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Syrie : face à la montée de la faim, le chef du PAM appelle à une action urgente

Une famille déplacée du village d'El Teh, vivant dans un camp dans le nord-ouest de la Syrie.
© OCHA/Bilal Al-hammoud
Une famille déplacée du village d'El Teh, vivant dans un camp dans le nord-ouest de la Syrie.

Syrie : face à la montée de la faim, le chef du PAM appelle à une action urgente

Aide humanitaire

Le chef du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, David Beasley, est arrivé en Syrie cette semaine et a appelé le monde à aider la population syrienne à se relever et à se passer de l'aide alimentaire.

Aujourd'hui, après 12 ans de conflit, une économie paralysée par une inflation galopante, une monnaie qui s'est effondrée à un niveau record et des prix des denrées alimentaires en forte hausse, 12 millions de personnes ne savent pas d'où viendra leur prochain repas, précise le PAM dans un communiqué de presse. 

2,9 millions de personnes supplémentaires risquent de sombrer dans la faim, ce qui signifie que 70% de la population syrienne pourrait bientôt être incapable de nourrir sa famille. 

Risque d'une nouvelle vague de migration massive

« Si nous ne réglons pas cette crise humanitaire en Syrie, les choses vont empirer plus que nous ne pouvons l'imaginer », a déclaré M. Beasley depuis Damas. « Une autre vague de migration massive comme celle qui a balayé l'Europe en 2015, est-ce ce que veut la communauté internationale ? Si ce n'est pas le cas, nous devons saisir de toute urgence cette opportunité pour éviter une catastrophe imminente et travailler ensemble pour apporter la paix et la stabilité au peuple syrien ». 

Le Directeur exécutif du PAM s'est rendu dans le sous-district d'Al Nashabiyah à Douma, dans la Ghouta orientale, près de Damas. La Ghouta orientale était connue comme le grenier à blé de Damas, ainsi que pour ses vergers et ses produits de qualité pour l'exportation. La zone a été fortement bombardée entre 2013 et 2018 et ses habitants ont été déplacés. Au cours de cette période, le PAM n'a pu atteindre la zone qu'à travers trois convois interinstitutions. 

Depuis lors, le PAM a commencé à aider les agriculteurs et la communauté en réparant certains des canaux d'irrigation qui ont été détruits pendant le conflit pour les aider à cultiver du blé et d'autres aliments afin qu'ils puissent se nourrir et nourrir leur famille. 

« Le PAM s'emploie à irriguer près de 28.000 hectares de terres à travers le pays, assez pour nourrir 620.000 personnes ici. Cela signifie moins de faim, plus d'opportunités économiques et une économie locale plus forte. L'investissement de 14 millions de dollars permettra d'économiser 50 millions de dollars par an en aide humanitaire et de créer près de 90.000 emplois », a ajouté David Beasley. « Dans un pays où environ 85% des dépenses du PAM sont consacrées à l'aide alimentaire humanitaire, c'est une énorme économie. Mais nous devons intensifier ces investissements pour renforcer la résilience d'autres communautés en situation d'insécurité alimentaire à travers la Syrie ». 

Prix des denrées alimentaires multipliés par près de douze

Le chef du PAM a entendu les témoignages d’agriculteurs qui ont commencé à cultiver des aliments après que le PAM a aidé à restaurer les systèmes d'irrigation. Ils lui ont demandé de l'aide pour obtenir plus d'eau afin de pouvoir relancer les travaux agricoles dans la région et produire de la nourriture pour leurs villages et les zones environnantes. 

Les prix des denrées alimentaires ont été multipliés par près de douze au cours des trois dernières années. La Syrie compte désormais le sixième plus grand nombre de personnes en situation d'insécurité alimentaire au monde, avec 2,5 millions de personnes en situation d'insécurité alimentaire grave, et leur vie est en danger sans aide alimentaire. La malnutrition infantile et maternelle augmente à une vitesse jamais vue auparavant. 

Le PAM fournit une assistance mensuelle à près de sept millions de personnes. Cela comprend les distributions de rations alimentaires, la prévention et le traitement de la malnutrition aiguë, les repas scolaires, les transferts monétaires et le soutien aux moyens de subsistance, à la résilience et aux filets de sécurité sociale. 

La générosité des donateurs a été essentielle pour fournir une aide alimentaire vitale à des millions de personnes dont la vie a été déchirée par plus d'une décennie de conflits et de déplacements, a rappelé l’agence onusienne.