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Le Secrétaire général António Guterres lors d'une conférence de presse avec le Président libanais, Michel Aoun, à Beyrouth.

À Beyrouth, António Guterres se porte solidaire du peuple libanais et appelle les dirigeants à l'unité

ONU Photo/Eskinder Debebe
Le Secrétaire général António Guterres lors d'une conférence de presse avec le Président libanais, Michel Aoun, à Beyrouth.

À Beyrouth, António Guterres se porte solidaire du peuple libanais et appelle les dirigeants à l'unité

Paix et sécurité

À Beyrouth, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a exhorté dimanche les dirigeants libanais à travailler ensemble pour résoudre les crises actuelles dans le pays, tout en appelant la communauté internationale à renforcer son soutien au Liban.

« Je suis venu porter un message simple au peuple libanais, les Nations Unies se tiennent à votre côté », a déclaré M. Guterres, lors d'une conférence de presse conjointe tenue au Palais présidentiel, après une rencontre avec le Président libanais, Michel Aoun, qu'il a qualifiée de « fructueuse ».

La visite de trois jours du Secrétaire général au Liban a pour but de « discuter des meilleurs moyens d'aider le peuple libanais à surmonter la crise économique et financière actuelle et à promouvoir la paix, la stabilité et le développement durable ».  

Outre la visite du port de Beyrouth et de deux projets à Tripoli, lundi, le Secrétaire général visitera le quartier général de la Mission intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) dans le sud du Liban et la Ligne bleue mardi.

Il doit rencontrer un large éventail de dirigeants politiques, religieux et de la société civile, y compris des femmes et des jeunes.

Une générosité envers les réfugiés rarement constatée

Au cours de la conférence de presse, le Président libanais, Michel Aoun a indiqué que leur rencontre avait porté sur la question de l'exode syrien et « la nécessité de trouver une nouvelle approche à la question des déplacés syriens au Liban », notant que cette crise se poursuit et s'intensifie depuis plus de 10 ans, avec des charges énormes imposées au Liban, surtout dans les circonstances actuelles.

M. Aoun a affirmé qu’il était nécessaire que « la communauté internationale assume ses responsabilités et encourage le retour des déplacés dans leurs villages et leur patrie en toute sécurité ».

Pour sa part, M. Guterres a remercié le Liban de sa générosité envers les réfugiés syriens.

« J’ai été Haut-Commissaire pour les réfugiés pendant 10 ans et j’ai vu très peu de pays ou de peuple être aussi généreux envers les réfugiés syriens », a témoigné le chef de l’ONU devant les journalistes, affirmant que cette générosité venait « au prix d'un lourd tribut sur l'économie libanaise, sur la société libanaise - et à cause du conflit en Syrie - sur la sécurité libanaise ».

M. Guterres a reconnu que « la communauté internationale n'a pas fait assez pour soutenir le Liban, la Jordanie et d'autres pays dans le monde qui ont ouvert leurs frontières, leurs portes et leurs cœurs aux réfugiés, alors que certains (États) qui sont beaucoup plus riches et plus puissants malheureusement ferment leurs propres frontières ».

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Pour M. Guterres, la communauté internationale se doit de soutenir pleinement le Liban afin que le pays puisse surmonter les difficultés auxquelles il est actuellement confronté. 

Les dirigeants politiques n'ont pas le droit de paralyser le Liban

Soulignant que le plan d'intervention d'urgence n'a reçu que 11 % du montant requis, M. Guterres a appelé la communauté internationale à faire preuve de plus de solidarité et « renforcer son soutien au Liban ». 

Il a également exhorté tous les dirigeants et élus politiques du pays à travailler ensemble pour résoudre cette crise.

« Le peuple libanais attend de ses dirigeants politiques qu'ils rétablissent l'économie, qu'ils mettent en place un gouvernement et des institutions publiques efficaces, qu'ils mettent fin à la corruption et qu'ils garantissent les droits de l'homme », a soutenu le chef de l’ONU notant que les propos du Président allait « exactement dans ce sens ».

M. Guterres a affirmé que, compte tenu de la souffrance du peuple libanais, « les dirigeants politiques libanais n'ont pas le droit d'être divisés et de paralyser le pays », précisant que le Président de la République libanaise est « un symbole de cette unité nécessaire ».

Des élections essentielles

Le Secrétaire général a qualifié d’« essentielles » les élections législatives libanaises prévues au printemps 2022, ajoutant que « le peuple libanais doit être pleinement engagé dans le choix de l'avenir du pays ».

« Les femmes et les jeunes doivent avoir toutes les chances de jouer pleinement leur rôle alors que le Liban s'efforce de surmonter ses nombreux défis et de jeter les bases d'un avenir meilleur », a souligné M. Guterres, ajoutant « et les Nations Unies soutiendront le Liban à chaque étape de ce périple ».

Résolution 1701

Concernant la situation avec Israël, le président libanais a réitéré « l'engagement du Liban à mettre en œuvre la résolution 1701 sous tous ses aspects » y compris le maintien de la stabilité à la frontière sud, ainsi que la coopération permanente entre l'armée libanaise et les forces de la FINUL.  

Il a également attiré l'attention sur la poursuite des violations israéliennes terrestres, maritimes et aériennes, dont « l'utilisation de l'espace aérien libanais comme point de départ d’attaques aériennes répétées sur la Syrie ».  

M. Aoun a réitéré l'attachement du Liban à l'exercice de sa souveraineté sur l'ensemble de son territoire, ses pleins droits à l'investissement de ses ressources naturelles, notamment dans les domaines du gaz et du pétrole, ainsi que sa constante disposition à donner suite aux négociations indirectes visant à délimiter les frontières maritimes méridionales.

« L'engagement en faveur de la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701, le maintien de la cessation des hostilités de part et d'autre de la Ligne bleue et la diminution des tensions entre les parties sont cruciaux et il est essentiel d'éviter toute violation », a à son tour signalé le Secrétaire général de l’ONU, saluant les milliers de femmes et d'hommes soldats de la paix qui sont loin de leurs familles et de leurs pays pour servir la paix au Liban. 

Le soutien international continu à l'armée libanaise ainsi qu'aux autres institutions de sécurité de l'État qui sont essentielles pour la stabilité du Liban est « plus nécessaire que jamais », a soutenu M. Guterres encourageant tous les États membres à accroître leur soutien et à assumer pleinement leurs responsabilités. 

« J'exhorte les dirigeants libanais à mériter leur peuple et j'exhorte la communauté internationale à répondre à la générosité du peuple libanais », a conclu le chef de l’ONU.