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Bélarus : plus 37.000 détentions liées à la crise post-électorale de 2020, selon l’ONU

Les manifestations pacifiques au Bélarus ont été violemment réprimées en 2020.
Kseniya Halubovich
Les manifestations pacifiques au Bélarus ont été violemment réprimées en 2020.

Bélarus : plus 37.000 détentions liées à la crise post-électorale de 2020, selon l’ONU

Droits de l'homme

Au moins 37.000 personnes ont été détenues de mai 2020 à mai dernier au Bélarus en lien avec la crise post-électorale ayant suivi la reconduction du Président Alexandre Loukachenko, a indiqué la cheffe des droits de l’homme de l’ONU dans un rapport qui détaille des « violations des droits humains commises en toute impunité ».

Ces personnes ont été placées en détention, dont plusieurs en détention administrative pour une durée pouvant aller jusqu’à 15 jours, selon ce rapport publié mercredi à Genève par le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH). Sur les 37.000 détentions, plus de 13.000 personnes ont été détenues arbitrairement pour la seule période du 9 août 2020, au moment du scrutin, et la semaine qui a suivi.

Selon les indications analysées et près de 150 discussions au total avec des témoins, le rapport ajoute que lors de ces « arrestations aléatoires », les forces de sécurité ont arrêté chaque personne qui était à leur portée. De plus, des individus non identifiés ont réprimé violemment les manifestations, « créant ainsi un climat de peur et d’anarchie ».

Selon les services de la Haute-Commissaire Michelle Bachelet, le recours généralisé à un usage de la force inutile et disproportionné a violé à plusieurs reprises les droits des personnes. La torture et les abus ont été également « largement répandus et systématiques », les individus étant ciblés pour leur opposition réelle ou perçue au gouvernement.

L’examen du HCDH a révélé que les individus étaient ciblés selon un schéma constant d’arrestations, de détention - y compris au secret - de torture ou de mauvais traitements. Il s’agit aussi de viols et de violences sexuelles et sexistes, et de déni systématique des droits à une procédure régulière et à un procès équitable.

Une dissidence étouffée dans une « totale impunité »

Par ailleurs, 969 personnes étaient détenues fin 2021 pour des raisons qui peuvent être considérées comme politiques. Plusieurs personnes ayant été condamnées à des peines de 10 ans ou plus. A la date du 4 mars 2022, ce chiffre était passé à 1.084, notamment en rapport avec la répression des récentes manifestations après le référendum permettant de revenir sur le statut non-nucléaire du Bélarus.

« Les actions étendues et soutenues des autorités visant à écraser la dissidence et à réprimer la société civile, les médias indépendants et les groupes d’opposition, tout en protégeant les auteurs de ces actes, indiquent une situation d’impunité totale au Belarus », a affirmé Michelle Bachelet.

Le rapport conclut également que l’ampleur et les caractéristiques des violations identifiées, leur caractère généralisé et systématique, nécessitent une évaluation plus approfondie des preuves disponibles du point de vue du droit pénal international applicable. C’est particulièrement le cas en ce qui concerne les détentions arbitraires massives du 9 au 14 août 2020.

Face à cette répression, le Haut-Commissariat s’en prend aux autorités pour ne pas avoir honoré leurs obligations d’établir les responsabilités. Pire encore, le gouvernement a mené « une politique active » par des intimidations, notamment contre les avocats. Une « impunité totale », a ajouté Mme Bachelet.

Le rapport demande des enquêtes indépendantes rapidement et la libération de tous les détenus. « L’examen ne met pas seulement en évidence les violations infligées aux personnes qui tentent d’exercer leurs droits humains fondamentaux, mais souligne l’incapacité des victimes à accéder à la justice », a conclu la cheffe des droits de l’homme de l’ONU.