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Palestine : une agence onusienne pour les droits de l’homme privée de visas par Israël depuis plus de deux ans

La ville palestinienne de Gaza.
Ziad Taleb
La ville palestinienne de Gaza.

Palestine : une agence onusienne pour les droits de l’homme privée de visas par Israël depuis plus de deux ans

Droits de l'homme

La Cheffe des droits de l’homme de l’ONU a déploré, mardi, le refus d’Israël d’accorder des visas au personnel des Nations Unies chargé des droits de l’homme dans le territoire palestinien occupé.

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH), le refus de Tel Aviv de délivrer ou de renouveler les visas du personnel des Nations Unies chargé des droits de l’homme dans le territoire palestinien occupé ne les empêchera pas de rendre compte de la situation des droits humains sur le terrain. « Le fait qu’Israël ne traite pas les demandes de visa nécessaires à l’accès de mon personnel est incompatible avec ces normes, et je demande au gouvernement de respecter ses obligations internationales à cet égard », a déclaré Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

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Depuis juin 2020, Israël a cessé d’accorder des visas aux employés internationaux du HCDH dans les territoires palestiniens. « En 2020, les 15 membres du personnel international de mon Bureau en Palestine - qui opère dans le pays depuis 26 ans - n’ont eu d’autre choix que de partir », a regretté Mme Bachelet.

Une pratique déjà utilisée contre des employés internationaux d’ONG internationales

Selon les services de la Haut-Commissaire Bachelet, les demandes ultérieures de visa et de renouvellement de visa sont restées sans réponse pendant deux ans. Pendant cette période, l’ONU a essayé de trouver une solution à cette situation, mais « Israël continue de refuser de s’engager ».

Cette pratique, déjà utilisée contre des employés internationaux d’ONG internationales, est dénoncée comme une politique visant à museler le mouvement de défense des droits de l’homme. Et selon Mme Bachelet, l’exclusion du personnel international du HCDH intervenait dans un contexte où les autorités israéliennes limitent de plus en plus les « yeux et les oreilles sur le terrain » des droits de l’homme.

De plus en plus de membres du personnel et des mécanismes de l’ONU, d’organisations non gouvernementales et autres sont expulsés ou se voient refuser l’entrée sur le territoire. « Le traitement réservé par Israël à notre personnel s’inscrit dans une tendance plus large et inquiétante visant à bloquer l’accès des droits de l’homme au territoire palestinien occupé », a affirmé Mme Bachelet.

Les forces israéliennes ont tué au moins 111 Palestiniens depuis le début de l’année

Pour les Nations Unies, « cela soulève la question de savoir ce que les autorités israéliennes essaient exactement de cacher ». Malgré l’interdiction de son personnel international, le Bureau des droits de l’homme de l’ONU en Palestine continue de s’acquitter de son mandat.

L’année dernière, les forces israéliennes ont tué 320 Palestiniens, soit 10 fois plus qu’en 2020, et blessé 17.042 personnes, soit six fois plus qu’en 2020. L’ONU a enregistré le plus grand nombre d’incidents de violence des colons depuis le début de l’enregistrement en 2017, et les arrestations de Palestiniens ont doublé.

Jusqu’à présent, en 2022, les forces israéliennes ont tué au moins 111 autres Palestiniens. 

Le HCDH continuera à exiger l’accès de notre personnel au territoire palestinien occupé, conformément aux obligations d’Israël en tant qu’État membre des Nations unies. « Nous rendons publiquement compte des violations commises par Israël, mais aussi des violations commises par l’État de Palestine, par le Hamas à Gaza et par les groupes armés palestiniens », a conclu Mme Bachelet.