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L'agent de santé Asia El-Sayeed Ali mesure un jeune enfant souffrant de malnutrition aiguë.

Yémen : le PAM contraint de réduire l’aide alimentaire faute de fonds nécessaires

© WFP/Hebah Munassar
L'agent de santé Asia El-Sayeed Ali mesure un jeune enfant souffrant de malnutrition aiguë.

Yémen : le PAM contraint de réduire l’aide alimentaire faute de fonds nécessaires

Paix et sécurité

Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies a prévenu, mercredi, qu’il manquait de fonds nécessaires pour continuer à fournir une aide alimentaire à 13 millions de personnes au Yémen. Contrainte ainsi de réduire l’aide alimentaire, l’Agence onusienne met en garde contre une augmentation de la faim dans ce pays en guerre, ravagé par l’une des pires crises humanitaires au monde.

« A partir de janvier, huit millions de personnes recevront une ration alimentaire réduite, tandis que cinq millions de personnes risquant de sombrer immédiatement dans la famine continueront à recevoir une ration complète », a souligné le PAM

Selon l’Agence onusienne, ces réductions interviennent au pire moment pour les familles yéménites qui dépendent de l’aide alimentaire de l’ONU pour survivre. 

Au cours des trois derniers mois, la consommation alimentaire insuffisante - une mesure de la faim suivie par le PAM - a rapidement augmenté pour toucher la moitié des familles, alors que la dévaluation de la monnaie et l’hyperinflation conduisent l’économie au bord de l’effondrement. C’est dans ce contexte que les prix des denrées alimentaires ont plus que doublé cette année dans la majeure partie du Yémen. 

2,3 millions d’enfants de moins de cinq ans risquent de souffrir de malnutrition

Pendant ce temps, les combats sur plusieurs lignes de front continuent de forcer les familles à fuir. 

« Le peuple yéménite est plus vulnérable que jamais, sous le coup d’un conflit incessant et d’une crise économique de plus en plus grave qui a plongé des millions de personnes dans la misère », a déclaré dans un communiqué Corinne Fleischer, Directrice régionale du PAM pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

L’agence onusienne a estimé que plus de la moitié de la population du Yémen, soit 16,2 millions de personnes, est confrontée à une famine aiguë et la moitié des enfants de moins de cinq ans (2,3 millions) risquent de souffrir de malnutrition. 

« Chaque fois que nous réduisons la quantité de nourriture, nous savons que davantage de personnes déjà affamées et en situation d’insécurité alimentaire viendront grossir les rangs des millions de personnes qui souffrent de la faim », a ajouté Mme Fleischer.

Environ 80% des 30 millions d’habitants du Yémen dépendent de l’aide internationale. 

Avec ces coupes, « les familles recevront à peine la moitié de la ration minimale quotidienne », a indiqué le PAM, craignant des « réductions plus sévères bientôt inévitables », faute de financement. 

« Des personnes pourraient alors être complètement exclues des programmes d’aide alimentaire », a-t-il regretté.

Les situations désespérées appellent des mesures désespérées, selon le PAM

« Le traitement de la malnutrition et l’alimentation scolaire des enfants pourraient également être réduits », a ajouté le PAM. Selon l’Agence onusienne, ses stocks alimentaires au Yémen « sont dangereusement bas, à un moment où les budgets consacrés aux crises humanitaires dans le monde sont réduits à leur plus simple expression ».

 « Nous avons désespérément besoin que les donateurs, qui ont été si généreux par le passé, travaillent avec nous pour éviter cette catastrophe alimentaire imminente », a insisté Mme Fleischer.

Le PAM a ainsi besoin de 813 millions de dollars pour continuer à aider les plus vulnérables au Yémen jusqu’en mai. En 2022, 1,97 milliard de dollars seront nécessaires « pour continuer à fournir une aide alimentaire vitale aux familles au bord de la famine ». 

« Mais les situations désespérées appellent des mesures désespérées et nous devons utiliser au mieux nos ressources limitées et établir des priorités, en nous concentrant sur les personnes qui sont dans l’état le plus critique », a conclu la Directrice régionale du PAM pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.