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Des femmes et des enfants attendent sur un site de distribution alimentaire à Adimehamedey dans le Tigré, en Éthiopie.

Ethiopie : le PAM suspend son aide alimentaire au Tigré dénonçant un détournement

© WFP/Claire Nevill
Des femmes et des enfants attendent sur un site de distribution alimentaire à Adimehamedey dans le Tigré, en Éthiopie.

Ethiopie : le PAM suspend son aide alimentaire au Tigré dénonçant un détournement

Aide humanitaire

Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) a indiqué avoir « interrompu la distribution de nourriture au Tigré » et ne reprendra pas ses livraisons avant qu’il « puisse être en mesure d’assurer que cette aide vitale parvienne bien à ces destinataires voulus ».

Dans un communiqué rendu public dans la soirée de mercredi, l’agence onusienne basée à Rome s’est vivement inquiétée par les récentes informations faisant état « d’un détournement important de l’aide alimentaire humanitaire » dans la province éthiopienne du Tigré.

Le PAM dit prendre cette question très au sérieux et ne tolérera aucune interférence dans sa distribution d’aide alimentaire critique aux femmes, aux hommes et aux enfants les plus vulnérables.

Le Programme a immédiatement lancé une enquête approfondie dès qu’il a eu connaissance des rapports de détournement de vivres et a pris des mesures rapides pour établir tous les faits et renforcer encore ses contrôles.

L’agence onusienne travaille en étroite collaboration avec les autorités régionales afin d’identifier les personnes impliquées dans ces activités et de combler les lacunes dans le processus d’identification et d’enregistrement des bénéficiaires.

Plus de 80% de la population du Tigré dépendent de l’aide

Cette pause survient six mois après la signature, le 2 novembre dernier, entre le gouvernement fédéral éthiopien et le Front de libération du peuple du Tigré, d’un « accord de cessation des hostilités » mettant fin à deux ans de guerre brutale et meurtrière.

Selon les rapports des médias, les Etats-Unis ont également annoncé mercredi suspendre « jusqu’à nouvel ordre » leur aide alimentaire à la région du Tigré dans le nord de l’Ethiopie.

« Nous avons pris la difficile décision d’une pause » dans toute l’aide alimentaire fournie par Washington à la région du Tigré, indique dans un communiqué, Samantha Power, l’administratrice de l’Agence américaine pour le développement et l’aide humanitaire (USAID).

Plus largement, le PAM rappelle également avec insistance à ses partenaires de coopération qu’ils doivent surveiller et signaler toute activité illicite et qu’ils doivent appliquer les contrôles convenus. Il se dit « fier de garantir l’utilisation correcte des contributions des donateurs - avec les contrôles et les processus les plus stricts afin de servir au mieux les millions de personnes souffrant de la faim qui dépendent de l’aide du PAM ».

Durant le conflit, le Tigré et ses six millions d’habitants ont été longtemps privés d’assistance. L’aide humanitaire accède désormais à la région, mais reste insuffisante alors que 84 % de sa population en dépend. Le PAM s’est résolument engagé à faire en sorte que l’aide alimentaire vitale parvienne à ceux qui en ont le plus besoin de « manière efficace et efficiente ».

Un garçon reçoit un vaccin contre la rougeole dans un centre de santé de la région de Tigray, en Éthiopie. (archives)
© UNICEF/Hema Balasundaram
Un garçon reçoit un vaccin contre la rougeole dans un centre de santé de la région de Tigray, en Éthiopie. (archives)

Une campagne de vaccination cible plus de 830.000 enfants

Entre temps, une campagne de vaccination intégrée supplémentaire contre la rougeole a été menée dans la région du Tigré avec succès dans 76 des 93 woredas, dont la plupart étaient auparavant inaccessibles, a annoncé jeudi l’agence sanitaire mondiale de l’ONU.

En collaboration avec le Bureau régional éthiopien de la santé, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’UNICEF et d’autres agences et partenaires des Nations Unies ont pu vacciner entre le 27 mars et le 7 avril 2023, plus de 830.000 enfants âgés de 6 à 59 mois.

La campagne d’AVS comprenait une vaccination de routine pour les enfants de moins de deux ans qui n’avaient pas été vaccinés ou qui étaient sous-vaccinés. En outre, elle a fourni de la vitamine A aux enfants âgés de 6 à 59 mois, des vermifuges aux enfants âgés de 24 à 59 mois et un dépistage de la malnutrition aiguë aux enfants de moins de cinq ans et aux mères enceintes ou allaitantes.

Selon l’OMS, cette campagne a contribué de manière significative à réduire le déficit de vaccination dans la région en raison du conflit de deux ans dans le nord de l’Éthiopie, aggravé par des restrictions logistiques.

Viser les zones où la vaccination de routine a été perturbée

« L’objectif principal de l’activité de vaccination supplémentaire était d’atténuer le risque de flambées de rougeole et de prévenir la morbidité et la mortalité liées aux maladies évitables. La campagne était particulièrement cruciale dans les zones où la vaccination de routine et les services essentiels de santé infantile ont été perturbés par les conflits », a déclaré le Dr Abay Hagos, responsable de la vaccination à l’OMS en Éthiopie.

La campagne a également permis de vacciner les mères et les soignants contre la Covid-19.

En outre, une campagne de vaccination collaborative menée par les autorités sanitaires éthiopiennes et les agences onusiennes a permis de vacciner plus de 1,2 million de personnes contre la Covid-19 au cours du premier trimestre de l’année 2023.

En 2022, cette campagne de vaccination contre la Covid-19 menée dans six grandes villes de la région, a permis de vacciner plus de 1,4 million de personnes.