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Nous ne laisserons pas une corruption effrénée se répandre, affirme le Président de l'Assemblée générale

L'ONU rappelle que la corruption est criminelle, immorale et la trahison ultime de la confiance du public.
ONU Info/Daniel Dickinson
L'ONU rappelle que la corruption est criminelle, immorale et la trahison ultime de la confiance du public.

Nous ne laisserons pas une corruption effrénée se répandre, affirme le Président de l'Assemblée générale

Droit et prévention du crime

Les effets de la corruption sont « préjudiciables à l'ensemble de la société », a rappelé mercredi le Président de l'Assemblée générale des Nations Unies au premier jour d'une session spéciale convoquée pour galvaniser la volonté politique de lutter contre ce fléau.  

« Nous ne pouvons pas prétendre qu'il n'y avait pas de problèmes avant la pandémie de Covid-19 », a déclaré Volkan Bozkir. « La criminalité financière transnationale et la corruption sont malheureusement monnaie courante dans notre monde interconnecté et interdépendant ». 

M. Bozkir a ajouté que la corruption affecte les processus décisionnels et « reste l'un des défis les plus critiques pour les États, les institutions et les communautés ». 

Un fléau qui porte préjudice à la société 

De l'érosion de la confiance publique à l'affaiblissement de l'État de droit, en passant par la déstabilisation des efforts de consolidation de la paix et l'atteinte aux droits de l'homme, le Président de l'Assemblée générale a souligné les répercussions négatives de la corruption. 

Elle frappe plus durement les personnes pauvres, marginalisées et vulnérables et « entrave les progrès » vers l'égalité des sexes et la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD), a-t-il précisé. 

« Nous ne pouvons pas permettre que la corruption se poursuive. Nous ne le ferons pas », a déclaré M. Bozkir. 

Redoubler d'efforts  

M. Bozkir a insisté sur la nécessité de s'appuyer sur les progrès existants, notamment grâce aux conventions des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et la corruption, aux conférences internationales sur le financement du développement, qui ont abouti au programme d'action d'Addis-Abeba, ainsi qu’au groupe de haut niveau sur la responsabilité financière internationale, la transparence et l'intégrité, pour la réalisation du programme 2030 (groupe FACTI)

La déclaration politique de la session spéciale de l’Assemblée générale sur la lutte contre la corruption s'appuie sur l'architecture existante pour fournir à la communauté internationale « une feuille de route pour l'avenir », a-t-il déclaré.  

« Elle guidera les États membres dans leur travail de lutte contre la corruption et le blanchiment d'argent, ainsi que dans leurs efforts essentiels pour recouvrer les avoirs et prévenir les flux financiers illicites, qui font dérailler les progrès des ODD », a-t-il ajouté. 

Volkan Bozkir, Président de la 75ème session de l'Assemblée générale durant le débat général.
Phhoto : ONU/Eskinder Debebe
Volkan Bozkir, Président de la 75ème session de l'Assemblée générale durant le débat général.

La corruption se nourrit de la crise 

« La corruption se nourrit de la crise », a poursuivi M. Bozkir, notant que les acteurs corrompus ont exploité la pression sans précédent que la pandémie de Covid-19 a fait peser sur les chaînes d'approvisionnement, les infrastructures et les systèmes dans le monde entier.

Alors qu'un effort complexe de déploiement de vaccins est actuellement mené à l'échelle mondiale, il a exhorté les décideurs politiques à « tirer parti de cette session spéciale » pour prendre des mesures concrètes visant à prévenir et à combattre la corruption en comblant les lacunes et en mettant en place des mesures de protection.

« Nous devons tirer les leçons de cette expérience, car la prochaine crise viendra, et nous devrons être prêts à l'affronter quand elle viendra », a déclaré le Président de l'Assemblée générale, invitant les participants à participer jeudi à un événement de haut niveau sur la lutte contre la corruption dans le contexte de la pandémie de Covid-19.

La communauté internationale doit continuer à s'adapter aux défis nouveaux et émergents, a affirmé M. Bozkir en qualifiant la session extraordinaire de « moment clé pour galvaniser une réponse globale et multipartite » avec un rôle important pour les organisations non gouvernementales et la société civile.

« Nous ne nous remettrons pas de cette récession économique mondiale sans un effort concerté pour mettre fin à la corruption », a-t-il estimé. « Chaque État membre, et même chaque individu, a la responsabilité d'être vigilant, de prendre des mesures préventives et de faire respecter l'État de droit, sans exception ». 

Rompre les habitudes

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Dans son discours d'ouverture, la Vice-Secrétaire générale, Amina Mohammed, a déclaré que le statu quo n'était plus acceptable et que les gouvernements devaient s'engager à éradiquer la corruption et à promouvoir l'État de droit dans tous ses aspects.  

Tout en citant un manque de surveillance qui a conduit à des flux financiers illicites, la numéro deux de l'ONU a noté que les gens en ont assez des institutions publiques qui refusent de rendre des comptes et favorisent l'impunité.  

Mme Mohammed a déclaré que la corruption aggrave les injustices et les inégalités. « La corruption a un impact disproportionné sur les femmes en limitant l'accès aux ressources publiques, à l'information et à la prise de décision », a-t-elle souligné, ajoutant qu'elle « facilite le crime organisé et l'exploitation non durable des ressources naturelles... permet les flux financiers illicites et les paradis fiscaux ». 

La Vice-Secrétaire générale a affirmé que cet événement pourrait rétablir un niveau de confiance plus élevé de la part du public, ainsi que contribuer à renforcer le contrat social et maintenir à portée de main les objectifs de la Décennie d'action. 

Réduire la corruption, financer les ODD 

La corruption étouffe les opportunités pour les pauvres et les marginalisés, accroît les inégalités et siphonne les fonds de développement, a déclaré le Président de l'ECOSOC, Munir Akram, tout en notant la recommandation du FACTI en faveur d'un nouveau mécanisme de suivi et de lutte contre les flux financiers illicites, la corruption et les pots-de-vin. 

Soulignant la nécessité d'une action mondiale urgente, il a affirmé que la lutte contre la corruption pourrait générer jusqu'à 1.000 milliards de dollars de recettes fiscales, qui pourraient ensuite être utilisées pour une variété de biens publics liés aux ODD.  

Selon M. Akram, il faut « arrêter l'hémorragie » dans les pays en développement, qualifiant cette situation de criminelle. 

Le G7 salue la déclaration 

Les ministres du groupe des sept pays les plus industrialisés (G7) ont salué la déclaration de la session spéciale de l'Assemblée générale et se sont engagés à atteindre ses objectifs par des mesures visant à prévenir la corruption, à renforcer la transparence, à faire appliquer les lois anticorruption et à priver les individus corrompus de tout refuge, tout en défendant la gouvernance démocratique et les libertés fondamentales. 

« Nous réitérons fermement l'importance d'un leadership fort et unifié dans la lutte contre la corruption » et nous nous engageons à continuer à « faire progresser cet important programme », ont-ils déclaré.