toute sécurité est passé de 49 à 57% ; et les services d'hygiène de base sont passés de 67 à 75%.

Mais pour atteindre l'objectif de développement durable d'un accès universel à une eau potable, à un assainissement et à des services d'hygiène de base gérés en toute sécurité d'ici 2030, il faudra multiplier par six les taux de progrès actuels pour une eau potable gérée en toute sécurité, une multiplication par cinq pour un assainissement géré en toute sécurité et une multiplication par trois pour les services d'hygiène de base.

Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour garantir que les progrès en matière d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène contribuent à l'égalité des sexes, y compris des considérations de genre intégrées dans les programmes et politiques d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène et la collecte et l'analyse de données désagrégées, pour éclairer les interventions ciblées qui répondent aux besoins spécifiques des femmes et des filles et d'autres groupes vulnérables.