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Le Camp X-Ray faisait partie du centre de détention de Guantanamo mais n'est plus utilisé.

La fermeture de Guantanamo reste une priorité, déclare une experte de l’ONU

US Army/Kevin Cowan
Le Camp X-Ray faisait partie du centre de détention de Guantanamo mais n'est plus utilisé.

La fermeture de Guantanamo reste une priorité, déclare une experte de l’ONU

Droits de l'homme

Une experte indépendante des Nations Unies a dénoncé le « un traitement cruel, inhumain et dégradant » des personnes détenues à Guantanamo et a estimé que la fermeture de ce centre de détention restait une priorité.

La Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la promotion et la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans la lutte contre le terrorisme, Fionnuala Ní Aoláin, a achevé lundi une visite technique aux États-Unis et dans le centre de détention de la base navale américaine de Guantánamo Bay, à Cuba, marquant la première visite officielle d'un expert de l'ONU sur le site.

La visite comportait trois volets : les droits des victimes des attentats terroristes du 11 septembre 2001, les droits des détenus du centre de détention de Guantanamo et les droits des anciens détenus, a précisé le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme dans un communiqué de presse.

Améliorations des conditions de détention

Lors de la visite du site de Guantánamo, l’experte a reçu toutes les demandes d'accès aux installations de détention et aux détenus, y compris les détenus « de grande valeur » et « de moindre valeur ». Elle a identifié des améliorations significatives des conditions de détention mais a exprimé « de sérieuses inquiétudes quant au maintien en détention de 30 hommes et à l'arbitraire systématique qui imprègne leur quotidien ».

Chaque détenu qu'elle a rencontré vit avec les dégâts causés notamment par la torture et la détention arbitraire.

En dépit de la profondeur, de la gravité et de la nature évidente des atteintes physiques et psychologiques actuelles observées chez de nombreux détenus, l'infrastructure de détention implique une surveillance quasi constante, des extractions forcées de cellules, un recours abusif à la contention et d'autres procédures opérationnelles arbitraires et non conformes aux droits de l'homme découlant d’une formation inadéquate; de déficiences structurelles des soins de santé; d’un accès inadéquat à la famille ; et d’une détention arbitraire caractérisée par des violations persistantes d'un procès équitable. « La totalité de ces pratiques et omissions a des effets cumulatifs et aggravants sur la dignité et les droits fondamentaux des détenus, et équivaut à un traitement cruel, inhumain et dégradant continu », a-t-elle conclu. « La fermeture de l'établissement reste une priorité ».

Rencontres avec d’anciens détenus

La Rapporteure spéciale a également rencontré des détenus rapatriés et réinstallés et leurs familles, ainsi que des fonctionnaires d'autres pays. Elle a identifié de graves lacunes dans la fourniture des moyens essentiels dont les anciens détenus ont besoin pour mener une vie digne, notamment l'identité juridique, les soins de santé, l'éducation, le logement, le regroupement familial et la liberté de mouvement. Elle a conclu que ces manquements contrevenaient aux obligations du droit international des États-Unis.

« La grande majorité des anciens détenus continue de subir des violations continues des droits humains. Une fois transférés, ils ont été laissés à eux-mêmes, vulnérables à la pénurie, à l'exclusion sociale, à la stigmatisation et à l'inférence gouvernementale. Le gouvernement américain ne dispose pas d'un système adéquat pour assurer le bien-être des personnes transférées ou le non-respect par les gouvernements de leurs droits », a-t-elle conclu.

Rencontres avec des victimes et des survivants

Fionnuala Ní Aoláin a aussi rencontré aux Etats-Unis des victimes et des survivants des attentats du 11 septembre 2001 et a souligné que ces rencontres ont souligné les conséquences dévastatrices à long terme du 11-Septembre pour les individus, les familles et les communautés.

« Bien que je salue les vastes mesures législatives, sociales, symboliques et financières prises pour soutenir les victimes et les survivants du 11-Septembre, il reste encore beaucoup à faire pour combler les lacunes importantes dans la réalisation de leurs droits à réparation, y compris des dispositions législatives complètes pour assurer la sécurité à long terme et la fiabilité des indemnisations et des droits médicaux », a-t-elle déclaré.

Elle a défendu les droits des victimes du terrorisme et a constaté que « l'obstacle le plus important à la réalisation des droits des victimes à la justice, à la reddition des comptes et à la transparence était l'utilisation de la torture. La torture était une trahison de leurs droits ».

NOTE :

Les Rapporteurs spéciaux et Experts indépendants font partie de ce que l’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, le plus grand corps d’experts indépendants du système des droits de l’homme des Nations Unies, est le nom général donné aux mécanismes indépendants d’établissement des faits et de suivi du Conseil qui traitent soit de situations spécifiques à des pays, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire; ils ne font pas partie du personnel de l’ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et siègent à titre individuel.