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Afrique de l’Ouest : quatre pays coopèrent dans la gestion du bassin aquifère sénégalo-mauritanien (CEE/ONU)

Une agricultrice en Gambie affectée par le manque d'eau pour cultiver le riz.
© FAO/Seyllou Diallo
Une agricultrice en Gambie affectée par le manque d'eau pour cultiver le riz.

Afrique de l’Ouest : quatre pays coopèrent dans la gestion du bassin aquifère sénégalo-mauritanien (CEE/ONU)

Climat et environnement

La Gambie, la Guinée-Bissau, la Mauritanie et le Sénégal se sont engagés, ce mercredi à Genève, à renforcer leur coopération sur la gestion des eaux souterraines partagées, « fondement de la stabilité régionale, du développement durable et de l’adaptation au climat ».

Banjul, Bissau, Nouakchott et Dakar entendent ainsi renforcer cette gestion stratégique, intégrée et concertée des ressources en eau du bassin aquifère sénégalo-mauritanien afin de promouvoir la résilience, le développement durable et la stabilité de la région. Les ministres de la Gambie, de la Guinée-Bissau, de la Mauritanie et du Sénégal ont convenu d’établir un cadre juridique et institutionnel pour la coopération sur le Bassin aquifère sénégalo-mauritanien (BASM).

Sous l’égide de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU), cette Déclaration ministérielle sur le Bassin aquifère sénégalo-mauritanien a été signée ce mercredi au Palais des Nations à Genève. 

L’eau, une ressource indispensable pour le développement socio-économique

Les Ministres en charge de l’eau de la Gambie (James Furmos Peter Gomez), de la Guinée Bissau (Orlando Mendes Viegas), de la Mauritanie (Mohamed El Hassen Boukhreiss) et du Sénégal (Serigne Mbaye Thiam) se sont réunis les 28 et 29 septembre 2021 sur les bords du Lac Léman.

« L’eau est une ressource indispensable pour le développement économique, social et environnemental, l’éradication de la pauvreté et de la faim, la santé, la transformation structurelle de nos économies et le développement du capital humain dans notre région », ont-ils fait valoir dans leur déclaration.

Près de 80% de la population dépend de ces eaux provenant d’une réserve souterraine. « Les destins de nos pays sont liés par la ressource en eau qui traverse nos territoires et unit nos populations », ont souligné les quatre ministres dans un communiqué rendu public par la CEE-ONU.

Paulita Cabral utilise certaines zones humides en Guinée-Bissau pour cultiver des légumes
Nations Unies/Alexandre Soares
Paulita Cabral utilise certaines zones humides en Guinée-Bissau pour cultiver des légumes

Une gestion durable pour assurer la stabilité de la région et sa sécurité hydrique

La coopération sur cette ressource en eau vitale est essentielle car l’aquifère subit une pression grandissante du fait de la croissance démographique et de l’agriculture. Pour ces quatre pays, assurer sa gestion durable est donc crucial pour la stabilité de la région et sa sécurité hydrique. La déclaration reconnaît d’ailleurs l’importance de garantir l’accès de tous à l’eau potable et à l’assainissement à la lumière de la pandémie de Covid-19, et souligne son rôle clé pour l’autonomisation des femmes.

C’est la première fois que ces quatre pays ouest-africains se réunissent au niveau ministériel sur cette question clé.  Il s’agit du premier mécanisme de ce type en Afrique de l’Ouest. Un dispositif qui ouvre la voie à une collaboration renforcée sur les ressources en eaux souterraines partagées dans le monde entier.

Mise en place d’un organe permanent pour la gestion de l’aquifère

Le BASM s’étend sur environ 1.300 km avec une superficie de 331.450 km2 et une population estimée à plus de 15 millions d’habitants. La gestion conjointe renforcée de l’aquifère s’appuiera sur la coopération pionnière sur les eaux de surface de la région par le biais de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG) et de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Les deux organisations régionales assureront le secrétariat provisoire du futur organe intergouvernemental du BASM.

Les 4 pays se sont donc engagés à établir un cadre juridique et institutionnel de coopération transfrontière pour la gestion durable des eaux du bassin aquifère Sénégalo-Mauritanien. Et la déclaration signée à Genève appelle à mettre en place un organe permanent pour la gestion de l’aquifère.

La déclaration appelle donc tous les pays à adhérer à la Convention sur l’eau et à la Convention sur les cours d’eau des Nations unies, reconnaissant qu’il s’agit d’«outils fondamentaux pour la promotion d’une gestion durable et non conflictuelle des eaux transfrontalières ».

Le Sénégal et la Guinée Bissau parmi les 5 pays d’Afrique à adhérer à la Convention sur l’eau

Le Sénégal et la Guinée-Bissau font partie des quatre pays africains (en plus du Ghana et du Tchad) qui ont adhéré à la Convention sur l’eau au cours des dernières années. La Gambie et la Mauritanie font partie de plusieurs autres pays qui prennent des mesures en vue de leur adhésion.

La CEE-ONU, par le biais de la Convention sur l’eau, soutient depuis plusieurs années le développement de la coopération technique et politique sur l’aquifère par le biais du Groupe de travail régional pour la coopération transfrontalière sur le Bassin aquifère sénégalo-mauritanien (BASM). Cette entité est composée des quatre Etats, ainsi que de l’OMVG et de l’OMVS.

La signature de cette déclaration est intervenue en marge de la 9e session de la réunion des parties à la convention sur l’eau (29 septembre-1er octobre), qui réunira plus de 100 pays pour faire progresser la coopération dans le domaine des eaux transfrontalières. 

C’est au cours de cette réunion de Genève que le Togo a annoncé son adhésion à la Convention sur l’eau, dont le Secrétariat est assuré par la CEE-ONU. Après la Guinée Bissau (2021), le Ghana (2020), le Sénégal et le Tchad (2018), Lomé est ainsi le cinquième Etat hors de la région paneuropéenne à adhérer à ce Pacte.

Le Togo adhère à la Convention des Nations Unies sur l’eau

Selon la CEE-ONU, plus des deux tiers des ressources en eau du Togo sont partagées, notamment par le bassin de la Volta (partagé avec le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Mali) et le bassin du Mono (partagé avec le Bénin). Compte tenu de cette communauté d’intérêts, le Togo était déjà partie aux Conventions portant statut des fleuves Volta et Mono et relative à la création des Autorités des bassins de la Volta et du Mono.

Pour le Ministre de l’Eau et de l’hydraulique villageoise, Bolidja Tiem, « l’adhésion à la Convention sur l’eau offre au Togo des opportunités tant en termes de renforcement de la gouvernance au niveau national que de la coopération transfrontalière. « L’intérêt croissant des pays, en Afrique et au-delà, pour l’adhésion à la Convention sur l’eau montre à quel point la coopération transfrontalière en matière d’eau est cruciale pour la paix, la sécurité et le développement durable », a affirmé pour sa part Olga Algayerova, Secrétaire exécutive de la CEE-ONU.

L’adhésion du Togo à la Convention sur l’eau, qui entrera en vigueur le quatre-vingt-dixième jour suivant le dépôt de l’outil juridique, reflète l’intérêt croissant pour la Convention depuis son ouverture mondiale en 2016.