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L’ONU plaide pour un partage plus équitable des gains issus de l'extraction de matières premières

Un mineur au travail sur un site d'extraction de minerais à Mourmansk, en Russie.
OIT/Marcel Crozet
Un mineur au travail sur un site d'extraction de minerais à Mourmansk, en Russie.

L’ONU plaide pour un partage plus équitable des gains issus de l'extraction de matières premières

Développement durable (ODD)

Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a appelé mardi les industries qui extraient des minéraux, des métaux et d'autres matières premières précieuses du sol à saisir l’opportunité du relèvement post-Covid pour soutenir un développement durable et inclusif.

« Notre responsabilité partagée est de garantir que les gains tirés des ressources minérales atteignent tous les secteurs de la société, pas seulement les élites, tout en préservant l'environnement naturel d'aujourd'hui et pour les générations futures », a déclaré le chef de l’ONU lors d’une table ronde.

Les industries extractives font référence aux entreprises qui extraient des matières premières de la terre, y compris le pétrole, le charbon, les métaux précieux et d'autres minéraux, par forage, pompage, extraction en carrière et extraction minière.

Le chef de l’ONU a rappelé que les industries extractives jouent un rôle dominant dans les économies de 81 pays, générant d’importantes recettes en devises, des investissements directs étrangers et des recettes publiques. « Elles ont le potentiel de stimuler la croissance économique et la réduction de la pauvreté », a-t-il souligné.

Alors que les pays riches en minéraux représentent un quart du produit intérieur brut mondial, la moitié de la population mondiale - près de 70% de leur population - vit dans l’extrême pauvreté. Et sur les 72 pays à revenu faible ou intermédiaire du monde, 63 ont accru leur dépendance à l’égard des industries extractives au cours des deux dernières décennies.

M. Guterres a noté que certains considèrent les industries extractives comme une malédiction en raison de leur association avec la corruption, l'exploitation, la dégradation de l'environnement, l'aggravation du changement climatique, la perte de biodiversité, les conflits armés, la violence fondée sur le genre et les violations des droits de l’homme.

La nécessité pour le secteur extractif d'être géré « de manière durable, inclusive et équitable » est commune à toutes les régions, selon le chef de l'ONU. « Cela signifie prendre en compte les besoins et les droits des femmes, des peuples autochtones, des communautés locales et des autres parties prenantes qui sont affectées par l'industrie mais exclues de la conception et des avantages des opérations extractives », a-t-il précisé.

Améliorer la gouvernance, réduire la dépendance

Le Secrétaire général a souligné quatre impératifs qui doivent être mis en œuvre, à commencer par l'amélioration de la gouvernance des ressources extractives, notamment en matière de contrôle indépendant et de lutte contre la corruption, la mauvaise gestion des recettes et les flux financiers illicites.

« Ceci est particulièrement important en ce qui concerne les nouveaux minéraux et métaux dont dépend la révolution technologique », a-t-il déclaré.

Deuxièmement, le chef de l'ONU estime que les pays doivent réduire leurs revenus dépendant de ces industries en diversifiant leurs économies, en adaptant les systèmes fiscaux aux nouveaux besoins et en accélérant les efforts vers une transition juste pour les employés et les communautés dépendant des ressources extractives. « Le secteur devrait soutenir les investissements dans les services publics, les objectifs de développement durable (ODD) et les droits de l'homme », a-t-il déclaré.

Troisièmement, M. Guterres plaide pour plus d'investissements dans un avenir sobre en carbone en alignant tous les financements publics et privés du secteur extractif sur les ODD et l'Accord de Paris sur le climat. Rappelant que les pays représentant 73% des émissions de carbone se sont engagés au milieu du siècle à zéro net émission, il a déclaré que « la décarbonisation de l’économie mondiale est inévitable ».

Le déploiement rapide des technologies d'énergie renouvelable et l'élimination progressive des combustibles fossiles doivent être soutenus en mettant fin à l'utilisation du charbon, en déplaçant les subventions des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables et en promouvant le transfert de technologies, selon le chef de l'ONU.

« J'exhorte les banques multilatérales de développement, les institutions de financement du développement, le Fonds monétaire international (FMI) et d'autres institutions à soutenir ce processus de manière décisive », a-t-il déclaré.

Le Secrétaire général a enfin plaidé pour une plus grande coordination régionale et mondiale pour « gérer les chocs et assurer un processus de transition harmonieux, juste et durable ».